Cette déclaration est l’œuvre d’un conseiller pédagogique itinérant dans laquelle il mène une réflexion sur le rôle de l’éducation dans la promotion de la paix.
Les vertus jadis cardinales de solidarité, de patriotisme, du sens du devoir bien accompli, du sens du bien commun, sont aujourd’hui des concepts qui se vident chaque jour de leur sens. C’est le constat que nous pouvons faire. Ce n’est un secret pour personne. Depuis un certain temps, le pays des hommes intègres vit un certain désordre qui ne dit pas son nom ; marches, sit-in caractérisés, protestations, répliques, bras de fer et parfois même, des propos outrageants…et que sais-je ? Pour n’en citer que cela.
Les conséquences de ces troubles sont incalculables. L’enjeu en vaut la peine et chacun ou chaque acteur se doit d’apporter sa contribution aussi minime soit-elle, pour le retour d’un ordre social et d’une cohésion entre les acteurs de ce pays. C’est dans cette optique, que je me propose de vous faire l’analyse suivante :
- d’abord il convient de reconnaître qu’il est difficile de porter un jugement objectif sur la situation nationale quand on est soi- même un acteur assurant des responsabilités qui sont les nôtres.
C’est pourquoi, j’ai personnellement évité de faire des analyses poussées sur telle ou telle autre situation. L’objectif pour moi étant d’alerter et d’exposer aux générations présentes et futures, les règles élémentaires d’une cohésion nationale solide ;
- ensuite, une telle démarche nécessite certainement un recul par rapport aux évènements pour mieux les appréhender dans toutes leurs dimensions, ce qui n’est pas chose aisée.
L’essentiel pour moi est de contribuer positivement, je l’espère, à la réflexion sur le retour d’un certain calme et d’une réconciliation véritable et durable dans ce pays jadis épris de paix, de justice et d’intégrité sans pareille.
Comme certains l’ont déjà dit, je reste convaincu que si chaque institution sait quelle est sa place et quel est son rôle dans le processus démocratique, il y a de fortes chances que la réconciliation tant souhaitée entre les Burkinabé soit réelle et véritable.
A propos, ayons le courage de nous faire entendre et de faire cela, non pour satisfaire telle ou telle ambition personnelle réelle ou supposée, mais dans l’intérêt supérieur du Burkina Faso, notre pays pour lequel chacun de nous pense être utile à sa façon.
Pour en venir à l’objet, on ne le dira jamais assez ; dans toutes les sociétés humaines, l’éducation a toujours constitué une préoccupation quasi permanente. Elle est un secteur éminemment important pour le développement, la paix et la prospérité des nations. Quel constat pouvons- nous faire alors ?
Aujourd’hui, la famille conjugale abdique progressivement devant l’éducation des enfants dont elle devient esclave des exigences et victime des méfaits. Les longues veillées des tout petits (parfois dans la rue), «la consommation des stupéfiants », la « consommation » de la pornographie (télé, presse…) et au départ l’élevage de l’enfant comme un mouton de case, son gavage de tout ce qu’il réclame, la tolérance de ses fautes graves, (réflexion ou acte…), voilà autant de lâchetés inconnues dans la société traditionnelle et qui compromettent dangereusement la paix de demain.
Alors, jouons notre rôle d’éducateur de premier plan. Je veux ici parler de l’éducation au sein des foyers.
Avant de parler d’éducation, soyons d’accord que l’enfant naît et se développe d’abord dans une famille et celle-ci co-partage son éducation avec toutes les institutions existantes jusqu’à sa maturité.
D’une manière générale, beaucoup de familles vivent une crise d’autorité parentale et familiale. Les parents savaient jadis commander à leurs enfants qui leur obéissaient. Leur autorité était rude, mais indiscutable. Aujourd’hui, elle connaît un net fléchissement.
Les enfants rejettent de plus en plus la tutelle des parents, alors que l’enfant désobéissant en famille le sera plus tard dans la vie civile.
Quant à l’école, plus besoin de le rappeler, celle - ci doit perpétuer, prévenir et guérir les germes de la rébellion. C’est jusque-là, ce qu’elle remplit comme mission. L’éducation de l’individu germe et croît exclusivement dans la famille nucléaire. Elle est enrichie ou anéantie par la société : école, médias, rue.
Un enfant non éduqué dans la famille nucléaire sera instruit à l’école, mais il en sortira non éduqué au mépris de la morale et du civisme, et aura la malchance d’être broyé par la vie de demain car, quelque part nous n’aurons pas su créer, entretenir et préserver les règles d’une société saine et solidaire pour les générations à venir.
Nous savons qu’il existe des familles exemplaires qui ont toujours rempli leurs devoirs comme il se doit ; il convient de les féliciter et de les encourager dans cette logique, à toujours persévérer dans la préservation des valeurs citoyennes. Par contre, d’autres se doivent de revoir leur positionnement.
L’éducation au sein des familles se porte de plus en plus mal. Ce qui touche à la société préoccupe naturellement sa politique. Or si nous désirons transplanter un baobab, nous devons l’arracher encore petit ; vingt ans plus tard, nous ne pourrions plus y penser.
En dépit des clivages politiques, des divergences de culture, de religion et d’ethnie qui prévalent au pays des Hommes intègres, j’estime personnellement qu’une réflexion autour d’une érection de normes sociales communes pourrait alors être envisagée par notre auguste assemblée.
L’école pour sa part, travaille et travaillera davantage à mettre l’accent sur l’éducation au civisme. Quant à la société toute entière, son devoir essentiel consistera naturellement à :
- oeuvrer à la promotion et à la conservation des valeurs citoyennes
- la sensibilisation/formation à l’éthique socio économique et politique.
- l’éducation morale et civique dans les familles surtout.
- éducation à la paix.
A propos de la paix, il sied de rappeler que la paix est une dimension importante de l’éducation à la citoyenneté ; elle est le produit et le processus de la pratique de la citoyenneté démocratique et pluraliste. Par elle, elle doit enseigner les valeurs telles la non violence, l’amour la compassion, la confiance, la coopération, le respect pour l’humanité et la solidarité dans une vision de préparer à la vie. Cette préparation à la vie devant être ou devant se trouver au centre des politiques de nos dirigeants.
L’éducation à la citoyenneté tout comme celle à la paix, sont une entreprise éminemment éthique qui appelle au dialogue, au consentement à la règle, à la défense des droits démocratiques et à l’ouverture sur le monde. La problématique de l’éducation à la paix et à la citoyenneté ne saurait être la seule affaire de l’école ; c’est une œuvre collective qui implique et les structures éducatives et la société dans son ensemble.
Notre devoir à tous, autorités politiques, parents d’élèves, enseignants, société civile, en un mot le Burkina Faso politique, coutumier et religieux, consiste à interpeller les acteurs de la paix à construire des défenses de la paix, à promouvoir la justice, à garantir la sécurité entre les humains. Pour ce faire, il faut que les parents dans une large proportion cessent de figurer comme on le dit parmi les abonnés absents en jouant pleinement leur partition dans cette noble et délicate mission qu’est l’éducation à la paix.
Plus particulièrement à nos dirigeants, malgré la tempête de la mondialisation, l’urgence serait pour les structures compétentes, d’appliquer rigoureusement les textes réglementant les médias (vidéo- club, émissions : radio- télévision, affiches publicitaires…). Une réglementation quant à l’accession aux Technologies de l’information et de la communication (TIC) s’impose et serait également la bienvenue.
Est- il besoin de rappeler la part de responsabilité des parents dans l’éducation d’un enfant ?
Les parents que nous sommes ont le plein devoir d’éveiller et d’assurer le sens civique de nos enfants tout en faisant preuve de rigueur dans leur suivi.
C’est donc résumé ici quelques points de vue qui pourraient dans un sens ou dans l’autre, nous interpeller tous sur nos pratiques, nos habitudes et nos responsabilités, chacun à quelque niveau qu’il se trouve en tant que parent, car le chemin de la nouvelle société passe nécessairement par la transformation de nos mentalités et de nos comportements.
Pour terminer je voudrais ici, me permettre d’inviter chaque citoyen, chaque acteur à donner du sens à la toute première éducation au sein de la famille nucléaire.
Le produit de la bonne école résulte du produit de la bonne famille.
La bonne école est l’auxiliaire de la société. Mettons l’accent sur l’éducation de nos enfants par une mise en commun de nos multiples ressources et nous serons épargnés des maux qui minent et gangrènent notre société.
Paraphrasons Joseph Ki Zerbo pour dire que « l’éducation est perçue comme le logiciel de l’ordinateur central qui programme l’avenir des sociétés » .