Petite localité, grands problèmes. Ainsi pourrait-on résumer la situation que connait la commune rurale de Dandé, dans la province du Houet. Minée par une crise qui lui a valu la dissolution de son conseil municipal et la reprise du scrutin, cette localité (ou du moins certains de ses fils) continue malgré tout de s’illustrer négativement. Elle n’est pas guérie des maux qui ont conduit à la thérapie de cheval que lui a appliquée par le gouvernement. Est-ce parce qu’elle est le fief du maire de Bobo-Dioulasso, Salia Sanou ? En tout cas, des faits graves s’y sont déroulés, qui n’augurent rien de bon pour la démocratie locale au sein de cette commune. Il y a eu d’abord l’agression du député Alexandre Sankara qui conduisait une délégation de l’UNIR/PS à Dandé, puis des accusations de séquestration et de corruption de conseillers ADF/RDA. C’est une image désastreuse de la gouvernance locale que donne Dandé, en dépit de la reprise du scrutin. Et ces dérives graves ne semblent émouvoir personne, pas même la justice. Au regard de la gravité des faits, on s’attendait à voir l’institution judiciaire se saisir de l’affaire, le plus rapidement possible, en vue de situer les responsabilités. Or, à ce qu’on sache, c’est le silence radio jusqu’à présent. Quel message adresse-t-on aux victimes de cette affaire ? Que l’impunité continue d’être la règle et la justice l’exception, surtout quand les tenants du pouvoir sont impliqués ? Il est évident que c’est un mauvais signal adressé aux citoyens, à l’heure où l’on claironne à tout vent, la nécessité de restaurer l’autorité de l’Etat. Ce n’est pas en banalisant les atteintes aux libertés et à la démocratie qu’on pourra atteindre cet objectif souhaité de tous.
La situation de Dandé est à l’image de la démocratie burkinabè : des pratiques répréhensibles comme mode de conquête du pouvoir. Intimidations, agressions, fraudes, achats de voix, corruption, etc. demeurent des armes abondamment utilisées pour atteindre ses fins. Les hommes politiques burkinabè n’ont toujours pas compris que les temps ont changé. De plus en plus, les populations se laissent difficilement acheter leurs voix. Et selon la nouvelle consigne, ils prennent ce qu’on leur offre, mais votent selon leur conscience. Les considérations ethniques, religieuses et autres, sont certes omniprésentes, mais l’engagement pour une cause juste et des hommes crédibles, semble être le moteur qui guide le choix des électeurs. C’est sans doute ce qui a donné le score de Dandé. Le CDP a été contraint au partage des sièges, à équité, avec l’UNIR/PS, avec 8 sièges chacun, l’ADF/RDA se contentant de 4 sièges. C’est un très mauvais résultat pour le CDP en tant que parti majoritaire, mais aussi en tant que parti du tout-puissant maire de Bobo-Dioulasso, Salia Sanou. Si dans son propre fief ce baron du CDP et de la région des Hauts-Bassins ne parvient pas à faire obtenir une majorité confortable à son parti, c’est qu’il y a problème. Malheureusement, le CDP semble démuni face à la situation. Il applique un mauvais remède en s’en prenant à ses adversaires venus à Dandé et en usant de méthodes jugées déloyales par ses concurrents pour s’emparer du poste de maire. En somme, il casse le thermomètre au lieu de soigner la fièvre.
Le Burkina nouveau, que nous appelons tous de nos vœux, a ses exigences auxquelles l’on ne saurait se dérober. La première d’entre elles, c’est que la justice s’applique à tous, que l’on soit fort ou faible. Nul ne doit être au-dessus de la loi. Ce sera le point de départ de la restauration de la confiance entre les populations et leurs dirigeants. Malheureusement, force est de constater que ce défi tarde à être relevé. En témoigne le silence autour des déplorables incidents survenus autour de l’élection du maire à Dandé.