OUAGADOUGOU - La décision sur la demande d’exhumation de Thomas Sankara, dirigeant du Burkina Faso assassiné en 1987 lors d’un coup d’Etat qui porta au pouvoir l’actuel président Blaise Compaoré, a été reportée au 30 avril, a indiqué mercredi une source judiciaire.
"Le délibéré sur la demande de reconnaissance officielle de la sépulture du président Thomas Sankara a été renvoyé au 30 avril prochain", a indiqué cette
source à l’AFP.
"C’est la procédure normale", a commenté l’avocat de la famille, Me Bénéwendé Sankara, qui n’a aucun lien de parenté avec l’ex-chef d’Etat. "On peut véritablement s’attendre à une décision le 30 avril", a-t-il ajouté.
Le délibéré avait une première fois été renvoyé au 2 avril, le tribunal demandant un complément de pièces, qu’il a obtenu. Ce deuxième renvoi lui permettra de les étudier, a expliqué Me Sankara, qui s’est dit "confiant sur la suite de l’affaire".
En octobre 2010, les ayants droit de l’ex-président avaient assigné l’Etat par voie judiciaire pour ouvrir la tombe présumée et expertiser sa dépouille.
Thomas Sankara et quatorze de ses camarades, tués lors d’un coup d’État le 15 octobre 1987, ont été enterrés au cimetière de Dagnoën à Ouagadougou, sans que leurs familles puissent les identifier.
En avril 2006, le Comité des droits de l’homme de l’ONU avait demandé à l’Etat burkinabé d’élucider l’assassinat de Thomas Sankara, de fournir à la famille les moyens d’une justice impartiale, de prouver le lieu de son enterrement et de dédommager la famille pour le traumatisme subi.
Thomas Sankara a pris les rênes de la Haute-Volta par un putsch, le 4 août 1983. Le capitaine, âgé de 33 ans, proclame alors une "révolution démocratique et populaire" et rebaptise l’ex-colonie française en Burkina Faso ("patrie des hommes intègres").
Tribun charismatique, il met l’accent sur l’éducation et la santé. Il instaure des "tribunaux populaires" pour combattre les détournements et donne l’exemple en vivant chichement dans un palais délabré.
Sa figure continue d’inspirer écrivains et musiciens au Burkina Faso et ailleurs en Afrique, malgré certaines dérives des Comités de défense de la révolution qu’il avait instaurés.