Le forum international Afrique développement, initié par le groupe bancaire Attijariwafa Bank, s’est ouvert hier jeudi à Casablanca. Le forum va insister sur la coopération Sud-Sud tout en demandant la levée des obstacles au partenariat économique.
Plus de 1300 décideurs et hommes d’affaires présents contre 800 initialement annoncés, une salle des conférences de l’hôtel Regency pleine à craquer à l’ouverture des travaux avec des invités dans les couloirs, 2200 rendez-vous d’affaires confirmés... le président du groupe Attijariwafa Bank a de quoi être fier. Le forum qui est placé sous le thème : « Quels leviers pour appuyer la coopération Sud-Sud ? », va appuyer sur les recommandations faites lors de la 1ère édition en vue d’accélérer les réformes et la coopération Sud-Sud. « Le succès de cette édition réside dans l’implication des opérateurs économiques et des décideurs qui viennent interagir au travers des panels, des « B to B », confie d’emblée Mohamed El Kettani aux journalistes à l’issue de la cérémonie d’ouverture du forum. Mais M. El Kettani prévient qu’il ne s’agit pas, dans ce forum, d’aborder uniquement l’enjeu de l’accélération de la coopération Sud-Sud, mais d’abord de remettre le bon contenu dans le mot coopération et d’installer les bases de nouveaux modèles de travail et de décision (…).
Il a aussi rappelé que le renforcement de la coopération Sud-Sud n’est pas une substitution à la coopération Nord-Sud. « Elle en est le complément qui viendra conforter l’adaptabilité et la compétitivité », a poursuivi M. El Kettani. Comme lui, la ministre centrafricaine du Commerce et de l’Industrie, Mouliom Roosalem Marlyne, plaide pour un renforcement de la coopération économique. « Nous devons réfléchir ensemble pour serrer les coudes ; nous attendons beaucoup de ce forum », a indiqué Mme Mouliom. Et l’entrepreneur camerounais, Jean Marie Abouna d’ajouter : « ce forum nous permet d’avancer ensemble ; c’est un bel exemple de coopération Sud-Sud ». En effet, le groupe Attijariwafa Bank souhaite que ce forum contribue à favoriser les échanges, à suggérer et élaborer des propositions fortes en vue de promouvoir la coopération Sud-Sud et ce, à la faveur d’une intégration régionale créatrice de progrès. Déjà, le premier forum avait dégagé le transport et la logistique, le cadre réglementaire, les politiques tarifaires comme étant les goulots d’étranglement à l’intégration régionale et à la coopération économique. Le coût des transports, jugé trop élevé, handicape la compétitivité des entreprises. On s’attend donc à ce que ce forum insiste sur la nécessité de lever ces obstacles. « Nous espérons que les gouvernements prendront des mesures pour aller dans le sens d’un rapprochement économique », a souhaité Mohamed El Kettani.
Le représentant du président du Faso, Paramanga Ernet Yonli, président du Conseil économique et social, a dit que le Burkina Faso accompagne cette initiative. « Je suis ici pour porter le soutien du président du Faso avec cette initiative qui démontre l’intérêt du groupe Attijariwafa Bank pour l’Afrique. Grand leader africain pour la paix, le président Compaoré pense que le développement ne peut s’opérer avec des conflits qui sapent la créativité et l’entreprise », a déclaré M. Yonli. Ajoutant que le thème est pertinent et opportun, il a appelé à porter le commerce intra-africain, jusqu’ici confiné autour de 10 % malgré l’existence des communautés économiques régionales (UA, CEDEAO, CEMAC, etc), à un taux oscillant en 25 et 30 %. Les autorités burkinabè espèrent vendre l’expérience acquise par des entreprises nationales, surtout dans le domaine des bâtiments et des travaux publics au monde des affaires présent à Casablanca.
Depuis une dizaine d’années, le Maroc place le renforcement de la coopération avec l’Afrique au cœur de ses priorités dans le cadre d’une dynamique d’intégration régionale Sud-Sud. Son ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Youssef El Amrani, a rappelé l’importance de cette solidarité et de ce partenariat. « L’Afrique constitue une priorité pour le Maroc, en témoigne sa présente plus forte dans les économies », a expliqué El Amrani. Les échanges commerciaux entre ce pays et l’Afrique sub-saharienne ont atteint 11,7 milliards de dirham en 2010 contre seulement 3,6 milliards de dirham en 2006 ; soit trois fois plus. Un fort potentiel existe encore puisque ce continent ne représente que 2,6 % de l’ensemble des échanges commerciaux du monde.
