Le Fonds national de la recherche et de l’innovation pour le développement (FONRID) a organisé sa première conférence thématique le 10 mars 2014 à l’institut Français de Ouagadougou. Placé sous le thème «Cholestérol et cancer de la prostate : quelles pistes de recherche éthiques pour une nouvelle approche thérapeutique ?», la conférence a permis de «déculpabiliser» partiellement le cholestérol considéré comme l’ennemi public n°1 de cette pathologie.
«Il y a 50 ans, on ne parlait pas de cancer de prostate sous nos cieux», dixit le Pr Ambroise Zagré, ancien recteur de l’Université de Ouagadougou. Et un autre participant d’ajouter «Mais, depuis que les habitudes alimentaires occidentales s’invitent dans nos plats, on en parle tous les jours». En effet, le cancer de la prostate est une pathologie fréquemment rencontrée chez l'homme de plus de 50 ans. Le cholestérol, une molécule indispensable à la vie et entrant dans la composition de la membrane cellulaire en permettant sa fluidité et la définition de régions particulières appelées «radeaux lipidiques», est considéré «injustement» comme le chef de file des agents pathogènes de cette maladie.
Afin d’éclairer davantage le monde scientifique et l’opinion sur cette affection de plus en plus fréquente sous nos tropiques, le FONRID, dont l’une des missions est de contribuer à faire émerger une recherche scientifique de qualité au Burkina Faso, a tenu sa première conférence thématique le 10 mars dernier à Ouagadougou. Pour ce faire, les responsables du Fonds ont fait venir de l’Hexagone, un averti de la question (physiologie moléculaire) en la personne du Pr Jean-Marc A. Lobaccaro. «Il ne sert à rien de s’enfermer sur soi-même dans le domaine scientifique. Une conférence de haut niveau comme celle-ci permet de partager les expériences entre le Nord et le Sud», s’est justifié le directeur général du Fonds, Roger Nébié.
Dans son exposé, le Pr Lobaccaro a mis en exergue un certain nombre de constats. Certes, au-delà des maladies cardiovasculaires, une hypercholestérolémie peut induire diverses pathologies, allant des maladies neurodégénératives jusqu’au développement de certains cancers. Mais, à l’écouter, on comprend que le rôle des lipides dans la survenue et la progression du cancer de la prostate n’est pas seulement lié à une alimentation riche en graisse comme beaucoup le croit. La maladie est qualifiée de multifactoriel puisque nombreuses sont les variables qui interviennent dans son incidence (vieillissement, génétique, environnement, pesticides, etc.). Ainsi, bien que les outils de diagnostic soient aujourd'hui efficaces, il reste très difficile d'établir l'origine du cancer mais aussi de pronostiquer son évolution. D’où la nécessité de mettre l’accent sur la prévention que sur la détection. Et l’érudit de conseiller : «Quand bien même la cause ne serait pas seulement liée à l’alimentation, ce n’est pas à la vieillesse qu’il faut faire attention à ce que l’on mange. C’est plutôt quand on est à la fleur de l’âge». Les participants, composés en majorité d'étudiants doctorants, de médecins, de pharmaciens, de professeurs, etc., ont fait montre d’un réel intérêt au sujet traité de par la qualité des débats. La même conférence sera donnée le mercredi 12 mars 2014 à Bobo pour éclairer davantage la lanterne du monde scientifique et des populations de la ville de Sya.