Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Le Quotidien N° 1030 du 4/4/2014

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Politique

Discours sur la situation de la nation: Les oublis de Luc Adolphe Tiao
Publié le vendredi 4 avril 2014   |  Le Quotidien


Discours
© Assemblée Nationale par Paulin Piga N`Do
Discours sur la situation de la nation : Luc Adolphe Tiao pour la 4e fois devant les députés
Jeudi 3 avril 2014. Ouagadougou. Assemblée nationale. Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao a prononcé le discours sur la situation de la nation en 2013 devant les députés


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Un rituel républicain, mais fastidieux et ennuyeux. Le discours sur la situation de la nation prononcé par le Premier ministre hier devant les députés n’est rien d’autre qu’un inventaire des actions du gouvernement, en 2013, dans leurs aspects positifs. C’est donc une vision idyllique de la situation du Burkina, classé pourtant comme l’un des pays les plus pauvres au monde. Le PM, naturellement, est dans son bon droit d’égrener les faits mettant en exergue le travail accompli par son gouvernement et qui montrent que le Burkina avance. Il défend son gombo. Jean Giono, artiste et écrivain (1895 - 1970), est même allé plus loin en ces termes : «Quand on est chef de gouvernement, on ne peut pas dire la vérité ; on ne la dit jamais. Gouverner c’est mentir. « Personne ne peut nier les avancées enregistrées par le pays au cours de ces dernières années. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt, comme on le dit. La vie est « caillou » au Burkina pour la majorité de la population. Le premier trait de définition du Burkina qui apparait, dès que vous cliquez sur Internet , est bien peu élogieux : « L’un des pays les plus pauvres au monde… ». Un exemple de présentation du pays parmi mille, sur le site de la Commission européenne : « Le Burkina Faso est un pays sahélien, enclavé, qui figure parmi les plus pauvres du monde. » Se soigner et se nourrir, deux besoins basiques, demeurent difficiles pour nombre de Burkinabè. Autant dire que pour ces laissés-pour-compte, on est au niveau zéro du développement. Il s’agit en effet d’oubliés du progrès tant vanté par le pouvoir. Car le problème principal du Burkina, et qui est à l’origine de ce malaise généralisé à même de remettre en cause tous les efforts accomplis, c’est bel et bien le développement à double vitesse du pays. Il y en a qui sont tellement riches qu’ils ne savent où mettre leurs sous si ce n’est dans des cantines ; et il y a la grande masse qui vit sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 500 dollars par an. En des termes diplomatiques, la Commission européenne pointe du doigt ce problème : « La croissance démographique élevée et un développement non inclusif sont des freins à la réduction de la pauvreté. » D’autres institutions comme l’Eglise catholique ont, de façon plus nette et directe, poser le problème de la redistribution des fruits de la croissance, à travers une lettre pastorale des évêques publiée en juillet 2013. Extrait : « La fracture sociale est profonde du fait notamment de :

- la pauvreté de masse lancinante (…)
- la polarisation de la richesse au niveau d’un groupe qui se partage les pouvoirs politiques et financiers ;
- la corruption et la patrimonialisation de l’État ».

Ce fossé énorme entre une minorité repue et une majorité affamée est malheureusement creusé du fait de la prédation des biens publics. Oui, le grand échec de Luc Adolphe Tiao est d’avoir échoué à mettre un terme à la patrimonialisation du pouvoir. Pourtant, la captation des ressources nationales par un clan n’est pas une vue de l’esprit. Tout le monde le sait et le voit. Quand au sommet de l’Etat certains peuvent tout se permettre, c’est la voie ouverte à la course nationale au détournement, à la corruption et à la gabegie. C’est aussi la voie ouverte à l’incivisme du petit peuple. Tant que le civisme ne sera pas érigé en règle de gouvernance, il ne faut pas s’attendre à un apaisement des populations et à une restauration de l’autorité de l’Etat. Car le plus cruel des incivismes réside dans la faculté de certains à ne pas payer de taxes et impôts, à piller les ressources de l’Etat, à rafler marchés publics malgré leur incompétence, etc. Et si à cette mal gouvernance, s’ajoutent des ambitions de pouvoir à vie, la situation devient encore plus ingérable. Le Burkina est assis sur un volcan social et politique qui peut entrer en éruption à tout moment. Le devoir d’un dirigeant, c’est aussi de reconnaitre l’existence de cette grave menace.

Cela, seuls les députés de l’opposition, au cours des débats, devaient le rappeler au chef du gouvernement. Ils ont tenté de le faire au cours de la séance des questions. Mais force est de constater que la perspicacité des députés de l’opposition ne fut pas à la hauteur des enjeux. Le problème de l’opposition réside d’ailleurs dans cette incapacité à prendre le contrepied du gouvernement, en pareilles circonstances, par des interventions pertinentes et bien documentées. Si bien que cet exercice, très redouté par les chefs de gouvernement sous d’autres cieux, est un jeu d’enfant pour le locataire de la Primature au Burkina. Il ne faut donc pas s’étonner que face au sentiment d’impuissance de l’opposition parlementaire, dans l’interpellation du gouvernement à revoir sa copie,la rue devienne le moyen d’expression le plus prisé par les citoyens .

La Rédaction

 Commentaires