En l’espace de 48 heures (6-8 novembre) deux pays qui régentent le monde ont élu et choisi leurs dirigeants : Les Etats-Unis d’Amérique et la Chine continentale. Le 6 novembre dernier, les Américains ont élu le 45e président du pays, en la personne de Barack Obama qui rempile pour un mandat de 4 ans.
Une élection démocratique puisque les règles de ce mode de dévolution du pouvoir ont été respectées jusqu’au rafinement, avec ce zeste de spécificité yankée que sont les grands électeurs : le vainqueur a certes obtenu la majorité des grands électeurs (270), avec 303 voix mais, l’onction du vote populaire penche du côté du vaincu Mitt Romney. Une complexité du fédéralisme américain.
Ce 8 novembre 2012, le plenum du parti communiste chinois (PCC) a repliqué ce qui se fait depuis Mao Zedong : la désignation du Secrétaire général du PCC qui est de facto le président de ce pays-continent.
Xi Jinping, vice-président de la Chine depuis 2008 accède ainsi au sommet du Baltoro Muztagh, le mont le plus haut du pays.
Deux choix de dirigeants, deux «démocraties» qui, quoi qu’on dise, fonctionnent à merveille, malgré leurs insuffisances. Le poids économique et démographique de ces 2 Nations faisant que tout changement de pouvoir dans l’un ou l’autre est observé à la loupe.
Et si les analystes s’attardent sur les similitudes de ces 2 événements, c’est bien sur deux aspects : leur concommittence et la crise mondiale qui secouent le monde.
Les Etats-Unis depuis l’éclatement de la brille immobilière et l’avènement des subprimes sont empêtrés dans une crise économique et financièrement grave ; mais demeurent la première puissance économique et militaire de la planète.
Le PIB chinois qui progresse à pas de géant devra en principe, dépasser celui des USA d’ici quelques années. Le Yuan sous évalué, donne de sérieuses estocades au dollar, et la accroissance est de 10%/an depuis 30 ans. Qui dit mieux ?
Pour le reste, tout sépare, surtout politiquement, les USA et la Chine :
- Sur les bords du Potomac, la course à la Maison-Blanche n’est jamais fait de ruissellements tranquilles. Les harassantes primaires intra-partis, puis la réunion de sommes colossales, la campagne elle-même faite de meetings, de poignets de main jusqu’à tuméfaction sont autant d’épreuves qui, légitiment vraiment l’élu. Autant dire qu’il y a une vraie campagne pour séduire l’électorat.
Enfin une élection américaine est toujours suivie de façon quasi-planétaire.
- Sur les rives du Yang tsé, tout change pour que rien ne change, c’est le «changement dans la continuité».
Le tapis sur lequel s’est arrêté Mao Zedong pour la photo de famille est pratiquement identique à celui de Hu Juntao, et pareillement pour Xi Jinping. Les empereurs rougent se suivent et se ressemblent.
Et encore ! Le choix du premier dirigeant chinois est toujours régis par le mandarinat. Sur les 1,3 milliards d’âmes, 80 millions sont membres du PCC, lesquels «élisent» 2 000 délégués, qui à leur tour voteront pour asseoir le comité central (203 membres) dont certains ont le droit à la parole, mais pas à celui du vote. Puis il y a les 25 éléments du Bureau politique, qui élisent les «9 sages» ce cénacle où bat le cœur du pouvoir chinois.
Ce sont là les ambiguïtés également de la «démocratie» chinoise, qui fonctionne sur le centralisme démocratique, ce système cher à Lenine qu’ont pris à leur compte les Chinois. Bref, c’est un avatar de la démocratie, car si l’Empire du milieu n’est pas la Corée du Nord, il n’est pas non plus la Norvège : la pauvreté y est toujours omniprésente, des scènes dignes de 1984 (1) sont palpables, telles l’imposition régulière de ce mur de Berlin numérique pour barrer la route à la Toile… Mais «qu’importe la couleur d’un chat pourvu qu’il attrape des souris», avait laché le grand timonier.