Les leaders des associations de producteurs agricoles du Burkina ont eu, le 11 novembre 2012 à Ouagadougou, une rencontre d’échange sur l’implication des agriculteurs dans les programmes et politiques publiques. Cette séance visait, pour les participants, à se donner les informations nécessaires en vue d’adopter ensemble une stratégie en vue de soutenir les agriculteurs candidats aux prochaines élections couplées. Une démarche qui entre en droite ligne de la recherche d’une plus grande implication des paysans dans les prises de décisions concernant leurs conditions de travail.
Le décor de la rencontre d’échange entre leaders des associations de producteurs burkinabè sur l’implication des agriculteurs dans les programmes et politiques publiques a été planté par les deux premiers responsables présents à la réunion. Pour le président de la Confédération paysanne du Faso (CPF), Bassiaka Dao, il s’agissait, au cours de ces échanges du 11 novembre 2012, d’approfondir les réflexions sur comment amener les paysans à mieux participer aux prises de décisions. Il faut s’y investir, y a-t-il répondu, « car, on ne peut pas être adorateur d’un masque sans être dans le masque ». Le président de la CPF estime que les paysans ne sont pas des « citoyens de seconde zone », mais plutôt des citoyens à part entière, qui évoluent dans un Etat de droit et donc qui doivent jouir de tous leurs droits. Pas seulement ceux d’électeurs, mais aussi ceux de personnes éligibles. « Nous ne devons pas laisser d’autres personnes décider, sans nous, des politiques concernant notre domaine d’activité à notre place », a-t-il résumé. La rencontre entre responsables de structures faitières qui s’est tenue à Ouagadougou devra donc contribuer à faire changer les choses dans le sens d’une meilleure représentativité des paysans dans les structures de décision. Et les élections couplées législatives/municipales de décembre prochain sont l’opportunité la plus proche dans le temps.
Faire des agriculteurs, des conseillers, des maires ou des députés
A en croire Bassiaka Dao, les producteurs sont parfois les derniers à avoir certaines informations et à être associés à certaines prises de décision, nonobstant l’important nombre qu’ils représentent et l’éminent rôle qu’ils jouent dans le développement du pays. « Nous avons le droit de prétendre aux postes électifs pour voter des textes pour améliorer nos conditions de travail. Nous seront plus sûrs si nos représentants sont dans les structures de décisions », a conclu ce dernier. Selon Karim Traoré, président de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB), il était donc important, dans la perspective des élections à venir, de donner plus d’informations aux producteurs sur la volonté de leurs camarades candidats d’assurer ces responsabilités. Il s’agissait donc, pour lui, de voir comment épauler ces derniers en mettant à contribution les 80% de paysans que compte le pays. « Nous sommes une force importante qui compte et nous devons le démontrer lors de ce scrutin », a-t-il insisté. Trois agriculteurs ont vu leurs candidatures acceptées dans le cadre des élections législatives de 2012, dont une sur la liste nationale, en l’occurrence celle de Karim Traoré. D’autres producteurs sont positionnés sur des listes concernant les municipales, et une stratégie de soutien devrait naître de cette rencontre en vue de faire de ces agriculteurs, des conseillers, des maires ou des députés.