Comme nous l’avions indiqué dans un précédent éditorial, «la peste rouge frappe à nos portes». Aujourd’hui, le fléau nommé Ebola est manifestement sur le point de franchir le seuil, en tout cas si l’on en croit les statistiques publiées ce mardi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : en Guinée, sur 157 malades, il y a 101 victimes de fièvre hémorragique dont 67 cas d’Ebola avérés ; au Liberia, 21 cas de fièvre hémorragique, dont 10 mortels ; la Sierra Leone est touchée et plus proche de nous, le Mali, où sur les 9 cas suspects détectés, deux tests se sont révélés «non éboliques».
Alors, que dire des 7 autres dont le sort préoccupe la nation malienne entière et les pays voisins comme le Burkina. Même si ici, dans une communication orale faite au cours du Conseil des ministres hier mercredi 9 avril 2014, le chef du département de la Santé, Léné Sebgo, a assuré qu’aucun suspect n’avait, à ce jour, été notifié dans notre pays.
Toutefois, par mesure de précaution, le gouvernement entend renforcer la surveillance et appelle les populations à la vigilence et surtout à signaler tout cas suspect aux services de santé.
Et il y a de quoi être inquiet, car c’est la première fois que ce virus, dont le nom provient d’une rivière proche de la ville de Yambuku en République démocratique du Congo, où il a été identifié pour la première fois en 1976, sévit en Afrique occidentale.
Et pire, il s’agit de la souche Zaïre, la plus mortelle, qui tue entre 60 et 90% des personnes en présentant les symptômes. Pas de traitement ni de vaccin pour cette maladie effrayante qui se traduit par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées. Les chances de survie augmentent pour les malades à condition qu’ils soient hydratés.
On croyait la pandémie circonscrite dans la région de ses origines, c'est-à-dire en République démocratique du Congo, en Ouganda, au Gabon ou au Soudan du Sud. Loin de ses attaches habituelles, elle a parcouru les 2500 km qui nous séparent de sa zone de prédilection pour semer l’inquiétude même dans les rangs pourtant très avertis des experts de l’OMS, qui estiment que «l’épidémie de la fièvre Ebola en Afrique occidentale est parmi celles qui posent le plus de défis depuis l’apparition de la maladie il y a 40 ans».
Partie du sud de la Guinée, l’épidémie a progressé vers le nord de ce pays, touchant la capitale avant de s’étendre à des pays voisins. Quand et surtout où s’arrêtera-t-elle ? C’est la question qui est désormais sur toutes les lèvres.
Mais en attendant d’obtenir une réponse et redoutant une éventuelle contagion des pèlerins à la Mecque, les autorités saoudiennes ont refusé le précieux sésame que représente le visa aux fidèles musulmans en provenance de Guinée et du Liberia désireux d’effectuer le Hadj.
C’est dire que cette fièvre, qui fait actuellement frissonner l’Afrique occidentale, suscite l’inquiétude bien au-delà de nos frontières terrestres et du continent. Reste à espérer que ces mesures de mise en quarantaine ne s’étendront pas à d’autres nationalités.