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L`Observateur Paalga N° 8577 du 12/3/2014

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Médiation interne : requiem pour un mort-né
Publié le mercredi 12 mars 2014   |  L`Observateur Paalga


Echec
© aOuaga.com par Séni Dabo
Echec de la médiation autosaisie : les initiateurs prennent acte
Lundi 10 mars 2014. Ouagadougou. L`équipe de la médiation autosaisie a organisé une conférence de presse pour prendre acte de l`échec de son initiative


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Ils auront au moins essayé. Qu’ils se soient autosaisis comme de grands garçons ou que leur initiative ait été téléguidée depuis Kosyam, les médiateurs internes qui s’échinaient voilà maintenant une quarantaine de jours à trouver une issue négociée et apaisée à la crise non encore ouverte qui couve au Burkina auront eu le mérite de tenter quelque chose. Et il faut leur en savoir gré. On le savait tous, ce n’était pas gagné d’avance et le président Jean-Baptiste Ouédraogo, qui a entamé son sacerdoce la fleur au fusil, mais dont nous nous demandions dès l’entame ce que diable il était allé faire dans cette galère, s’en est tout de suite aperçu tant les obstacles se multipliaient : d’abord la demande de la majorité de se concerter pour accorder ses violons ; ensuite la démission d’un des quatre mousquetaires en l’occurrence le pasteur Samuel Yaméogo comme si le Saint Esprit lui avait soufflé pendant le sommeil de se départir d’une entreprise vouée à l’échec ; enfin, le préalable rédhibitoire du Chef de file de l’opposition qui exigeait de ses vis-à-vis un mandat du président du Faso avant d’engager véritablement les débats de fond ; ce qui, aux yeux des autres, est inimaginable parce que le chef de l’Etat serait au-dessus des partis.

A l’évidence donc, tous, pour emprunter son expression à Blaise Compaoré parlant de Mamadou Tandja, fonçaient «dans le mur» et c’est finalement sur cette impasse qu’ils sont allés se fracasser. Sans faire les prophètes après coup, c’était prévisible et on n’avait pas besoin de tenir une boule de cristal pour s’en apercevoir. Même le centre d’accueil Marie Immaculée des bonnes sœurs où les négociateurs avaient installé leur quartier général n’aura pas apporté le miracle escompté. Pauvre Jean-Baptiste qui n’est, à l’évidence, pas prophète en son pays.
Il faut le reconnaître, plus que l’amateurisme voire la naïveté tant brocardée du négociateur en chef, c’est l’irrédentisme des deux parties qui est cause de l’échec. En exigeant une procuration à leurs adversaires, Zéphirin Diabré et ses camarades laissaient entendre qu’en réalité, Assimi Koanda et les siens ne représentaient pas grand-chose. Ils savaient aussi que sauf à se déculotter complètement, Blaise Compaoré ne leur fournirait pas le précieux document et en plaçant la barre suffisamment haut pour qu’elle soit infranchissable, c’était sans doute une façon de rester sur leur chaise de fer. Mais l’argument selon lequel le président du Faso est au-dessus des partis, pour véridique qu’il puisse paraître, est aussi spécieux car dans les faits, est-ce bien le cas et est-ce même bien possible dans un régime présidentiel voire présidentialiste comme le nôtre ? La réponse coule de source.
Chacun en est conscient, le principal problème auquel s’est heurté JBO, c’est la question de confiance dans la mesure où pour ses contempteurs, le locataire du palais de Kosyam s’est parfois rendu coupable de parjures peu glorieux qui ont effrité au fil du temps son capital de crédibilité, l’animal à sang-froid qu’il est réputé être accusant toujours le coup devant l’adversité mais c’est souvent pour mieux endormir ses adversaires afin de leur porter le coup de Jarnac.
Au risque de nous répéter, si nous en sommes encore aujourd’hui, quinze ans après l’assassinat de Norbert Zongo, à nous époumoner dans ces chassés croisés politiques, c’est bien parce qu’on veut revenir sur des compromis historiques qui ont quand même permis en son temps de sauver le régime. Relisons ensemble la proposition des sages inscrite au point 2.3.1. de leur rapport du 30 juillet 1999 : «Revenir sur la modification de l’article 37 de la Constitution et y réintroduire le principe de la limitation à deux mandats présidentiels consécutifs. En effet, sa révision en 1997, quoique conforme à l’article 164 alinéa 3 de la Constitution, touche à un point capital pour notre jeune démocratie : le principe de l’alternance politique rendu obligatoire par le texte constitutionnel de 1991».
On peut donc comprendre la méfiance qui habite les opposants. On nous rétorquera que les circonstances ne sont pas les mêmes, que la Maison-Blaise était plus solide et soudée qu’elle ne l’est actuellement ; c’est vrai, mais quand on a déjà été mordu par un serpent, on finit par détaler à la vue de la moindre ficelle.
Pourquoi faut-il d’ailleurs, puisque la finalité de la médiation était de donner à Blaise Compaoré son lenga de deux ans contre la promesse de ne pas tripatouiller l’article 37, pourquoi faut-il, disons-nous, qu’il en soit à rabioter ainsi au risque de se faire humilier et d’être traîné dans la boue pour 24 malheureux mois alors qu’il mérite mieux que les quolibets qui sont désormais son lot quotidien ? Pourquoi ? Quelles garanties immunitaires, sécuritaires ou matérielles peut-on lui accorder après 2015 qu’on ne puisse pas lui donner actuellement si tant est qu’il y a une assurance tous risques en la matière ? Le gouvernement d’union nationale dont parle la médiation dans ses scenarii de sortie de crise, et que nous avons déjà suggéré dans ces mêmes colonnes (1), ne peut-il pas être mis en place maintenant au lieu de vouloir jouer inutilement la montre après quelque trente ans de bons et loyaux services ?
Pour toutes ces raisons, et puisque les vérités qu’on n’aime pas entendre sont celles qu’on gagnerait le plus à méditer, s’il est bien une hypothèse des médiateurs qui vaille la peine d’être considérée, c’est bien le scénario d’honneur qui permettra à l’enfant terrible de Ziniaré d’entrer dans l’histoire en étant, rappelons-le, le premier président de la Haute-Volta au Burkina à transmettre sans encombre la plus haute charge de l’Etat à son successeur élu.
Ça vaut bien un petit sacrifice de deux ans, ça ! Lui qui était entré avec fracas à la présidence un après-midi d’octobre 1987 en ressortirait ainsi paisiblement et auréolé. Si malgré tout il persiste et prend prétexte de l’échec de la médiation pour s’enferrer dans l’impasse référendaire que ses thuriféraires lui conjurent d’emprunter, libre à lui et advienne que pourra.

Ousséni Ilboudo

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