Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Sidwaya N° 7292 du 9/11/2012

Voir la Titrologie

  Sondage


 Autres articles

 Météo


Comment

Société

Brahima Raabo, secrétaire général de l’union des chauffeurs routiers du Burkina : « Ouagadougou-Lomé reste quand même le meilleur dans la sous-région »
Publié le samedi 10 novembre 2012   |  Sidwaya




 Vos outils




Chauffeur depuis 1995, les corridors Abidjan-Ouagadougou, Abidjan-Niger, Bamako-Abidjan, Lomé-Ouagadougou et Accra-Ouagadougou n’ont plus de secrets pour lui. Brahima Raabo, toujours sur les routes, est aujourd’hui secrétaire général de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina. Dans l’entretien, il évoque les tracasseries routières sur les axes routiers de l’espace UEMOA, surtout sur le tronçon Ouagadougou-Lomé. Cet article est le dernier d’une série commandité par le Centre Africa Obota-Burkina Faso (CAO-BF).

Sidwaya (S.) : Quels sont les principaux problèmes que rencontrent les chauffeurs routiers sur les divers corridors de l’espace UEMOA ?

Brahima Raabo (B.R) : Le métier de routier est intéressant, mais il n’est pas facile. Nous n’avons pas de vie de famille, car toujours en déplacement. Il ne faut pas occulter les risques du métier tels que les accidents et les mauvaises conditions de travail. Mais le gros problème que nous avons souvent dénoncé à chaque voyage, reste les tracasseries que nous subissons de la douane, de la police et de la gendarmerie. Nous nous tiraillons à tout moment, mais les chauffeurs se débrouillent toujours pour s’en sortir. Les forces de l’ordre travaillent sur la route et nous aussi nous empruntons la route, on ne peut donc pas s’éviter.

S. : Pouvez-vous décrire les soucis particuliers sur l’axe Ouagadougou-Lomé ?

B.R : En 2000 quand j’ai commencé à emprunter le tronçon, quitter Ouagadougou pour Lomé relevait d’un véritable parcours du combattant. Il y avait trop de tracasseries. On ne s’en sortait pas. Les forces de sécurité nous accusaient de délits sans fondements. Par exemple, que tu as percuté quelqu’un par derrière. La police pouvait t’arrêter pour des choses banales. Ce que les chauffeurs routiers ne subissaient pas au Burkina Faso, ils le vivaient sur cet axe. Pour avoir de l’argent, les forces de sécurité nous rançonnaient même quand l’on avait tous les documents en règles. A l’étranger, on ne demande que la visite technique du véhicule, l’assurance, le permis de conduire. Mais avec tous ces documents, le chauffeur doit payer sinon il ne bougera pas. Lorsque des routiers se retrouvaient en grand nombre à un barrage, ils organisaient la résistance. Il y a des moments où la rébellion durait toute une journée, surtout si un de nos camarades était en train d’être brimé. Tout le monde stationne au bord de la route pour protester jusqu’à ce qu’il soit libéré.

S. : Combien de francs un chauffeur routier pouvait laisser à cette époque sur l’axe Ouagadougou-Lomé ?

B.R : De Zongo (NDLR : la sortie de Lomé d’où partent en général les véhicules d’occasion) jusqu’à Ouagadougou, on pouvait dépenser plus de 120 000 FCFA. Il y avait beaucoup de faux frais : accusation de surcharge, hors gabarit, etc. Mais seulement, de Lomé à la frontière, Cinkansé, les transporteurs pouvaient laisser plus de 90 000 FCFA aux forces de l’ordre togolaises. A chaque barrière, il fallait obligatoirement payer 2000 FCFA. Les faux frais commençaient en fait depuis le port de Lomé.

S. : Y a-t-il des changements de nos jours sur cet axe ?

B.R : Actuellement, l’axe Ouagadougou-Lomé reste quand même le meilleur dans la sous-région. Il n’y a plus de tracasseries au Togo. Lorsque nous quittons le port, nous arrivons à Cinkansé sans difficulté. Au Burkina Faso c’était pareil, mais il y a de nos jours la douane. Entre Bittou et Ouagadougou, il y a jusqu’à six arrêts de douane. Pourtant, nous sommes en transit depuis Bittou jusqu’à Ouagarinter. Mais on doit payer parfois 1 000 FCFA à chaque arrêt. Ce sont des formes de tracasseries douanières. En ce qui concerne la police et la gendarmerie burkinabè, il n’y a rien à signaler. Il ne s’agit que des contrôles à la frontière. Nous sommes toujours en négociation avec les autorités pour que ces tracasseries cessent à la douane.

S. : Les tracasseries en territoire burkinabè que vous évoquez ne sont-elles pas dues au fait que le poste juxtaposé de Cinkansé ne fonctionne toujours pas correctement ?

B.R : Jusqu’à présent, nous effectuons les mêmes procédures en frontière comme quand le poste juxtaposé ne fonctionnait pas. Le poste n’est pas en fait opérationnel et je trouve qu’il nous retarde même présentement. Tout récemment, lors d’une réunion, nous avons encore abordé le sujet. Nous demandons à l’UEMOA de tout mettre en œuvre pour que le poste puisse fonctionner réellement. Le poste de contrôle juxtaposé de Cinkansé constitue actuellement un passage obligatoire. Il y en a qui y arrivent le matin et qui ne bougent que vers 14 h. Or l’UEMOA nous avait dit à l’ouverture que c’était une histoire de quelques minutes. En plus, le parking du poste est mal construit. De nombreux camarades tombent là-bas.

S : Quelle comparaison peut-on faire avec par exemple le corridor ghanéen que vous connaissez bien ?

B.R : L’axe de Lomé est mille fois meilleur que celui du Ghana. D’abord à la frontière, un camion burkinabè qui veut entrer en territoire ghanéen doit prendre un laissez-passer de 30 000 FCFA, juste pour un seul voyage. Et s’il arrive à Accra et qu’il fait trois jours avant de ressortir, son laissez-passer est déjà périmé. Pourtant à Lomé, c’est 2000 FCFA. En plus, la sécurité rackette. Il faut payer avant de passer. La nuit, les contrôles se multiplient. A l’entrée et à la sortie de chaque ville, il y a la police sous-prétexte qu’elle sécurise la route. Or, c’est pour racketter. Ce qui fait que lorsqu’il fait nuit, nous arrêtons de rouler au Ghana, car les coûts des tracasseries triplent.

S. : Quelles sont les missions de votre association ?

B.R : Nous avons mis en place cette union pour défendre les intérêts moraux des chauffeurs routiers. Nous ne cautionnons pas le vol, nous assistons les chauffeurs sur leurs droits. Nous sommes, par exemple, contre un patron qui ne paie pas ses chauffeurs ou qui ne les déclare pas à la caisse. Il faut que les patrons des chauffeurs songent à déclarer leurs agents pour qu’ils aient une retraite paisible. C’est la mission fondamentale actuellement du bureau.

Entretien réalisé par Sié Simplice HIEN

 Commentaires