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L`Observateur Paalga N° 8580 du 17/3/2014

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Meeting du MPP à Ouahigouya : Salif à la reconquête du Nord perdu
Publié le lundi 17 mars 2014   |  L`Observateur Paalga


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© aOuaga.com par A.O
Politique : le MPP à la rencontre de ses militants de Saaba
Dimanche 9 mars 2014. Ouagadougou. Une délégation de la direction du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a rencontré les militants du parti dans la commune rurale de Saaba située dans la banlieue est de la capitale burkinabè


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Pari tenu par le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) le samedi 15 mars 2014 dans la région du Nord. A Gourcy comme à Ouahigouya, l’arrivée des leaders du parti dissident du CDP a déclenché le déferlement d’une véritable marée humaine sans précédent. Du « ziniaré » (1), comme on dit ici en Yadéga.

Fou, fou, fou ! Quelle foule ! Quelle effervescence !

A quelque cinq kilomètres de l’entrée de Gourcy, chef-lieu de la province du Zondoma, une colonne d’engins à deux-roues et de véhicules. Les pots d’échappement crachent des volutes de fumée. L’atmosphère est intenable. Les uns toussent. Les autres larmoient. Tous tiennent le coup.

Simon Compaoré, deuxième vice-président du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), devine déjà la Une des journaux du lundi :

- « Entrée triomphale du MPP à Ouahigouya ».

- «Ceux qui disaient que le Zondoma est une citadelle imprenable n’auront que leurs yeux pour pleurer».

- «La localité est tombée dans les mains du MPP aujourd’hui».

Mamadou Ouattara, président du comité d’organisation du meeting régional verse dans le messianisme : «Vous êtes dans le bastion inexpugnable du MPP avec des centaines de milliers de fantassins de la démocratie et de l’état de droit. Jamais, je dis bien jamais, dans l’histoire politique de notre pays, la naissance d’un parti politique n’aura été aussi désirée, souhaitée, voulue, attendue et parfois même exigée».

A Gourcy, les trois leaders du MPP, les RSS, entendez par là, Roch, Salif et Simon prennent la mesure de leur popularité.

Hasard de calendrier, cette première apparition du MPP à un large public au Zondoma, coïncide avec la fête de Napassoum du Naba Baongo de Gourcy. Le long cortège s’ébranle alors vers la cour royale. Pour une visite de courtoisie.

Autour de 12 heures, cap sur la place de la Nation. La foule s’étend à perte de vue. Le comité d’organisation est visiblement débordé. Des membres du bureau exécutif national manquent de places. Les journalistes jouent des coudes pour se frayer un chemin.

Le meeting peut enfin commencer. La rencontre tourne en réquisitoire contre le pouvoir avec un ton à l’avenant.

Pour les jeunes, la naissance du MPP est une délivrance pour l’ensemble de la population du Zondoma, particulièrement la frange jeune, qui a tant souffert de l’embrigadement orchestré par certaines notabilités locales qui ont fait du parti une affaire de «belle-famille».

Même sentiment d’espoir chez les femmes et les anciens. «Tout fonctionnait au ralenti ici, la province était morte. Beaucoup de fils valeureux de la province n’y mettaient plus pied à cause de la prégnance d’une campagne de dénigrement, de la culture de l’intolérance et de la politique d’exclusion qui avaient cours. Cette époque est révolue avec l’arrivée du MPP. Que tous ceux qui souffraient dans leur chair reviennent. C’est main dans la main, dans le respect et la dignité que nous allons travailler à booster le développement du Zondoma et en faire un havre de paix», s’est réjoui El hadj Abdoulaye Sambologo Ouédraogo.

Pour Lassané Sawadogo, point focal du MPP, toutes les dérives qui enrayaient le bon fonctionnement du CDP sont parties du Zondoma, village du mari de la «belle-mère nationale» avant de se propager dans les autres localités.

Quant à Salif Diallo, après une si longue longue traversée du désert, la soif d’en découdre est inextinguible : «C’est la fin de l’esclavagisme au Zondoma avec le MPP. Des dignes fils de cette province ont travaillé durement pour asseoir le l’ODP/MT, ensuite le CDP dans tous les hameaux de culture, entre-temps, une personne est venue comme une mouche tombée dans la bonne sauce qu’on avait préparée. Sous prétexte qu’il est beau-père de la famille présidentielle, il se permettait tout. Plus personne n’imposera quoi que ce soit à quelqu’un ici. C’est le peuple qui règnera. Celui qui refusera de se plier à la volonté de la majorité nous rencontrera sur son chemin».

Roch Marc Christian Kaboré a tout simplement convié les militants à un nouveau rendez-vous : celui du changement à la tête de l’Etat.

Après la mise en jambes de Gourcy, direction Ouahigouya. La vague déferlante de militants venus accueillir la délégation depuis le poste de péage à 12 km de la cité de Naaba Kango, laissait voir déjà l’état de la mobilisation.

17 heures. Le cortège atteint enfin le centre-ville. La foule est en délire. L’impressionnant dispositif de sécurité ne peut contenir l’affluence.

Les invités de marque gagnent leur place après un bain de foule. Du coup, c’est le début d’une lutte féroce entre les chargés de sécurité, les militants et les journalistes, chaque partie tenant à se faire une bonne position. Les appels à l’ordre se multiplient. La marée humaine ne cesse d’envahir l’aire du meeting.

Les représentants des jeunes, des femmes, des anciens et des chefs coutumiers se succèdent à la tribune pour exprimer leur attachement et leur engagement à ceux qui ont le courage de s’opposer aux diktats d’une poignée de personnes. «Roch, Trouve-toi une bonne couverture solide et porte bien Salif au dos. Tant que Salif Diallo sera avec toi, toute la région du Nord sera avec toi», lance la représentante des femmes, Fati Ouédraogo.

Le Larlé naaba Tigré, lui, a appelé ses pairs à travailler pour le peuple et avec le peuple. Simon Compoaré a prononcé un discours très accrocheur. Il a d’abord demandé des excuses à Salif Diallo et à l’ensemble de la population de la région du Nord pour la sanction qui lui avait été infligée après son interview en 2009 dans le journal L’Observateur paalga, parlant de la mal gouvernance et de la patrimonialisation du pouvoir. «Nous avons reproché à Salif d’avoir vendu la mèche très tôt, mais finalement c’est lui qui a eu raison», admet l’ancien maire de Ouagadougou. «Malgré la sanction, nous avons continué les échanges. Le contact ne s’est jamais rompu entre nous trois», informe-t-il. «Présentement notre union est passé du ciment au béton», insiste-t-il. Pour ceux qui par leur gourmandise du pouvoir tentent de faire basculer notre cher Faso dans le spectre de la violence, Simon Compaoré les invite à être des démocrates sincères car il n’y a personne mieux que lui pour témoigner des conséquences d’actes de vandalisme. Et d’indiquer les marques indélébiles de la bastonnade des militaires sur son crâne en 2011. Très direct, Salif Diallo a traduit tout l’engagement et la détermination du MPP à faire en sorte que l’alternance soit une réalité en 2015. Il a réaffirmé que les leaders du MPP seront prêts à se battre jusqu’au prix de leur vie pour empêcher l’organisation d’un référendum, la révision de l’article 37, et la mise en place du Sénat. «Après la mort de mon ami Norbert Zongo, l’ensemble des composantes de la société avait clairement établi que tout président élu ne fasse pas plus de deux mandats. J’ai demandé personnellement à Blaise, est-ce qu’il est prêt à assumer cette disposition à inscrire dans la Constitution, il m’a répondu oui en son temps. Il n’est pas question qu’il revienne en arrière aujourd’hui. Ici au Yatenga, nous voulons qu’on transmette à Blaise qu’il a travaillé pour le Burkina. Ensemble nous avons assis les bases du développement. Mais au regard de la Constitution, le temps qui lui était imparti prend fin en 2015 et c’est une autre personne qui doit le remplacer», répète Salif Diallo.

Quant à l’identité du successeur du président, Salif Diallo ne se fait pas de doute «Roch Marc Christian Kaboré sera notre président en 2015 !» martèle-t-il, du haut de la tribune. Il confirme son titre de faiseur de roi en ces termes «c’est moi qui avait déclaré que Blaise Compaoré sera notre président en 2005. En 2015, je dis que ce sera Roch», soutient-il. Au sujet de ses anciens lieutenants qui sont restés au CDP, Salif réplique avec un ton teinté d’ironie «ils attendent de terminer les miettes qui y restent avant de venir. Ils n’ont pas fini de se lécher les doigts. Soyez patients, ils vont nous rejoindre». Pour Roch, le gros lot du travail pour l’acceptation, l’implantation du MPP a été fait dans la région du Nord, plus particulièrement au Yatenga, mais le chemin est encore long et le temps presse. 2015 n’est pas loin alors que le MPP veut le fauteuil présidentiel pour traduire en actes concrets ses engagements avec la population. Pour que cela advienne, prévient-il, il faut une réelle détermination sur le terrain durant les 21 mois qui nous séparent des prochaines élections présidentielles.


Emery Albert Ouédraogo



Encadré


Couacs entre le propriétaire des panneaux d’affichage et le comité d’organisation

Les membres du comité d’organisation du meeting régional du MPP à Ouahigouya ont eu maille à partir avec le propriétaire des panneaux sur lesquels sont mis les encarts publicitaires et implantés à certains endroits de la cité de Naaba Kango. A peine ont-ils fini de coller les affiches sur lesdits panneaux, au cours de la nuit du jeudi 13 mars 2014, que le propriétaire depuis Ouagadougou menace de les faire arracher. Reprochant au comité de n’avoir pas respecté la procédure qui sied en la matière, il a dit par la suite recevoir des pressions de hauts responsables de l’Etat qui lui reprochent d’accorder des faveurs au MPP. Toute la journée du vendredi 14 mars, le président du comité d’organisation a multiplié les contacts téléphoniques avec le propriétaire des panneaux afin de trouver un terrain d’entente. Ce dernier a fini par dire que ceux qui le menacent exigent qu’il leur présente le contrat qui le lie au MPP.

Menace de coupure d’électricité

Longue a été la nuit du jeudi 13 mars 2014 pour le comité d’organisation de ce meeting. La nouvelle d’un communiqué de coupures d’eau et d’électricité du vendredi 14 mars au dimanche 15 mars 2014 a été annoncée à travers la ville. Inquiet, le comité d’organisation a pris langue avec le directeur régional de la Sonabel dans la matinée du vendredi 14 mars 2014. De cette entrevue, il est ressorti que la coupure d’électricité concernerait uniquement la journée du dimanche 15 mars 2014.

Quinze millions de F CFA pour le meeting de Ouahigouya

A en croire certaines sources, le MPP, dans sa volonté de susciter l’engagement, le dévouement et l’esprit de sacrifice de ses militants, a choisi de ne pas intervenir financièrement parlant, dans les meetings organisés dans les localités. En ce qui concerne Ouahigouya, le bureau exécutif national n’aurait pas déboursé le moindre kopeck au titre du parti. Toutes les contributions matérielles et financières, évaluées par le président du comité à hauteur de 15 millions de FCFA, ont été faites à titre individuel par des militants et sympathisants du parti. Certains ont confectionné des pagnes, d’autres ont assuré le payement des spots publicitaires et des affiches, la location des cars, des stands, etc. La contribution des membres du comité d’organisation s’élève à plus d’un million de FCFA.

Des délégations venues d’autres régions du Burkina

Des délégations sont venues d’autres régions pour participer à ce meeting MPP à Ouahigouya. Des représentants des ressortissants du Yatenga dans la région des Hauts-Bassins sont arrivés au cours de la nuit du jeudi 13 mars 2014 avec trois minicars, à leurs frais. Laya Sawadogo, lui, a mis un car de 80 places à la disposition des militants du Soum.

20 millions de FCFA pour corrompre une militante MPP

De la bouche de Salif Diallo au cours du meeting, on apprendra que le CDP aurait tenté de corrompre une intrépide militante du MPP à hauteur de 20 millions de FCFA, plus 7 tonnes de riz, et 7 tonnes de maïs. Cette dernière a répliqué que depuis la vingtaine d’années qu’elle a milité au CDP, elle n’a jamais été l’objet d’une telle marque d’attention. Elle entend traduire dignement son militantisme au MPP, comme elle l’avait fait auparavant avec le CDP, sans aucun marchandage financier.

Le carburant pour l’accueil a été l’œuvre de trois personnes

Les centaines de motocyclistes qui sont allés accueillir les trois leaders du MPP à 12 km à l’entrée de la ville ont bénéficié d’une dotation en carburant. Le jus a été servi aux bénéficiaires à deux nouvelles stations d’essence situées sur la Nationale n°2. De sources proches du comité d’organisation, cette contribution serait l’œuvre de trois personnes qui ont agi sous le couvert de l’anonymat.

Bonne entente entre le Larlé Naba Tigré et le Naaba Kiiba

La présence des principaux ministres du roi du Yatenga n’a pas été remarquée à ce meeting du MPP. C’est le chef de Kossouka, commune située à 55 km de Ouahigouya, qui a parlé au nom de la chefferie coutumière. A en croire le Larlé Naaba Tigré il y a une parfaite entente, sinon une complicité, entre lui et le Yatenga. Et de dire à mots voilés que ce serait étonnant qu’eux deux aillent dans des directions contraires.

Rassemblés par EAO

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