Le président nigérian, Goodluck Jonathan, a affirmé dimanche à Abuja que l'opinion militaire contre les islamistes armés était nécessaire au Mali pour éviter des "conséquences dommageable" pour l'ensemble de l'Afrique, en ouverture du sommet extraordinaire de responsables des 15 pays de la CEDEAO, de la Mauritanie et de l'Algérie pour approuver un projet à transmettre au Conseil de sécurité de l'ONU via l'UA d'ici fin novembre ; rappelons que, depuis le 12 octobre, la CEDEAO a 45 jours pour soumettre au Conseil de sécurité son plan d'intervention pour approbation.
Ce projet, finalisé vendredi à Abuja par les ministres de la Défense et des Affaires étrangères ouest-africains, prévoit le déploiement d'une force de 5 500 soldats, qui inclurait des ressortissants de pays hors CEDEAO.
Selon le président ivoirien, Alassane Ouattara, président en exercice de la CEDEAO, "nous devons accélérer la résolution de la crise au Mali et au Sahel, la marche vers une solution politique négociée nous permettra de conduire une intervention militaire apaisée et de mieux identifier les cibles et les terroristes à combattre".
Acteur régional clé traditionnellement opposé à toute intervention, l'Algérie y est représentée par son ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. On notera que, jeudi 8 novembre 2012 dans une interview accordée au journal francophone Le Soir, son collègue de l'Intérieur, Dahou Ould Kablia, a dit haut et fort que la situation sécuritaire dans le Nord-Mali ne justifiait pas d'intervention militaire.
L'argument selon lequel le nord du Mali pourrait se transformer en base arrière d'al Quaïda ne tient pas la route, a-t-il estimé ; mercredi 7 novembre à New York, le ministre allemand des Affaires étrangères, lui, jugeait que l'existence d'un refuge pour terroristes dans le nord du Mali menacerait la sécurité mondiale. Si donc la position d'Alger était ambiguë, cette fois, le camps des anti-interventionnistes semble l'avoir emporté.
La Mauritanie, autre voisin du Mali qui refuse de participer à une intervention militaire, y a envoyé son ministre des Affaires étrangères, Hamady Ould Hamady.
"Il faut maintenir la pression au maximum avec une montée en puissance du plan d'intervention militaire. Tout le monde souhaite que l'intervention ne vise que les terroristes, notre option préférée reste le dialogue", a déclaré à l'AFP avant le sommet le représentant de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinit.
Le souci de ne viser que les terroristes n'explique-t-il pas les efforts du médiateur Blaise Compaoré pour convaincre Ansar Dine de se démarquer d'Aqmi et du Mujao ? Quant à la préférence pour le dialogue, voire le seul choix du dialogue prôné jusque-là par Alger, encore faudrait-il que ce soit la laïcité du Mali qui soit non négociable et non l'application de la charia ! Or concernant ces deux points, Ansar Dine a-t-il franchi le Rubicon ?
En réalité, l'Algérie, qui a pourtant livré bataille contre ses propres islamistes du Fis, du GIA, etc., ne veut pas que des puissances étrangères, spécialement l'Europe et les Etats-Unis, mettent leur nez dans sa prétendue arrière-cour. Et puis, n'est-ce pas les autorités algériennes qui ont, les vingt dernières années, parrainé les divers accords de paix entre les rébellions touaregs et Bamako, qui ont abouti, dit un observateur, à l'effacement de l'Etat dans le Nord, et au fil du temps l'évacuation des garnisons militaires a permis l'implantation d'Aqmi et le développement de toutes sortes de trafics ? D'ailleurs, Alger ne dédramatise-t-il pas la situation en ne voyant au Sahel qu'un nombre de terroristes et de narcotrafriquants qui "ne dépasse pas 2000 à 3000" plutôt que de reconnaître son échec, pour ne pas dire ses échecs, et de changer son fusil d'épaule ?