Le fait est narcissisme pour ne pas être souligné : le seul Noir qui officiait au MUJAO, comme chef d’une katiba à Gao, a plié armes et bagages pour rejoindre son pays, le Niger. Généralement les djiadistes du septentrion malien recrutent à tour de bras beaucoup de jeunes rejoignant leurs rangs par dépit ou par contrainte.
Voilà que, le 9 novembre 2012, Bilal Hicham, seul nègre au milieu de ces peaux blanches, décide de rejoindre le bercail, non sans avoir décliné les motivations de cette désertion.
D’abord, après quelque temps passés au milieu du MUJAO, Bilal Hicham s’était rendu à l’évidence : il ne pourra jamais endosser les oripeaux d’un djiadiste pour la vie. Mais il y a une autre justification à son départ, la principale.
A la vérité, une seule raison a pesé dans la fuite de cet élément de la brigade combattante : «ils n’ont rien de musulmans, ils tuent, violent et volent». C’est de cette façon lapidaire que se résument ces phalangistes qui enserrent le Nord-Mali, selon Bilal Hicham.
Autrement dit, ce sont des imposteurs, à en croire le déserteur. On est heureux d’entendre quelqu’un sorti de ces officines djiadistes proférer un tel jugement, car il confirme ce que beaucoup savaient déjà au regard des agissements de ces fous de Dieu.
Ces hommes du MUJAO ne sont donc pas ce qu’ils prétendent être, et cela suffit amplement à conforter la position d’une intervention armée.
On imagine d’ailleurs le débriefing dont Bilal Hicham va être l’objet, car ayant été au cœur du MUJAO, il en connaît les moindres arcanes : réseaux, fonctionnement, financement, plan de guerre…
L’ennemi n’est jamais mieux combattu que lorsqu’on le connaît de l’intérieur. Si Bilal Hicham se met donc à table, il peut dévoiler le ventre mou du MUJAO, ce qui pourrait faciliter l’action des forces de la MICEMA, qui disposeraient alors de précieux renseignements avant de prendre pied sur ces dunes de sable.
A titre personnel, le déserteur pourrait être utile à son pays, car on se demande bien ce que faisait un ingénieur-agronome au milieu de ces illuminés.
Dans un Niger souvent frappé par la famine, Bilal Hicham sera sans doute plus utile aux populations qui cultivent la terre qu’aux combattants du MUJAO.
Ça tombe bien, l’un des thèmes-phares du président nigérien, Mahamadou Issoufou, est «les Nigériens nourrissent les Nigériens», les «3 N».
La reconversion de Bilal s’en trouverait alors facilitée, et l’ex-chef katiba de Gao pourrait troquer le sabre contre un tracteur ou une moissonneuse-batteuse.