Ce sont les dirigeants du MPP qui l’ont dit : « Vous verrez, bientôt, ils seront nombreux de tous les horizons à nous rejoindre. S’ils ne le font pas, les postes juteux vont leur passer sous le nez ». Eh bien, c’est le début de la grande ruée vers le meilleur positionnement pour le partage du gâteau au moment venu, celui où le pouvoir va fatalement leur tomber comme un fruit mûr dans les bras. Tous les « partillons » se bousculent et frappent à la porte de ce nouveau parti afin d’avoir la bonne place ou le bon numéro. Tant pis pour ceux qui n’ont pas osé parce qu’ils voudraient, selon les dirigeants du MPP, conserver leur poste au sein de la majorité.
Comment en vouloir à ces dirigeants de partis qui n’avaient d’existence que de nom. Surtout qu’il est une réalité voulant que la politique qui apporte des résultats est tenue à la base de disposer de beaucoup d’argent.
Apparemment, d’avoir tenu les rênes du pouvoir pendant si longtemps, a été le creuset idéal pour les leaders du MPP de remplir leur gibecière d’un pactole consistant.
On a beau nous chanter que le MPP attire du monde, et même qu’il attire tout le monde, et inévitablement les petits partis en rade, il est certain que ces adhérents viennent avant tout pour les moyens que le trio de leaders a mis en œuvre jusqu’ici. La preuve, même le budget du congrès est un sujet tabou qui laisse penser qu’il est trop consistant pour ne pas susciter d’autres interrogations derrière.
En effet, l’interrogation adressée au président du comité d’organisation sur le budget est restée sans réponse précise. Il n’est pas facile de devoir répondre aux questions suivantes inévitables de notre confrère qui le questionnait, notamment sur la provenance de cette grosse manne pour allécher autant de monde.
L’argent étant tabou, la stratégie pour masquer les moyens déployés lors des meeting qui se succèdent à un rythme effréné est de vendre aux incrédules, des histoires de cotisations pour l’organisation de son congrès ou le paiement de la caution de leur candidat putatif. Mais, vu leur niveau ridicule, il en fallait plus pour pouvoir organiser ces rassemblements en forme de grandes messes. D’où, on peut deviner ceux qui mettent la main à la poche.
Mais bon l’argent, il en faut pour battre campagne et personne n’en veut apparemment au MPP d’en disposer. Le tout est qu’il reste fidèle à son serment d’être celui qui va amener de nouvelles mœurs politiques. Cela, il va sans dire, commence par la transparence sur les budgets qu’il déploie et sur les sources de son financement.
Car, c’est lui qui dit qu’il va apporter le changement. Qu’après trois questions insistantes d’un confrère, le président chargé de l’organisation du congrès ait botté en touche sur le budget du congrès est un gros problème et certainement très gênant. Le changement prend dès son entame du plomb dans l’aile.
Quid de la recomposition ?
Certes, il peut s’agir aussi d’accueillir la bonne nouvelle qui consisterait pour ces partis à essayer de nous convaincre que leur ralliement viserait une recomposition du paysage politique.
On peut admettre cela si la manière n’avait eu ce côté cavalier et à la hussarde tendant à sommer les candidats potentiels de monter rapidement à bord, sinon le train est en partance et ne s’arrêtera plus. Il ne faut surtout pas le rater.
Outre donc, le souci en moins sur le comment financer leurs activités, on devine aisément, surtout après les sommations maladroites de certains ténors du MPP, que les affiliés qui se précipitent pour leur ralliement avant le fameux congrès le font sous pression.
Ils ont dû écouter et entendre que les derniers à débarquer dans leur belle galaxie seront les plus mal lotis. Alors, il est fort logique qu’ils ne veuillent pas rater le congrès où sera distribué les petits postes dans le parti, en attendant les gros postes de l’appareil d’Etat.
Ce discours intégriste est quand même surréaliste venant d’un parti qui se dit novateur. Mais c’est là leur stratégie de recrutement pour aller vite. En effet, l’agenda présidentiel presse et conduit à balayer la méthode et à recruter tous ceux, sans distinction, qui veulent se tailler un petit destin politique. Il faut donc s’y faire et tant pis pour les principes.
Le vrai problème par contre se trouve du côté des ralliés. Il met à nu les agissements, parfois à la limite du déshonneur de nos élites politiques qui en arrivent ainsi à soutenir se reconnaître dans un parti qui n’a même pas de programme de gouvernement.
Tous ces ralliés à la va vite n’ont vu ni les statuts, ni le règlement intérieur, ni les choix économiques de ce parti et pourtant, ils ont réussi, l’espace d’une réunion tenue tout aussi à la-va-vite, à savoir qu’ils sont génétiquement compatibles.
Les explications fournies sont tellement inconsistantes que rien ne restera de ces micmacs politiques que la soif de pouvoir. L’appât du poste juteux comme dirait l’autre. Pour petits partis qu’ils soient, ils auraient dû d’abord mener des discussions au grand jour, sinon connues de l’opinion, ne serait-ce que pour la forme avant d’en venir à la validation de cette fusion-ingurgitation.
Mon avenir politique est devant moi
N’est-il pas dans la même logique indiqué de s’interroger de savoir, quel gain politique pour un parti qui dit s’inscrire dans l’orthodoxie de la démocratie, d’être un fervent adepte du chantage ? Quelle incongruité que cette façon d’attirer à soi des adhérents, en usant de la menace selon laquelle les places seront prises, si un parti se donnait le droit de prendre la peine d’explorer en profondeur le contenu du projet de société, qu’on attend avec gourmandise, avant de se dire qu’il existerait une certaine convergence de fond ?
N’est-ce pas là une façon de se tailler une influence sur le seul fait que des individus pris isolément, et ensuite des partis, annoncent à doses homéopathiques leur adhésion avec grande publicité à la Une des quotidiens. Vous venez sans murmure et le plus tôt est le mieux, parce que les premiers auront une plus grande considération et pris comme étant les plus convaincus par la cause.
Pour des leaders de partis qui se faisaient un sang d’encre terrible, ou des individus frustrés de savoir si seulement un jour, ils toucheraient à un poste de ministre, c’est une belle aubaine. Sachant que la primature, la présidence de l’Assemblée nationale, ceux des autres institutions sont déjà attribués aux premiers venus, donc aux signataires de la liste initiale de démissions du parti majoritaire, il restera toujours des strapontins pour les ralliés de la vingt cinquième heure.
Il était donc tout vu que ceux qui pensaient avoir leur avenir politique derrière eux, se mettent de nouveau à rêver qu’ils l’ont encore devant eux. C’est une nouvelle ère qui se lève pour ces désespérés et personne ne va penser que leur motivation est de donner une chance à la démocratie. Sinon, si tel avait été le cas, on aurait au moins vu un document programmatique qui leur permette d’aller au congrès sur une base connue de chacun des signataires et de leurs militants.
Mais sait-on jamais, peut-être qu’ils ont admis de venir au nouveau parti sans aucune contrepartie. En bon soldat du changement, ce seul thème suffit à leur bonheur. Quant à la soupe qui sera servie aux votants de la présidentielle de 2015, on acceptera que les croyants au changement sont décidément les plus accommodants.