Pour réclamer des parcelles, des habitants de Yagma, village périphérique de Ouagadougou, avaient manifesté violemment le 8 novembre dernier, barrant la route de Ouahigouya. Pour ramener l’ordre, des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) avaient dû faire une descente musclée sur les lieux occasionnant plusieurs blessés civils et policiers dont deux ont même été transférés au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO). A l’origine de ces mouvements, le nom du dignitaire coutumier de la localité, Naba Sigri de Yagma, revient le plus souvent pour « avoir reçu des parcelles au nom de la population qu’il n’aurait pas transmis aux destinataires. »
« Faux ! », rétorque Naba Sigri. « En me remettant les parcelles, les responsables de la SOCOGIB m’ont dit qu’elles m’étaient destinées. Qu’ils me les donnaient parce que je suis le chef de Yagma », explique-t-il. Contrairement à certaines personnes qui ont véhiculé le chiffre de 100 parcelles, Naba Sigri reconnait avoir reçu 60 parcelles. « Les 60-là ne suffisent même pas pour les membres de ma famille qui en avaient fait la demande à plus forte raison tout le village. Même les vieux de Yagma n’ont pas encore reçu leurs parcelles », précise-t-il.
Assis sous un arbre et entouré de certains de ses fidèles, le visage ferme, le regard évasif, Naba Sigri se remémore ce triste jour du 8 novembre dernier. « Depuis que je suis né, je n’ai jamais vu cela à Yagma. La population qui se soulève contre un chef », regrette Naba Sigri pour qui des gens mal intentionnés ont réussi, à souhait, à monter la population contre lui.
Issouf Simporé, l’un des vieux fidèles au chef embouche la même trompette. « C’est un piège qu’ils ont tendu au chef sinon je ne peux pas comprendre qu’on lui donne 60 parcelles et qu’on aille dire à la population qu’on a remis des parcelles au chef pour tout le monde », s’offusque-t-il.
Si l’accalmie semble être revenue à Yagma, le chef et sa suite craignent toujours pour leur sécurité. « Depuis un certain temps, nos vies sont entre les mains de Dieu. Figurez-vous que les manifestants étaient venus avec le projet d’égorger le chef, lyncher sa famille et incendier sa cour », raconte Issouf Simporé. Afin d’éviter à Naba Sigri la vindicte des manifestants, les jeunes de Yagma ont dû organiser, à la hâte, sa fuite. « C’est lorsque nous avons appris que les manifestants avaient quitté l’ancien poste de péage et qu’ils venaient chez le chef que nous lui avons demandé de se cacher et de nous laisser nous occuper de la situation », explique Edouard Simporé, l’un des jeunes qui ont assuré la sécurité du palais royal.
Soutenant avoir été déçu par l’attitude de la population, Naba Sigri affirme se désengager de toute lutte pour que tous aient, chacun, une parcelle. « Si vous pensez bien faire et des gens estiment que vous faites mal, mieux vaut pour vous d’abandonner. Ce qui est sûr je ne rentre plus dans ces histoires de parcelles », a-t-il indiqué.