Cette semaine, notre thermomètre s’est planté dans le cœur des maquis. Et le mercure est monté d’un cran. Ouaga est en passe de se transformer en un conglomérat de maquis de toutes couleurs et tout acabit.
Nombre sans cesse croissant
Prenez seulement une rue de Ouagadougou et vous pourrez dénombrer 10 maquis alignés presqu’à la queue leu leu. Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est qu’un maquis (assurément des extraterrestres du Burkina), c’est sous ce nom que se fait appeler cet assemblage hétéroclite de buvette, de bar, de kiosque et de restaurant.
Et il en pousse tous les jours, continuellement, et sous des appellations allant du vraisemblable au farfelu. Comme dirait l’autre, on ne peut plus faire un pas sans trébucher sur un maquis. Pourquoi sont-ils si nombreux ? Sans doute parce que le Ouagalais aime boire à plein air, adore s’amuser ou, comme le nom d’un maquis, « La Consolatrice », le dit, c’est un lieu qui l’aide à oublier ses peines sentimentales, professionnelles et financières.
Nuisance sonore
Qu’à cela ne tienne, les crépitements d’armes dans ces maquis commencent à boucher les oreilles les plus fines de la ville. La nuisance sonore dégagée en continu explique pourquoi Ouagadougou est classée parmi l’une des villes les plus beuglantes de l’Afrique.
Ils n’ont pas l’avantage des boites de nuit qui ont des murs insonorisés et permettent ainsi de ne pas importuner les paisibles citadins non avides de bruit et de maquis. Mais le Ouagalais n’a-t-il pas un penchant pour le bruit ? Cette litanie, récurrente dans les zones épargnées par l’épidémie maquis, témoigne : « C’est quel quartier naze où il n’y a aucun son ? »
Pitié, pas les quartiers résidentiels !
Toutefois, l’implantation des maquis est encore acceptable quand elle ne se fait pas dans les zones résidentielles. Mais avec cette croissance non contrôlée et exponentielle, faut-il s’étonner que les « garrigues » à musique se nichent, s’accoudent ou s’adossent confortablement entre les maisons d’habitation ouagalaises ?
Les maquis prolifèrent dans la ville de Ouagadougou (Ph: glowa.org)
Et apparemment, les populations n’ont plus de mot à dire et regardent indifférents ou impuissants (ou complices ?) leurs murs trembler de musique et s’enfumer du fumet de toutes les grillades et toutes les odeurs que les maquis ne manquent pas de se faire accompagner.
Prostitution de proximité, dépravation de mineurs
Mais la horde des inconvenances n’est pas encore close. Comme l’a dit cet homme, baignant dans l’amertume, « les jeunes ne cherchent plus de femmes, elles viennent à eux » ! Certains maquis, et ils sont nombreux, s’accompagnent en effet de prostituées. Ce qui n’est pas un scoop, à vrai dire. Cependant, certains gérants de maquis doublent leur profit en érigeant à côté de leur commerce, de petites maisonnettes où les clients peuvent aller « se soulager » à moindres frais avec des demoiselles qui n’attendaient pas mieux. Et cela, même dans les quartiers résidentiels.
Ce n’est pas fini. Il est récurrent de voir plein de jeunes de moins de 18 ans, donc mineurs, qui s’engouffrent en bandes joyeuses ou seuls dans ces lieux où les cerbères ne sont là que pour évacuer les clients éméchés ou les fauteurs de trouble. Mineur ne doit pas entrer, ils ne connaissent pas. Pas plus que les serveurs et les serveuses ne se gênent de servir de l’alcool, parfois frelaté, à ces mineurs qui s’en donnent à cœur joie de cette totale absence d’application de la loi.
A côté, des moins que mineurs vendent des lotus et du chewing-gum, parfois à des heures très avancées, et effectuent des commissions de clients, généralement aller acheter de la cigarette et de la ramener allumée. La belle éducation !
Règlementation, où es-tu ?
A l’évidence, ce milieu baigne dans une anarchie totale. La règlementation, bel et bien votée par les honorables députés, est actuellement désuète et risque d’être caduque si qui de droit ne se remue pas un peu. A moins qu’on ne tienne à ce que le peuple burkinabè bascule dans l’abrutissement.