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Le Pays N° 5595 du 15/4/2014

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Droit dans les yeux : mesures sociales les non-dits des tournées gouvernementales
Publié le mercredi 16 avril 2014   |  Le Pays


Discours
© Assemblée Nationale par Paulin Piga N`Do
Discours sur la situation de la nation : Luc Adolphe Tiao pour la 4e fois devant les députés
Jeudi 3 avril 2014. Ouagadougou. Assemblée nationale. Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao a prononcé le discours sur la situation de la nation en 2013 devant les députés


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Le gouvernement a pris en 2013 et début 2014, une batterie de mesures sociales qui touchent pratiquement toutes les composantes de la société burkinabè. En effet, du fonctionnaire au chômeur en passant par la ménagère, chacun pourrait trouver son compte, du moins partiellement, dans cette légendaire magnanimité gouvernementale.
Dans un contexte de vie chère qui a durement éprouvé les consommateurs, personne en principe ne peut cracher sur une telle aubaine. Le moins que l’on puisse dire c’est que le gouvernement donne l’impression d’avoir enfin entendu le cri de détresse des populations en volant à leur secours par des mesures qui peuvent contribuer à les soulager.

Le gouvernement semble avoir choisi le moment qui lui paraît opportun

De ce point de vue, l’on pourrait simplement tirer notre chapeau au gouvernement. Dans le même temps, l’on est en droit de s’interroger sur les non-dits de la campagne de communication que le gouvernement a entreprise pour expliquer le bien-fondé de ces mesures à travers tout le pays.
Aujourd’hui, le bien-fondé de ces mesures n’a pas besoin d’être expliqué car tout le monde sait qu’elles interviennent suite à une demande sociale pressante. En effet, les préoccupations des populations auxquelles le gouvernement apporte des réponses aujourd’hui sont connues depuis fort longtemps. Seulement, le gouvernement semble avoir choisi le moment qui lui paraît opportun pour réagir.
Et comme si cela ne suffisait pas, il s’est vu dans l’obligation de prendre son bâton de pèlerin pour aller expliquer l’évidence aux populations. Le gouvernement avait-il besoin de déployer tant d’énergie pour aller devant les populations pour leur expliquer ce qu’elles connaissaient déjà ? Assurément, non. D’ailleurs, c’est la première fois que l’on voit un gouvernement dans ce pays déployer tant d’efforts en termes de communication. Il aurait dû prendre l’initiative de rencontrer bien avant les mêmes populations pour faire son autocritique sur les ratés de sa gouvernance. Les populations auxquelles le gouvernement tente de faire les yeux doux veulent certainement savoir beaucoup de choses sur les détournements de deniers publics restés impunis. Elles veulent aussi savoir pourquoi certains entrepreneurs indélicats, qui ont bâclé la construction de leurs dispensaires et écoles, se la coulent douce à Ouagadougou. Comme il n’est jamais tard pour bien faire, l’on peut espérer que ces préoccupations des populations feront également l’objet d’une communication un jour. En réalité, personne n’est dupe. Derrière la volonté du gouvernement de communiquer sur le bien-fondé des mesures sociales, se cachent des non-dits.

La principale motivation des mesures sociales, c’est de baliser le terrain pour le référendum

L’on peut supposer que Blaise Compaoré, dans sa volonté de modifier l’article 37 de la Constitution, redoute une alliance du monde des travailleurs et de celui des sans-culottes avec le monde politique. Instruit en cela certainement par le 3 janvier 1966 qui a vu l’opposition politique de l’époque surfer sur la grogne sociale pour avoir la peau du régime de Maurice Yaméogo, Blaise Compaoré sait donc qu’il est plus facile pour lui aujourd’hui de jeter des miettes aux populations et d’obtenir ainsi leur sympathie que de faire fléchir l’opposition politique sur la question de l’article 37. En réalité, les moyens, le gouvernement les avait pour soulager les populations. Il a seulement attendu le moment voulu pour apporter une réponse aux multiples préoccupations des populations, si bien que l’on pourrait dire que la principale motivation des mesures sociales et surtout l’enjeu de la communication tous azimuts dont elles sont l’objet aujourd’hui de la part du gouvernement, c’est de baliser le terrain pour le référendum. Les choses deviennent de plus en plus claires. Blaise Compaoré a tout prévu pour réussir son référendum. Tous les détails ont été étudiés.
Les tournées présidentielles annoncées dans les 13 chefs-lieux de régions participent de la volonté du pouvoir de se mettre en ordre de bataille avant l’heure pour gagner le référendum dont la tenue est aujourd’hui une quasi-certitude. L’opposition peut déjà prendre la mesure réelle de l’adversité à laquelle elle aura à faire face. Tout sera mis à contribution pour l’écraser. Et personne ne doit s’en étonner outre mesure. En effet, les républiques bananières fonctionnent ainsi. Elles se servent de la démocratie pour combattre la démocratie. C’est pourquoi il est difficile de vaincre une république bananière par des élections ; le prince va se donner les moyens de les gagner.
En attendant, le principal enseignement que l’on pourrait tirer de ces mesures sociales et de la vaste campagne communicationnelle du gouvernement pour expliquer leur bien-fondé est le suivant : lorsque l’on tient un peuple par le ventre, l’on peut le manipuler comme on veut, quand on veut et tout le temps qu’on veut.

Sidzabda

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