Avec la mise en œuvre de la décentralisation, le développement s’appuie sur le principe de « penser global et agir local » pour associer les acteurs aux décisions les concernant. En effet, les responsables politiques et les opérateurs de développement sont de plus en plus convaincus qu’il n’y a pas d’assainissement possible sans prise en compte des références géographiques, sociales et culturelles des populations concernées. L’action locale est d’autant plus indispensable que l’intérêt de développer de bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement n’est pas forcément directement perceptible par les populations en termes d’amélioration de la santé et des conditions de vie. La politique nationale d’assainissement au Burkina Faso ambitionne de faire mûrir ces priorités, de coordonner les acteurs et de développer des stratégies sous-sectorielles et des plans d’action opérationnels. Ce processus connaît malheureusement des limites au regard du niveau technologique, organisationnel et des moyens financiers des collectivités de base, malgré la promulgation du code général des collectivités territoriales. L’assainissement est un concept global, transversal prenant en compte les aspects politiques, institutionnels, techniques, financiers, qui traduit une problématique complexe qu’il convient de bien poser, segmenter et analyser. L’analyse montre qu’en Afrique et plus particulièrement au Burkina Faso, les facteurs suivants sont déterminants. Ce sont principalement l’urbanisation galopante liée à sa forte croissance démographique, le non-respect de la législation en matière d’environnement, la pauvreté qui frappe une grande partie de la population, l’analphabétisme et l’insuffisance des dispositifs d’éducation sanitaire, l’insuffisance et/ou l’inadaptation des systèmes d’assainissement. Il en résulte que la situation de l’assainissement urbain et rural est désastreuse. Dans la plupart des villes du Burkina, il existe un réseau d’évacuation à ciel ouvert des eaux de pluie qui reçoit le trop-plein des fosses septiques et les rejets industriels. Ainsi, les eaux usées sont directement rejetées dans l’environnement tout comme les matières de vidange des fosses étanches et des latrines traditionnelles. En milieu rural où les populations ne disposent d’aucune infrastructure d’assainissement, les alentours des concessions sont des lieux de prédilection pour la défécation des populations, souillant les retenues d’eau et autres puits traditionnels, surtout en saison pluvieuse. Seulement 10% de la population en milieu rural et 14% en milieu urbain disposeraient d’un système d’assainissement à domicile.
Pour pallier cette situation déficiente, la politique nationale d’assainissement au Burkina Faso se fixe comme objectif de résorber significativement les problèmes de pollutions de l’air, des sols et des eaux. Elle vise à mettre en place des systèmes adaptés, maîtrisables par la population et favorisant la valorisation les sous-produits, la génération des nouveaux revenus et l’investissement dans le secteur. Il revient donc aux acteurs commis à la tâche de mettre les bouchées doubles pour relever ces défis au grand bonheur des populations.
En rappel, l’assainissement au Burkina Faso peut être défini comme un ensemble d’actions permettant d’améliorer les conditions de vie et d’habitat des populations, de préserver leur santé et de protéger les ressources naturelles. Il ne consiste donc pas seulement à la fourniture d’ouvrages, mais aussi à la mise à disposition de services dans un contexte social, institutionnel et financier adéquat. Du point de vue institutionnel au Burkina Faso, le secteur de l’assainissement se subdivise en sous-secteurs suivants qui déterminent les domaines d’intervention des acteurs. Le sous-secteur déchets liquides concerne les eaux usées issues des usages domestiques et les eaux résiduaires des industries et établissements assimilés des administrations et des commerces, les huiles usagées et les produits phytosanitaires périmés ou obsolètes. Le sous-secteur eaux pluviales intéresse la gestion des eaux de pluie et de ruissellement. Le sous-secteur déchets solides comprend les déchets solides urbains, les déchets solides dangereux et assimilés (biomédicaux, industriels) et les déchets spéciaux (déchets électroniques, amiante, etc.). Le sous-secteur déchets gazeux caractérise tous les effluents gazeux issus des installations fixes et mobiles de combustion, les gaz issus des processus de décomposition biologique, les émanations gazeuses issues des procédés industriels ou de l’entreposage de certains produits chimiques, et les nuisances olfactives.
Kowoma Marc DOH
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Source : www.eauburkina.org  ;