Dans le cadre de la campagne « Cultivons » de l’ONG Oxfam lancée en juin 2011, des artistes africains se sont unis pour interpeller les chefs d’Etat africains à tenir leurs promesses d’investir dans l’agriculture et l’élevage. Parmi ces célébrités, figure le lauréat du prix Découverte RFI 2013, Smarty, que nous avons rencontré, le 26 février 2014. Il est revenu sur les raisons de ce single.
En 2003, la conférence des chefs d’Etat des pays africains avait pris l’engagement à Maputo au Mozambique d’allouer 10% de leur budget à l’agriculture et l’élevage. Dix ans plus tard, le constat est tout autre, seuls 8 pays ont respecté leur engagement. Parmi ces pays, figure le Burkina Faso avec 14% d’investissement dans ce secteur porteur. Cependant, en tant qu’ambassadeur de bonne volonté de l’Organisation non-gouvernementale Oxfam, Smarty, une des célébrités de la musique africaine qui s’est engagée à travers un tube (Où sont passés nos 10%) pour interpeller les dirigeants africains à respecter leur engagement, nous a reçu le 26 février 2014 à Ouagadougou. Selon lui, la part d’investissement du Burkina Faso est à saluer, mais il reste beaucoup à faire pour booster l’agriculture. « Le secteur rural, c’est 30% de bénéfice brut, burkinabè, comprends-tu ma lutte ? Monsieur le président, revoyez le financement. Ce pays repose sur l’épaule des paysans », a soutenu Smarty dans son intervention sur le titre « Où sont passés nos 10% ? ». Mais d’où est venue l’idée de joindre sa voix à celle des stars africaines pour défendre la cause des paysans ? « Je pense que l’idée à la base est née de nous rassembler puisque nous luttons pour la cause des paysans depuis longtemps. Et en 2003, nos gouvernants ont signé des engagements qu’ils ne tiennent pas. Pour nous, il est temps de prendre conscience que ce sont les paysans qui nous nourrissent afin d’investir dans le secteur agricole et d’éviter la dépendance alimentaire vis-à-vis de l’Occident », a répondu l’artiste burkinabè. Cependant, le lauréat du prix Découverte RFI 2013 est conscient de la complexité de leur lutte mais insiste sur leur devoir d’artistes de tirer sur la sonnette d’alarme. « Nous savons que c’est difficile, voilà pourquoi cette première chanson ne suffira pas. Mais avec ce morceau, c’est un appel que nous lançons à l’endroit des populations africaines. Chacun est concerné parce que je pense qu’aujourd’hui, chacun a un parent paysan, donc nous ne sommes pas contents de constater que pendant que d’autres mangent à satiété, certains meurent de faim ». Et d’expliquer : « C’est pourquoi, il faut que les gens comprennent que le projet est bon. Il ne faut pas être complexé de manger du riz qui vient de Bagré, bien au contraire, c’est un riz de qualité qui est produit chez nous. Consommons nos produits et cessons d’importer ce qu’on a déjà chez nous ». De son avis, il faut que chacun contribue au changement de mentalité afin que les choses bougent au niveau du Burkina Faso. « Aujourd’hui, tout le monde court vers l’or, on sera riche, c’est probable, mais s’il n’y a plus de paysans et de cultivateurs, on va mourir de faim, c’est certain », a renchéri l’artiste. Il a souligné que des tournées sont prévues dans les prochains jours en Afrique afin de sensibiliser les populations au bien-fondé de cette campagne qui prône le retour à la terre. Pour mémoire, l’objectif de la campagne « Cultivons » de Oxfam, lancée le 11 juin 2011, c’est de permettre aux personnes démunies, de participer à la gestion globale des terres, de l’eau et du climat. Et cela, afin qu’elles puissent cultiver et acheter suffisamment et de façon pérenne, la nourriture. Les droits de la femme et l’égalité du genre sont au centre de la campagne. L’ONG est en partenariat avec des membres en Afrique de l’Ouest que sont, Billital Marobé, Piscao, Ipar, Racao, Apess, Wildaff. En rappel, ont pris part à ce sigle, Baaba Maal (Sénégal), Ceepee (Mauritanie), Titi Lokei (Nigéria), Sound Sultan ( ) Lami Phillipps (Nigéria) Dany Le (Niger), DK (Sénégal) Faada Fredy (Sénégal).