La Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP) a conclu vendredi que l’Etat burkinabè avait failli à sa responsabilité de traduire en justice les assassins du journaliste indépendant Norbert Zongo tué en 1998.
Au dernier jour du procès en novembre dernier, les avocats des proches de l’ancien journaliste avaient mis en cause le frère du président burkinabè Blaise Compaore et demandé à la Cour africaine de constater que l’Etat burkinabé avait failli à son obligation de rechercher et de juger les auteurs de l’assassinat.
Dans son arrêt rendu en audience publique vendredi, la Cour a conclu que l’Etat burkinabè ‘’n’a pas fait preuve de la diligence due en vue de rechercher, poursuivre et juger les assassins de Norbert Zongo et ses compagnons’’, selon un communiqué de la Cour.
Selon l’arrêt, l’Etat burkinabè avait le devoir d’’’assurer le respect du droit des requérants à ce que leur cause soit entendue par les juridictions nationales compétentes’’.
S’agissant des réparations, la Cour a ordonné aux requérants de lui soumettre dans les 30 jours leur mémoire à ce sujet auquel l’Etat burkinabè devra répondre par écrit avant que les juges africains rendent leur décision.
Norbert Zongo, journaliste d’investigation et directeur de publication de l’hebdomadaire L’Indépendant, avait été retrouvé mort calciné dans sa voiture avec trois compagnons en 1998, à une centaine de kilomètres de Ouagadougou.
Il enquêtait sur la mort de David Ouédraogo, chauffeur du frère cadet du chef de l’Etat, François Compaoré.
L’affaire avait provoqué un scandale et d’importantes manifestations populaires au Burkina Faso, et avait eu un retentissement international.
Six "suspects sérieux" avaient été identifiés par une Commission d’enquête indépendante mise en place par le pouvoir. Seul l’adjudant Marcel Kafando, ex-chef de la garde rapprochée du président burkinabè, avait été inculpé, avant de bénéficier d’un non-lieu.
En 2006, la justice burkinabè avait classé le dossier, officiellement pour manque de preuves.