Cité relais de Bassinko / Secteur 36 : Installation d’un garage à la place d’un établissement scolaire - L’indignation des riverains face aux désagréments
La cité relais de Bassinko, destinée principalement à des habitations, est en train de devenir un centre industriel où foisonnent les garages. Du coup, le quotidien des habitants, au lieu d’être calme et exempt de toute pollution, est désormais troublé par des nuisances et des dangers que présentent certaines activités. Un des cas qui a plus indigné les habitants de la cité relais, c’est l’utilisation d’un terrain destiné à la construction d’un complexe scolaire à des fins de garage. En dépit de l’indignation des riverains et la mise en demeure du maire de l’arrondissement 8, l’activité ne cesse de prendre de l’ampleur.
Sur l’aire de la parcelle 00 lot 03 section AW de la cité relais de Bassinko, des véhicules poids lourds, notamment des camions remorques et des citernes, entre autres, sont exposés. Des coups de marteaux et d’autres outils alertent sur des activités de réparation de véhicules. Pourtant, en lieu et place de ce garage qui emploie plus d’une dizaine de personnes, il était prévu un ouvrage à vocation sociale, c’est-à-dire un complexe scolaire avec internat, d’une valeur de 232 millions 354 mille 373 FCFA, du moins d’ici à 2015, pour soulager les élèves de la localité contraints de parcourir des dizaines de kilomètres pour rejoindre des établissements scolaires. L’attribution de la parcelle ayant été faite à Hamadé Ouédraogo, le 16 juillet 2010, celui-ci a 5 ans pour réaliser le complexe scolaire avec internat. Contre ce qui s’appelle changement de destination d’une attribution, les résidents de la cité relais de Bassinko, notamment les populations riveraines du terrain transformé en garage, ont entrepris des démarches pour dénoncer cette pratique qui présente à leurs yeux des inconvénients certains. Dans une lettre adressée au maire de l’arrondissement 8, Joanny Ouédraogo, et datée du 14 janvier 2014, des riverains du garage attiraient l’attention de celui-ci sur le changement de destination du terrain de la section AW lot 03, parcelle 00 destiné à la construction d’un complexe scolaire. Dans cette lettre transmise avec ampliation au ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, à celui en charge de l’Administration territoriale et de la Sécurité, à celui en charge des Enseignement secondaire et supérieur et le ministère de l’Aménagement du Territoire, les riverains dénoncent la construction d’un petit local qui devra permettre d’installer des dispositifs pour l’électricité d’une part et la présence de plus d’une vingtaine de camions remorques et de containers. En plus, les riverains s’inquiètent du dépôt de produits potentiellement explosifs qui leur fait craindre des risques d’incendie. A cela s’ajoutent des nuisances dues à la poussière et à des bruits. Au lieu d’être une zone calme et propice au repos, elle est devenue pour les résidents de la cité relais un terreau de désagréments. Toute chose qui les a amenés à interpeller le maire de l’arrondissement 8, Joanny Ouédraogo. Ce dernier se bornant à expliquer les démarches entreprises pour rencontrer le contrevenant. « L’attention de l’intéressé a été attirée sur le fait que l’activité actuelle (garage et entrepôt de véhicules) menée sur le terrain est contraire à la destination initiale du terrain qui est la construction d’un établissement secondaire. Par conséquent, Ouédraogo Hamadé a été invité à prendre les dispositions nécessaires pour lever le garage dans les meilleurs délais et entreprendre la construction d’un complexe scolaire avec internat », a répondu le maire Joanny Ouédraogo. En réalité, l’attributaire de la parcelle, du nom de Hamadé Ouédraogo, n’est pas l’auteur des activités de garage. Selon les auteurs de l’activité de garage que nous avons rencontrés, le 24 mars dernier, le terrain leur a été prêté à titre gracieux par Hamadé Ouédraogo pour entreposer leurs matériels. A les en croire, Hamadé Ouédraogo a accepté de mettre à leur disposition le terrain pour qu’ils puissent parer à une urgence due à l’état de leur garage qui était devenu impraticable du fait de l’état du terrain utilisé à cette fin. Selon les propriétaires du garage, l’attributaire du terrain, Hamadé Ouédraogo, a consenti de leur prêter le terrain il y a longtemps, mais ils ont déclaré avoir commencé le travail il y a moins de 3 mois. Ce qui contraste avec ce que soutiennent les riverains qui déclarent que les activités de garage ont commencé autour du mois d’octobre.
Pourquoi le maire ne met-il pas en exécution les moyens les moyens de contrainte dont il dispose ?
S’il y a quelque chose que les riverains disent ne pas comprendre, c’est le temps mis par la mairie depuis la constatation d’un état de changement de destination pour mettre en exécution la contrainte publique et légitime. De quoi faire peser des suspicions de connivence sur le maire de l’arrondissement qui a signifié à Hamadé Ouédraogo une mise en demeure depuis le 17 mars dernier de faire cesser les activités et de commencer les travaux de construction du complexe scolaire. Dans la mise en demeure, le maire rappelait que l’attributaire n’avait plus qu’un an, selon l’arrêté d’attribution, pour construire un complexe scolaire. A un an de l’échéance, soit le 16 juillet 2015, aucun mur n’a poussé sur les lieux. Pourquoi Hamadé Ouédraogo n’a toujours pas entamé les travaux ? Est-il possible qu’un complexe soit érigé sur la place dans ce délai ? Nous n’avons pas pu rencontrer l’intéressé pour en savoir davantage. Mais en attendant, ce qui est préoccupant pour les riverains, c’est l’arrêt des activités de garage. Le maire de l’arrondissement, par la lettre du 17 mars, a clairement demandé l’arrêt des travaux de garage. « A un an de l’échéance, en lieu et place des infrastructures prévues (ndlr : c’est-à dire le complexe scolaire), c’est plutôt l’existence d’un garage faisant l’objet de vives contestations par riverains qui est constatée. A cet effet, vous avez déjà été interpelés sur le changement de destination du terrain et il vous a été notifié de prendre les dispositions nécessaires pour lever le garage dans les meilleurs délais », a déclaré le maire dans la lettre. A la question de savoir quel est le délai qui permet l’exercice de la contrainte à partir de la mise en demeure, le maire Joanny Ouédraogo a laissé entendre qu’il fallait laisser du temps aux auteurs pour déménager parce qu’il était difficile de le faire immédiatement.
Les riverains exigent un arrêt sans délais des activités de garage, les auteurs demandent encore plus de temps et le maire promet de voir la police
Selon les riverains, il n’ est pas question de laisser l’activité se poursuivre. Et ‘’le meilleur délai’’ dont le maire parle dans la mise en demeure peut s’interpréter comme on veut. Par ailleurs, certains se posent la question sur la nature des relations qu’entretient le maire avec les propriétaires du garage. Et sur le maire, plane la menace de l’arme en vogue actuellement qui est les manifestations. Mais le maire a déclaré le 22 mars dernier qu’il allait entrer en contact avec la police pour voir ce qu’il faut faire. Du coté des auteurs du garage, on demande du temps pour plier bagage. A les en croire, il n’est pas facile de bouger les gros camions. Ils ont laissé entendre qu’ils n’avaient d’ailleurs pas encore transporté les matériels sur le terrain objet de litige. En outre, ils ont affirmé qu’un déménagement, à nouveau, occasionnera des dépenses et partant, ils demandent encore du temps. « Nous savons que nous devons partir, mais nous demandons du temps pour le faire », ont-ils déclaré. Le maire s’est voulu rassurant. «D’ici là, nous allons tout faire afin que les occupants quittent les lieux pour le bonheur des riverains », a-t-il déclaré.
Mais la question est de savoir si le maire de l’arrondissement 8, qui a besoin de se faire un crédit dans cette affaire, usera de ses prérogatives de puissance publique pour faire arrêter les activités ou s’il caressera dans le sens du poil les auteurs de ce changement de destination du terrain attribué aux fins d’érection d’un complexe scolaire? On devrait en savoir davantage dans les jours qui suivent .