S’il y a un homme beaucoup sollicité, c’est bien Mélégué Traoré, député et ancien président de l’Assemblée nationale de 1997 à 2002. Quand vous entrez dans son bureau, deux choses retiendront votre attention. Son portable crépite presqu’à chaque minute et les visiteurs défilent les uns après les autres. Rompu à la diplomatie parlementaire, Mélegué Traoré est constamment entre deux avions, occupé à animer des conférences par-ci ou à participer à des colloques par-là. C’est cet homme bien connu du sérail, à l’agenda très chargé, que nous avons pu intercepter le vendredi 7 mars dernier, alors même qu’il s’apprêtait à prendre le vol pour Praia au Cap Vert. Dans l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder, l’homme, à cœur ouvert, aborde tous les sujets ayant trait à l’actualité nationale.
Quel avenir pour le CDP et Blaise Compaoré ? Quelles sont les chances de succès de la médiation ? Où en est-on avec l’idée du référendum sur l’article 37 ? Bref, ce sont là, entre autres, des questions que nous avons abordées avec lui, avant la fin des activités de la médiation.
« Le Pays » : Comment se porte aujourd’hui le CDP ?
Mélégué Traoré : Le CDP se porte comme tous les autres partis politiques, avec ses forces et ses faiblesses, avec ses avancées et ses reculs. Dans l’ensemble, c’est un parti qui reste central dans le système politique burkinabè. C’est un parti qui est là, malgré les difficultés.
Quelqu’un m’a appelé hier (Ndlr : l’interview a eu lieu le 7 mars) de Sindou pour me dire avoir entendu qu’il n’y a plus de CDP à Ouagadougou. Cela m’a fait rire. On a eu des problèmes à cause des départs ; mais le CDP reste un parti fort. Il demeure le mieux implanté dans le pays.
Comment appréciez-vous les démissions de Roch, Salif et Simon du parti ?
J’ai dit dans une interview que j’ai accordée à un hebdomadaire à Paris, en février, que ces départs constituent un coup dur pour le CDP. Il n’est pas raisonnable de dire que ces défections sont insignifiantes dans la mesure où c’est pratiquement le cœur du parti qui s’en est allé. On ne peut considérer que cela est indolore pour le CDP. Car, au fond, ces démissions ont mis tout le monde mal à l’aise. Et je suis sûr que même ceux qui sont partis sont mal à l’aise. Ceux qui sont restés sont aussi mal à l’aise parce qu’on a construit ensemble quelque chose pendant plus de 20 ans. Cela dit, les dissidents auraient tort de penser qu’ils sont majoritaires dans le pays et que la masse des militants les suit.
Mais les premiers responsables ont dit que ces démissions sont un non-événement.
Il s’agit là de la gestion du discours. Vous savez, on est en politique. La gestion du discours fait partie du politique et de la politique. Cela dit, il n’est pas raisonnable de penser que ces démissions n’ont pas secoué le parti. Il faut être réaliste.
Personnellement, j’estime que le parti a été secoué et on aurait souhaité qu’il n’y ait pas eu ces défections. Mais j’estime que les arguments avancés pour justifier les démissions ne sont pas les bons. C’est plus profond que cela. Je peux comprendre qu’il y ait d’autres arguments. Car les problèmes qui sont soulevés aujourd’hui durent depuis la création de l’ODP/MT, puis du CDP. On est tous responsables, à commencer par ceux qui dirigeaient.
Quels sont selon vous les vrais arguments ?
Ah, ça, il faut le leur demander. En fait, cette question mérite beaucoup de débats.
Puisque c’est vous qui dites qu’il y a des raisons plus profondes que celles qu’ils ont avancées.
Je ne saurais vous le dire. Il faut leur poser la question. Les raisons qu’ils avancent auraient pu être discutées au sein du bureau politique. Mais cela n’a pas été fait. Les discussions au sein d’un groupe informel autour du Président ne sont pas celles d’une structure du parti.
Mais à qui la faute donc ?
S’il y avait eu la volonté de le faire, on l’aurait fait. Pourquoi ces problèmes n’avaient-ils jamais été posés au Bureau politique ?
Selon vous, s’agit-il d’une rupture totale ou d’une mise en scène du Président Blaise Compaoré comme le pensent certains ?
Je crois qu’il s’agit là d’une rupture totale. Je ne pense pas que ce soit une mise en scène. Cela étant, rien n’est jamais définitif en politique.
Mon problème, ce n’est pas le contenu de ces démissions, mais la démarche de ceux qui ont démissionné. Car je pense qu’il aurait été nécessaire que l’on discute de certaines questions au sein du bureau politique. Sur le contenu, toutes les questions qui ont été soulevées auraient pu être discutées en interne, sans en arriver à une dissidence. A moins qu’il n’y ait d’autres enjeux et d’autres motifs que ceux qui ont été avancés.
N’est-ce pas la volonté du Président Compaoré de demeurer au pouvoir qui a provoqué ce clash ?
Je pense que c’est plus profond que ça. Vous savez, nous sommes dans des systèmes politiques qui sont greffés sur des sociétés en transition. La plupart des questions que l’on soulève sur les systèmes électoraux et sur l’alternance par exemple doivent être discutées en tenant compte du contexte dans lequel nous vivons. J’ai dit dans Afrique Education, il y a un mois, que si demain Roch Marc Kaboré, Salif Diallo, Simon Compaoré ou Assimi Kouanda venaient à être élu président, ce ne serait pas de l’alternance. Nous parlons en français. Le mot alternance a un contenu.
C’est quoi ce contenu selon vous ?
L’alternance consiste à remplacer une orientation politique par une autre orientation politique. L’alternance suppose une autre idéologie ou un autre programme. Si demain les sankaristes parvenaient au pouvoir, ce serait de l’alternance. Si Zéphirin Diabré, qui est un ami, arrivait au pouvoir, ce serait de l’alternance. Si quelqu’un d’entre nous (ceux du CDP) arrivait au pouvoir, ce ne serait pas de l’alternance. Dans ce cas d’espèce, on parlerait plutôt de mutation du personnel politique mais pas d’alternance. Le nouveau parti se réclame de la social-démocratie comme le CDP. Mais où est l’alternance ? Moi, je veux que l’on analyse toute la situation actuelle avec beaucoup de sang-froid et de recul. Et c’est pour cela que je n’apprécie pas les discours inutilement injurieux et humiliants que tiennent les uns et les autres. Il faut rester mesuré. Nous ne sommes pas des ennemis. Ce n’est pas en hurlant les uns contre les autres qu’on résout les problèmes.
Quels sont vos rapports avec Roch, Salif et Simon ?
J’ai toujours eu de bons rapports avec eux. Ils sont partis du CDP mais ce ne sont pas mes ennemis. On a des divergences sur l’approche, mais nous ne sommes pas des ennemis. Ceux qui me connaissent savent que je suis modéré par nature. Je ne considère aucun de ceux qui sont partis comme un ennemi. Pas du tout !
Quand la CGT-B prend position, ce n’est pas politique ?
En vérité, est-ce que ce remue-ménage au sein du CDP n’est pas dû à l’immixtion de François Compaoré dans la gestion du pouvoir ?
Sur cette question, je m’exprime habituellement peu parce que je considère que, quelque part, on ne fait pas la juste analyse. Je répète que nous sommes dans des systèmes politiques qui sont eux-mêmes des produits des sociétés qui sont en transition. Et cela va durer encore un bon siècle en Afrique. Surtout pour la plupart de ceux qui, comme nous, sont nés en brousse.
Mais comme on est venu placer là-dessus un système qui est complètement en déconnexion avec les systèmes politiques originaux, on n’arrive pas à faire la synthèse. Cela fait que, finalement, tout le monde est dérouté, puisqu’il n’y a plus de repères. La question de François Compaoré est relativement simple. S’il n’était pas le frère du Président, personne n’en parlerait. Ce que je sais, c’est que l’on a sous-estimé au sein du CDP, l’importance des groupes qui existaient bien avant l’ODP/MT. Ces groupes sont pourtant maintenus au CDP et tout le monde a fait semblant de l’ignorer. A partir du moment où vous avez un nouveau groupe qui apparaît, qui bouscule les situations acquises, ça devient un problème pour tout le monde.
Mais dans le cas d’espèce, tout semble parti de l’OPA que la FEDAP/BC a opérée au sein du CDP.
Mais c’est un mouvement associatif comme tout autre.
Pour autant que l’on sache, la FEDAP/BC est une association apolitique.
Ecoutez, quand la CGT-B par exemple prend position, ce n’est pas politique ? Quel est aujourd’hui le groupe de la société civile qui ne prend pas de position politiquement ? Quand une organisation de la société civile dit par exemple être contre la modification de l’article 37, ce n’est pas de la politique ?
Donc, ce que vous dites n’est pas propre à la FEDAP/BC.
Cela dit, je continue à penser que le CDP doit garder sa ligne, de sorte à avoir la prééminence sur tous les mouvements qui soutiennent le Président. Il lui revient de faire les déclarations politiques et d’énoncer les grandes options.
Est-ce qu’au regard de la clameur qu’a suscitée une éventuelle modification de l’article 37, le pouvoir va se raviser ou va-t-il opérer un passage en force ?
Le pouvoir actuel n’a pas besoin d’un passage en force pour modifier l’article 37 ; on n’a même pas besoin du Sénat. On n’a pas besoin de passer en force parce que les mécanismes sur le plan juridique existent pour permettre de modifier l’article 37. Il n’y a qu’à appliquer la Constitution. Le Sénat, quand il a été conçu, n’avait rien à voir avec le désir de l’utiliser pour réviser l’article 37.
Quels sont ces mécanismes ?
Si la Constitution établissait que l’article 37 n’est pas modifiable, personne aujourd’hui n’en discuterait. J’ai dit dans un document qui a été rendu public, il y a quatre ans, que sur cette question, il vaut mieux qu’un consensus soit trouvé au sein de la classe politique. Mais si d’aventure, on ne s’entend pas, on doit en référer au peuple. En démocratie, est-ce qu’on a meilleur mécanisme que le référendum ? Il n’y en a pas. Il s’agit là de ce que l’on appelle la démocratie directe. Moi, je suis pour que l’on arrive à une solution transactionnelle, mais si l’on n’y parvient pas, le référendum devient l’unique issue. Mais le consensus reste la meilleure solution.
En quoi faisant ?
En discutant et en cherchant à s’entendre. Mais, si on ne s’entend pas, on fait quoi ? Il faut aller au référendum. Toutefois, j’ai toujours dit et écrit que si référendum il doit y avoir, il faut qu’il soit transparent. On prend toutes les garanties en faisant venir les observateurs internationaux en plus de la CENI. Il faut aussi, comme au Sénégal ou au Mali, que des observateurs nationaux, issus de la société civile, soient déployés.
Mais la présence des observateurs internationaux ne garantit pas à 100% la transparence d’un scrutin.
Mais si c’est çà, on n’organisera jamais d’élection en Afrique ; il faut partir de la bonne foi de tout le monde. Maintenant, si le peuple dit de modifier l’article 37, on le fait. S’il refuse aussi, on tire toutes les conclusions et on laisse la Constitution en l’Etat..
Ne perdons pas de vue que l’article 37 a une histoire qui remonte au Collège de sages.
Mais qui avait élu le Collège de sages ? Quand on veut parler au nom du peuple, on se fait élire par le peuple. Le Collège de sages a fait un travail remarquable. Mais il ne faut pas en faire ce qu’il n’était pas.
C’est vrai, mais les sages ont été appelés à la rescousse, ils ne s’étaient pas auto-saisis.
Appelés à la rescousse oui, mais cela ne leur confère pas une légitimé absolue. C’est la même personne qui les a appelés à la rescousse que vous contestez aujourd’hui.
Donc, à vous entendre, vous épousez l’idée du référendum ?
J’ai une position. J’ai toujours été pour le référendum. Pourquoi les gens ont peur du référendum s’ils sont sûrs d’eux ? Pourquoi les mêmes personnes qui estiment qu’elles parlent au nom du peuple ont peur que l’on interroge le même peuple ? Vous savez, nul ne peut être certain à l’avance du résultat d’un référendum. Rappelez-vous l’exemple du Kenya, il y a quelques années.
Comparaison n’est pas raison. Mais, peut-être que chez nous la fraude a une autre dimension.
Ah, si c’est ça, cela signifie que c’est la fraude qui les a fait élire députés pendant 20 ans. Si les gens ont peur de la fraude, ils doivent mettre en cause leur propre légitimité pendant 20 ans. Il faut cesser de voir de la fraude partout. Il est impossible aujourd’hui de frauder massivement au Burkina.
Quel est, selon vous, l’avenir politique de Blaise Compaoré ?
Sur cette question, je ne peux pas tellement en parler parce que j’estime qu’il faut poser la question à l’intéressé lui-même. Mais, à mon avis, quand on a fait 25 ou 30 ans à la tête d’un Etat, on ne doit plus se poser de question en terme d’avenir politique. Après 30 ans, que peut-il encore faire pour le Burkina qu’il n’a pas fait ? Il faut simplement aménager le passage à une autre phase de l’histoire politique du pays.
Si Blaise devait se présenter en 2015, ce sera son dernier mandat
Donc, pour vous, il est temps que le Président s’en aille, dans la mesure où il n’a plus rien de nouveau à proposer au peuple ?
Non. Pour moi, même si les gens ne le veulent pas, nous sommes dans une phase de transition. On a quelqu’un qui a dirigé le pays pendant 27 ans ; il faut chercher un mécanisme pour qu’on ait le passage. En fait, là où on diverge, c’est que certains estiment que 2015, c’est la ligne rouge qu’il ne faut pas dépasser.
C’est ce qui est prévu par la Constitution non ?
Oui, mais la Constitution n’interdit pas non plus de renouveler le mandat du Président, car elle n’interdit pas de modifier l’article 37. Ce que moi je dis toujours à mes amis, et je sais que certains n’aiment pas entendre cela, c’est que si Blaise Compaoré devait se présenter en 2015, ce serait son dernier mandat. Je ne crois pas qu’il puisse aller au-delà dans le temps.
Qu’est-ce qui vous fonde à penser ainsi ?
C’est une conviction personnelle. J’ai peut-être tort. Mais je suis sûr de ce que je dis. Je ne crois pas sincèrement que Blaise, s’il se présente en 2015, puisse faire autrement.
De plus, il a la possibilité d’écourter son mandat, puisque dans ce domaine, il est plus facile d’écourter un mandat que de le prolonger. Il lui reviendrait d’associer toutes les forces politiques qui le souhaitent à la gestion de la dernière phase.
Un mot sur la médiation interne qui semble prendre du plomb dans l’aile.
On souhaite tous que la médiation aboutisse. Mais on négocie quoi exactement ? (Ndlr : l’interview a eu lieu avant la fin de la méditation)
Une porte de sortie pour le président, dit-on.
Ah bon, vous êtes sûr que c’est ça ? Non. On est dans une situation où deux camps s’affrontent, ont des divergences profondes ; c’est normal qu’il y ait une médiation. Je répète que nous souhaitons que la médiation aboutisse. Qu’elle nous permette de trouver une solution transactionnelle. Si ceux qui soutiennent la majorité et ceux qui soutiennent l’opposition n’arrivent pas à s’entendre, dites-moi pourquoi, en démocratie, on ne peut pas aller au référendum ? On n’a pas le choix.
Où en est-on exactement avec cette idée du référendum ?
On attend de voir ce que va produire la médiation.
Si la médiation aboutit, je pense que le problème est réglé. Si la médiation n’aboutit pas, croyez-moi, je ne vois pas d’autre solution que le référendum. Car il faut éviter tout affrontement.
Donc, vous approuvez l’idée d’une transition politique apaisée avec un bonus accordé au Président ?
Non, ce n’est pas une question de bonus. Quelqu’un a dirigé le pays pendant 27 ans, ce n’est pas raisonnable de penser qu’on peut le remplacer du coup comme ça.
Par transition, il faut entendre le passage entre l’exercice du pouvoir qui a beaucoup duré et un nouvel exercice du pouvoir. Et je pense que le président lui-même est ouvert à cette idée.
Mais pourquoi ne pas commencer cette transition d’ores et déjà ?
Pourquoi voulez-vous qu’elle commence d’ores et déjà ? On a une crise politique actuelle qui est d’abord la crise d’un parti politique.
Ce n’est pas une crise institutionnelle globale du système burkinabè. Est-ce que les institutions ont cessé de fonctionner ? Non.
Pourquoi alors parler de transition si l’on reconnaît qu’il n’ y a pas de crise institutionnelle ?
Non. Je suis surpris de savoir que les Africains ingurgitent tout ce qu’on leur amène de l’extérieur sur les idées d’alternance et autres. Jean Claude Junker du Luxembourg où le Grand duc n’a qu’un pouvoir nominatif, a été au pouvoir pendant 18 ans. Il voulait même entamer la 19e année en décembre. Pourtant, l’on considère le Luxembourg comme un modèle de démocratie. Vrai ou faux ?
On a coutume d’entendre dire qu’avec Blaise, c’est la sécurité et la paix. Mais est-ce qu’en tenant coûte que coûte à rester au pouvoir après 2015, Blaise lui-même ne devient pas une menace pour la paix ?
Ça c’est un débat à mener. Je ne suis pas contre ce débat. Je dis seulement que l’on ne peut pas ne pas tenir compte de ce que le système a duré si l’on veut une transition apaisée. Et c’est sur ça que l’on ne s’entend pas. Est-ce la fin du monde si Blaise se présente en 2015 ? Non. Evidemment non ! Mais je répète que s’il se présente en 2015, ça doit être clair à mon avis que c’est son dernier mandat. Ça c’est ma position. Je n’ai pas dit que c’est celle du CDP. Je connais des gens qui sont contre cette opinion aussi bien au sein du parti qu’au sein de la société civile.
Selon vous, l’opposition a-t-elle raison ou tort de demander un mandat à la majorité avant le début des négociations avec les médiateurs ?
Ça c’est un faux problème. Des partis politiques de deux camps opposés s’affrontent ; je ne vois pas ce que Blaise vient faire dans ça.
Mais c’est lui qui est au centre de tous les débats qui se mènent actuellement.
Si les partis de l’opposition tiennent à ça, qu’ils aillent discuter directement avec Blaise ! Il les reçoit non ? Il les reçoit. Si c’est ça, vaut mieux aller discuter avec Blaise.
Il s’agit là d’un problème de confiance. L’opposition dit que le pouvoir ne tient pas parole.
Si vous allez sur ce terrain, ce serait très difficile. Tous les responsables politiques de ce pays, on les connaît.
Qui tient sa parole ? Qui ?
Donc en disant cela, vous reconnaissez implicitement que l’opposition n’a pas tort ?
Ce n’est pas une question de la majorité ou de Blaise Compaoré. On est dans des pays où toutes les positions sont mouvantes. C’est pourquoi je dis qu’opposition et majorité devraient s’asseoir et discuter ouvertement. Ce n’est pas une question de Blaise d’abord. Si l’un des camps pose des questions qui vont dans le sens de la volonté de Blaise Compaoré, c’est une autre histoire. Le Président du Faso n’est pas le patron politique de tous les partis de la majorité.
Que dire alors de ceux qui pensent que le président du Faso est au-dessus des institutions ?
Non. Non, c’est un abus de langage. Personne n’est au-dessus des institutions dans un Etat de droit. Le Président du Faso, dans la Constitution, est au centre des institutions parce que c’est lui qui est chargé de veiller à leur bon fonctionnement. On ne peut pas dire qu’il est au-dessus des institutions ; ce n’est pas exact.
Est-ce à dire que le CDP ne peut pas présenter un autre candidat en 2015, autre que Blaise Compaoré ?
Si aujourd’hui ou demain, Blaise décide de ne pas se présenter, il faudra bien que le CDP présente un candidat.
Qui peut être ce candidat ?
On verrait dans ce cas-là. Je ne peux pas vous le dire. Toujours est-il que le CDP trouvera un candidat. Je crois que dans cette histoire, il y a des erreurs que l’on est en train de commettre. L’une de ces erreurs qui vient souvent de certains de nos militants, c’est de minimiser les démissions au sein du parti. J’estime que ce qui se passe n’est pas bon pour nous. Personne ne peut imaginer que le départ d’un homme comme Roch est un non-événement pour le parti. Mais ceux qui sont partis aussi ne devraient pas croire que tous les militants du parti sont avec eux. C’est une erreur car ce n’est pas vrai. Allez dans les provinces, vous verrez. Ça dépend des provinces. Mais si aujourd’hui, Blaise Compaoré dit qu’il ne se présente pas, il y aura bien un candidat du CDP. Je ne peux pas vous dire qui parce que l’on va discuter d’abord.
Seriez-vous prêt à porter le flambeau du parti ?
Moi ? Je ne me suis jamais mis dans cette position. Mais je suis sûr qu’au sein du CDP, on aura un candidat.
Et croyez-moi, contrairement à ce que les autres pensent, il sera difficile de le battre.