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Le Quotidien N° 1013 du 15/3/2014

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Candidature de Bouteflika en Algerie : une incongruité africaine
Publié le samedi 15 mars 2014   |  Le Quotidien


Le
© Autre presse par DR
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika


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Dans un mois, se tient l’élection présidentielle algérienne. Mais comme dans bien des pays sous nos tropiques, cette échéance se présente non pas comme un simple rituel démocratique, mais plutôt comme un événement à hauts risques.

Les élections sont des sources d’instabilité à cause de la propension des dirigeants à violer les règles du jeu. L’Algérie n’échappe pas à cette boulimie du pouvoir qui amène certains dirigeants à se comporter en de véritables potentats. Le pays est ainsi pris d’une fièvre qui ne cesse de s’aggraver, avec la 4e candidature d’Abdelaziz Bouteflika.

En dépit d’un bulletin de santé alarmant, Bouteflika a présenté sa candidature, qui d’ailleurs a été validée. Et il sera réélu. Le péché originel qui permet cette aberration, c’est la modification constitutionnelle de 2008 sautant le verrou limitatif des mandats présidentiels. Par un vote au parlement, Bouteflika avait mis fin à la clause limitant les mandats à deux.

Il y a bien eu, à l’époque, une Initiative civique pour le respect de la Constitution, qui s’est opposée à l’amendement constitutionnel pour déverrouiller le nombre de mandats. Mais ce fut peine perdue. N’ayant pas pu (ou voulu) empêcher cette forfaiture en son temps, les Algériens se voient aujourd’hui obligés de subir un président âgé et malade, décidé à mourir au pouvoir. Une vraie humiliation pour un pays dont la population, majoritairement jeune, aspire au changement. Au lieu de cela, on lui sert un immobilisme qui compromet dangereusement son avenir. Cette candidature d’un président grabataire est une incongruité propre à l’Afrique.

Les manifestations observées ici et là contre la candidature absurde de Bouteflika n’y changeront rien, le mal est déjà fait depuis 2008 avec le tripatouillage de la Constitution. Le cas algérien est illustratif des dangers que comporte la non limitation des mandats présidentiels dans les pays africains. Si les Algériens se réveillent enfin, parce que scandalisés au plus haut point par la tournure prise par les événements, c’est tant mieux. Mais il faut craindre que ce soit bien tard.

Le réveil est d’autant plus douloureux que le peuple algérien doit se battre seul, pour se sortir des griffes de l’oligarchie militaro-civile. En effet, aucune voix occidentale, si prompte d’habitude à dénoncer les entraves à la démocratie en Afrique, n’a émis la moindre critique. Il y a là une diplomatie à deux vitesses qui est révélatrice de la vraie nature des relations internationales. Parce que l’Algérie est assise sur des gisements de pétrole et qu’elle offre des marchés infinis aux hommes d’affaires occidentaux, elle bénéficie d’un traitement de faveur.

Ce sont les intérêts d’abord. La France a un autre handicap qui est celui d’être l’ancienne puissance colonisatrice. Elle est muselée en raison de ses rapports difficiles avec l’Algérie, mais qu’elle tient à préserver à tout prix, au nom de la realpolitik. Bref, sauf si la répression contre la mascarade électorale en cours devient sanglante, Bouteflika peut dormir tranquille.

Le silence sur l’Algérie, au-delà de Bouteflika, est un mauvais signal adressé à tous les potentats africains. Il est de nature à encourager tous ceux qui s’accrochent au pouvoir de par le continent. Certes, les luttes pour la liberté et la démocratie sont avant tout du ressort des peuples africains. Cependant, on ne peut occulter l’importance du coup de main des organisations des droits de l’homme et des Etats occidentaux. Car nombre de dirigeants africains, faute de légitimité interne, lorgnent du côté des capitales occidentales pour être adoubés. Sans compter que le réalisme politique et économique commande qu’ils n’aient pas à se brouiller avec leurs bailleurs de fonds.

A moins qu’on ait décidé de vivre en autarcie et de laisser mourir son peuple à petit feu, comme le fait un certain Robert Mugabe au Zimbabwe .

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