S’il y a un virus qui menace nos partis politiques de l’opposition comme du pouvoir, c’est incontestablement celui de la démission. Aucun parti politique n’est à l’abri. Pour un oui ou un non, un parti politique peut perdre des plumes, c’est-à-dire ses militants de première heure. Des démissions qui empoisonnent la vie politique nationale et handicapent la construction des débats d’idées. On a l’impression qu’on ne milite plus dans un parti politique pour ses convictions politiques mais pour des intérêts personnels.
Depuis le début de cette année, les partis politiques ont traversé et continuent de traverser des moments pénibles. Certains ont perdu des leaders considérés avant leur départ comme des leaders charismatiques.
Des têtes pensantes, des émminences grises. Mais cette avalanche de démissions dans les partis politiques est venue rappeler que tout œuvre humaine n’est jamais bâtie sur du roc, qu’il ne faut jamais faire confiance à un homme qui demeure un éternel insatisfait.
Sinon comment justifier la démission des 75 membres du Bureau politique national du CDP dont Roch Marc Christian Kaboré, Salif Diallo, Simon Compaoré.
Ces personnalités n’étaient-elles pas considérées jadis comme une relation de cause à effet du CDP ? Que dire de l’UPC où Albert Bouda précédemment 2e adjoint au maire de l’arrondissement n°4 de Ouagadougou a quitté le navire UPC pour n’avoir pas été retenu comme tête de liste dans son secteur ? Lui et toute son équipe se sont retrouvés au PAREN lors des élections partielles tenues dans l’arrondissement n°4 de Ouagadouou.
Quand les intérêts matériels priment sur les convictions politiques
Cette hémorragie ne risque pas de s’arrêter de sitôt au regard des enjeux et des intérêts des hommes politiques. La plupart ne militent pas dans les partis à cause de leurs convictions politiques, mais à cause de leurs intérêts personnels.
Au gré des intérêts, on abandonne son ancien parti pour un autre et lorsqu’on ne trouve pas non plus son intérêt dans ce nouveau parti, on l’abandonne à nouveau pour un autre. Nos hommes politiques ont-ils perdu la morale ?
Ils ne sont plus des exemples de travail, de persévérance dans la réussite. Cette recherche de l’intérêt individuel entraîne parfois la contestation des bureaux politiques au sein des partis, la contestation des listes électorales des partis lors des consultations électorales, etc. Les structures des partis sont parfois mises à rudes épreuves par ces guerres d’intérêts.
En effet, dans le parti présidentiel des personnalités qui faisaient et qui défaisaient des ministres, des députés, des ambassadeurs, des gouverneurs, des hauts-commissaires, des maires, des préfets ont claqué la porte pour créer le MPP.
La raison, c’est le fait d’être débarquées lors du 5e congrès ordinaire du parti ; et ayant pris goût à être toujours les invités du roi, ces leaders politiques n’ont pas résisté à cette tentation.
C’est au même moment que Meng-Néré Fidèle Kientéga qui fut ministre et député abandonne lui aussi le navire de l’UNIR/PS de Me Bénéwendé Stanislas Sankara.
Il était un des membres fondateurs du parti. Après lui, un autre poids lourd du parti va rester à la gare : il s’agit de Malick Yamba Savadogo, lui aussi était un des membres fondateur du parti. Il était député en 2002 et 2012. L’UNDD de Me Hermann Yaméogo ne sera pas épargné par le fléau. Marcelin Yaméogo, 1er conseiller au Bureau national du parti, ancien maire de Koudougou et certains cadres du parti démissionnent en invoquant entre autres raisons, la délation, l’intrigue, l’hypocrisie au sein du parti et surtout l’exclusion de certains militants.
Quand on sait que ces démissionnaires sont aujourd’hui au MPP, il y a des raisons de penser que ceux-ci se laissent envahir par le découragement. Certains attribuent cette démobilisation au travail souterrain fait parfois par les mécontents des différents partis.
C’est dire qu’il y a toujours du travail d’éducation politique que les partis politiques doivent abattre pour que les militants des partis politiques aient des bagages nécessaires pour militer et défendre les idéaux de leurs partis avec conviction et détermination sans arrière pensée. Il y va du bien-être de notre démocratie.