Nouveau coup dur pour le CDP. Son traditionnel allié de poids l’Alliance pour la Démocratie et la Fédération (ADF) adopte une position aux antipodes de ses desiderata. En effet, le parti du pachyderme dit non à une éventuelle révision de l’article via un référendum. Un avis tranché que Gilbert Ouédraogo, son mentor a professé à l’issue du 15e congrès ordinaire tenu les 14, 15 et 16 mars à Ouagadougou.
La mobilisation était de taille. Les militants sont venus de toutes les régions du Burkina. Ils sont aussi massivement venus de la Côte d’Ivoire. D’autres se sont mobilisés depuis le Gabon, la France, l’Espagne et l’Italie pour prendre part au congrès. « L’ADF-RDA face aux défis de la transition politique et du renforcement de la démocratie au Burkina Faso ».
C’est sous ce thème que les congressistes ont mené la réflexion afin d’apporter leur contribution « au renforcement » du jeu démocratique dans notre pays. A l’issue donc des réflexions, une position tranchée sur une question qui divise sérieusement les Burkinabè en deux camps quasi inconciliables est adoptée. « Un référendum est inopportun car pourrait diviser les Burkinabè » et « nous nous opposons aussi à la révision de l’article 37 » ; c’est le point clé de ce conclave qu’à décliné Gilbert Ouédraogo lors du discours de clôture. Une posture tranchée qui sonne comme une claque pour le parti au pouvoir qui vient encore d’être isolé dans ses intentions de sauter le verrou de la limitation du mandat présidentiel dans l’unique dessein de la nième candidature du président Compaoré pour les élections de 2015. Mieux le parti de l’éléphant tout en renouvelant son équipe dirigeante avec sans suspens la réélection de Gilbert à la tête s’est mis dans position d’une formation désormais décidée à assurer la gestion de l’Etat. Le partage des postes pouvait être assimilé à la création d’un véritable gouvernement. C’est dire qu’en plus de se désolidariser avec l’ami CDP, l’ADF va lui livrer une bataille sans concession dans la conquête du pouvoir en 2015. Dans les propos introductifs, on a oui entendre qu’à l’occasion du congrès, les participants ont eu à définir et actualiser le projet de société du parti. Toutefois, les orateurs qui se sont succédé au parloir pour présenter les résultats des réflexions des 72 heures ont totalement fait abstraction du projet actualisé. C’est dommage qu’un tel point aussi crucial en principe dans les objectifs de tous partis politiques soit littéralement ignoré par la quasi-totalité des formations politiques de notre pays. Outre, pour une alternance paisible, l’ADF recommande qu’il faille « imposer le respect des dispositions de la CEDEAO de 2001 sur la bonne gouvernance et la démocratie et de la charte de l’Union africaine de 2007 sur la bonne gouvernance, la démocratie et les élections" Généraliser par l’adoption de disposition constitutionnelle intangible, la limitation du nombre et de la durée du mandat. Interdire toute modification des lois électorales de nature à remettre en cause les acquis démocratiques un an avant la tenue des élections. Dans la résolution les participants ont invité à une transmission non violente du pouvoir. Remarquons que des responsables de partis politiques de la Côte d’Ivoire, du Mali, de la Guinée, de la République Démocratique du Congo, du Niger, du Sénégal et du Burkina ont répondu à l’invitation des organisateurs du congrès.