Me Barthélémy Kéré, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), accompagné de ses proches collaborateurs, a rencontré la classe politique et les OSC, le jeudi 27 mars 2014, dans la salle de conférences du ministère des Affaires étrangères et de la coopération régionale (MAECR). A l’ordre du jour de la rencontre, la mise en œuvre du chronogramme des activités préparatoires du scrutin présidentiel de 2015 qui nécessitera un besoin d’en gros 10 milliards 900 millions de F CFA. Les échanges se sont, en général, déroulés dans une ambiance bon enfant même si, entre- temps, l’intervention d’Alexandre Pagomziri Ouédraogo, président du Mouvement burkinabè pour l’émergence de la justice sociale (MBEJUS), a suscité quelques murmures vite maîtrisés dans la salle.
La CENI, à travers son président, Me Barthélémy Kéré, avait fait part des difficultés qu’elle rencontrait et du retard accusé dans le processus d’organisation du scrutin présidentiel de 2015 que le Burkina Faso s’apprête à vivre. Des difficultés qui, nul ne l’ignore, étaient dues essentiellement au déficit de moyens financiers. Eh bien, cette question est, à en croire M. Kéré, en passe d’être réglée. En effet, selon le premier responsable de la CENI, le Premier ministre l’a, à l’issue de l’audience qui lui a été accordée le 17 mars dernier, informé que « toutes les inscriptions budgétaires sont en place et a invité la CENI à prendre les dispositions pour le démarrage au 1er avril 2014, de la mise à jour du fichier électoral, première étape des activités électorales conduisant à l’élection présidentielle de 2015 ». Aussi l’assemblée plénière de la CENI, conformément à ses engagements au cours de la rencontre du 11 mars dernier, s’est-elle mise à pied d’œuvre pour la revue du chronogramme, et a procédé à un réaménagement adéquat pour un démarrage immédiat. La première étape de ce démarrage a été donc cette rencontre avec la classe politique et les Organisations de la société civile (OSC), le jeudi 27 mars dernier, à Ouagadougou.
Selon Me Kéré, les services techniques de la CENI ont entamé les tâches préparatoires : maintenance, mise à niveau et gestion de l’alimentation des kits, négociation des licences de duplication, acquisition de fournitures spécifiques (encres, supports de sauvegarde), discussion de procédures accélérées, etc. Et de préciser que sa structure bénéficie, pour ce faire, du soutien et de l’accompagnement du gouvernement pour rattraper ou abréger les délais. Et Me Barthélémy Kéré de relever que des missions de la CENI vont se déployer dans les 45 provinces du Burkina, pour y procéder à la mise en place des démembrements de la CENI (CEPI, CECI et CEIA) en vue de l’implantation de l’opération de révision des listes électorales biométriques. A cet effet, des rencontres d’information sont prévues.
2 500 opérateurs seront déployés pour couvrir l’ensemble du territoire
La participation des représentants des partis politiques et des OSC dans toutes les provinces a été recommandée par le premier responsable de la CENI. « Il vous revient de sensibiliser vos représentants sur l’importance de cette opération », a-t-il lancé à leur endroit. Il les a, par ailleurs, invités à choisir des « personnalités de qualité ». Me Barthélémy Kéré a cependant prévenu : « En cas d’incident d’une gravité suffisante, la CENI n’hésitera pas à vous saisir pour vous dénoncer les éventuels comportements préjudiciables à la qualité de travail de ces représentants ; elle pourra aller jusqu’à vous demander de procéder au remplacement du membre dont la gravité des agissements contraindrait la CENI à prendre de graves mesures de sanction ». Après leur mise en place, les membres des démembrements de la CENI recevront une formation sur leurs rôle et missions dans la conduite du processus électoral, puis travailleront à la mise à jour de la cartographie électorale avant l’arrivée des équipes d’enrôlement sur le terrain. Au total 2 500 opérateurs seront déployés, a mentionné Me Kéré, pour couvrir l’ensemble du territoire, et le nouveau chronogramme prévoit le démarrage des opérations de terrain pour la révision des listes à partir du 30 avril, et la fin de l’opération est prévue pour le 30 juin 2014. L’opération de révision concernera en outre trois catégories de citoyens, à savoir les nouveaux majeurs (ceux qui ont eu 18 ans après la date du recensement de 2012), les citoyens âgés de 18 ans remplissant les conditions d’inscription et qui ne se sont pas faits recenser en 2012, et enfin les citoyens qui n’ont pas encore 18 ans et qui les auront à la date du 30 novembre 2015. Chaque citoyen candidat à l’enrôlement devra se déplacer physiquement dans un bureau d’enrôlement, muni de sa CNIB ou de son acte de naissance. Et Barthélémy Kéré de préciser que cette opération de révision sera la seule que la CENI va conduire dans le cadre de l’organisation du scrutin de 2015. Il a invité les OSC à activer leurs réseaux et partenariats afin de jouer leur partition tout au long de l’opération. De l’avis de Me Kéré, la liste et les numéros des commissaires concernant chaque région spécifique sont disponibles. Il a souligné que des kits solaires seront utilisés en lieu et place des groupes électrogènes comme cela était le cas lors des élections passées, mais que les groupes, dont 2 000 sont disponibles en ce moment, pourront être utilisés en plan B, en cas de besoin.
Un besoin budgétaire de 10 milliards 900 millions de F CFA
D’aucuns ont proposé qu’un budget soit alloué à la prise en charge de l’observation électorale ; toute chose qui, selon Me Barthélémy Kéré, n’est pas reconnue par le code électoral qui dit clairement que les OSC se prennent en charge elles-mêmes. Au nombre des sujets qui ont particulièrement retenu l’attention à cette rencontre, le vote des Burkinabè de l’étranger, le budget que tout le processus va engendrer. Pour le vote des Burkinabè de l’étranger, le président de la CENI a noté qu’il faudra justifier l’immatriculation à l’ambassade et disposer de la carte consulaire mais, compte tenu de la difficulté de délivrance de cette carte, il avait été proposé de demander que tout Burkinabè à l’étranger ou résidant à l’étranger qui veut s’enrôler puisse le faire à condition de disposer d’un document qui justifie sa nationalité burkinabè et qu’il est en âge de voter. Cette question a été transmise en amendement à l’Assemblée nationale. Et ceux des Burkinabè qui ne seront pas sur leur lieu d’enrôlement au moment du vote, devront demander un transfert pour pouvoir voter. D’aucuns ont voulu savoir si oui ou non, la CENI organiserait des élections si toutefois, le Burkina allait à un référendum. Et Me Barthélémy Kéré de rappeler que le référendum est un scrutin comme tout autre et que la CENI a le devoir de l’organiser si jamais cela arrivait et, pour cela, elle aurait besoin d’une liste électorale pour savoir qui vote et qui ne vote pas. Sur la question du budget, le président a communiqué les différentes sommes dont la CENI a besoin pour parvenir à ses fins. A ce niveau, l’on retiendra que les discussions sont en cours au ministère des Finances pour régler les questions pratiques. « La CENI a, selon son président, proposé globalement, en ce qui concerne la mise à jour du fichier intérieur, une demande de 7 milliards 406 millions 644 mille F CFA. Dans la discussion technique actuelle qui semble retenue, sous réserve de la notification officielle, nous sommes à 4 milliards 445 millions 549 mille F CFA avant que l’on ne notifie l’arbitrage officiel. Pour le vote des Burkinabè de l’étranger, nous étions à 5 milliards 497 millions 730 mille F CFA et le montant discuté avec les techniciens est de 4 milliards 439 millions 750 mille F CFA. A la suite de cela, il y a eu l’introduction de besoins supplémentaires de 2 milliards 615 millions, et ce qui semble arrêté au niveau du ministère des Finances, c’est 2 milliards 92 millions, soit en gros 10 milliards 900 millions de F CFA. » Et le président de souligner que ce n’est pas toujours ce que la CENI présente qu’elle obtient. Une intervention, en l’occurrence celle d’Alexandre Pagomziri Ouédraogo, président du Mouvement burkinabè pour l’émergence de la justice sociale (MBEJUS), qui a demandé aux gens de s’intéresser plus à l’aspect technique qu’à celui budgétaire, a suscité quelques murmures vite maîtrisés dans la salle. Il a également été demandé que les personnes handicapées soient prises en compte dans ce processus au même titre que les autres, et le président de la CENI de rassurer qu’il n’y aura aucun problème de ce côté.