Bon nombre de gens ignorent la pollution et les risques engendrés sur la santé humaine et l’environnement lorsqu’ils brûlent des déchets plastiques ou d’équipements électriques et électroniques ou autres objets polluants. Aussi, face à l’explosion démographique de la ville de Ouagadougou, la capitale burkinabè est confrontée à des problèmes d’hygiène et d’assainissement dus à une production importante de déchets. Cela a pour conséquence la pollution du cadre de vie et donc un danger pour la santé des populations. Selon des données, 300 000 tonnes de déchets sont collectés par an dans la ville de Ouagadougou. Soit environ 800 tonnes par jour. Chaque habitant de Ouagadougou produit en moyenne 0,5kg de déchets par jour. Cela en dit long sur l’importance de la pollution des déchets urbains dans la capitale burkinabè. Selon l’article 24 du code de l’environnement du Burkina, « Les déchets urbains sont des détritus de toute nature, (liquide, solide ou gazeuse) en provenance des maisons d’habitation et assimilés, des immeubles administratifs, des salles de spectacles, de restauration et de tout autre établissement recevant du public. Sont assimilées à des maisons d’habitation les casernes et les écoles ». L’article précise : « Sont compris dans la dénomination déchets urbains : les ordures ménagères, les cendres, débris de verre ou de vaisselle, feuilles. Balayures et résidus de toutes sortes déposés dans les récipients individuels ou collectifs placés devant les maisons ou à l’entrée des voies inaccessibles aux camions, les eaux usées domestiques, les excréta ». Les déchets domestiques sont généralement, les corps liquides dont les eaux usagées, les vidanges des fosses septiques et les corps solides dont les sachets plastiques. Selon une étude de Sidnoma Georgette Kaboré sur les sachets plastiques en 2009, le Burkina Faso produirait « annuellement plus de 200 000 tonnes de déchets plastiques ». Cet état de fait se justifie par « les nouvelles habitudes de consommation. C’est le conditionnement des aliments dans des sachets en plastique qui constitue une vraie source de prolifération des déchets plastiques ». Dans les quartiers surtout non lotis, compte tenu de la promiscuité des concessions, il n’est pas rare de traverser des voies couvertes d’eaux usées provenant des douches. Dans ces quartiers, au mieux, les gens brûlent les ordures et au pire, ils les jettent dans des lieux publics.
La conséquence de tous ces faits est la pollution de l’environnement dont la dégradation du cadre de vie et les dangers sanitaires humains. Certes, au Burkina Faso, il n’y a pas de service spécialisé en pollution pour déterminer avec exactitude la part de la pollution dans telle ou telle maladie. Cependant, tous les acteurs s’accordent à dire qu’un environnement malsain favorise le développement de plusieurs maladies. La fumée des ordures brulées, selon les spécialistes de la santé, est très néfaste pour la santé. Par exemple, lorsque le gaz de cette fumée rentre en contact avec les yeux, il s’humidifie et devient comme de l’acide dans l’organisme. Egalement, cela peut provoquer chez les individus, des maladies respiratoires telles que l’asthme, la rhinopharyngite (la voie respiratoire qui quitte le nez vers les poumons peut s’enfler sous l’effet de gaz toxique. Un effet qui joue directement sur le cerveau humain). Certaines personnes jettent ces déchets dans des poubelles accessibles aux enfants qui, par ignorance, peuvent jouer avec ceux-ci et contracter des maladies graves. Les eaux usées, quant à elles, constituent un environnement malsain et propice à la prolifération d’insectes nuisibles. Selon l’OMS, de tous les insectes qui transmettent des maladies, le moustique est le plus dangereux. Il est à l’origine de la transmission du paludisme, la dengue, la fièvre jaune qui, ensemble, sont responsables de plusieurs millions de décès. C’est dire que les déchets enlaidissent le cadre de vie au grand bonheur d’insectes nuisibles. Ainsi, les gens contractent des maladies débilitantes et mortelles comme la fièvre typhoïde, la dysenterie, le choléra.
Ouagadougou abrite également deux zones industrielles : la zone industrielle de Gounghin et celle de Kossodo qui participent à la pollution de la nature. Ces industries génèrent des déchets liquides, solides et gazeux, de composition chimique variée. Ces déchets peuvent présenter ou présentent un danger selon les cas. La plupart de ces industries jetaient leurs déchets liquides sans traitement préalable soit dans la nature, dans les fosses septiques ou soit dans des bassins de décantation. Et cela n’est pas sans conséquence.
Le code de l’environnement à son article 32 dit : « Tout déchet industriel est dangereux dès lors qu’il présente ou pourrait présenter une menace ou un danger quelconque pour la santé ou pour l’environnement soit par lui-même, soit lorsqu’il entre en contact avec d’autres composés, du fait de leur réactif chimique ou de leurs propriétés toxiques, explosives ou corrosives ». En effet, les industries utilisent certains produits chimiques qui sont dangereux pour la santé de l’homme. On peut retenir à titre d’exemple, le chrome que la société TAN-Aliz utilise pour assouplir les peaux. Cela a pour conséquence, selon les spécialistes de la santé, une attaque du système nerveux par pollution du sang dans l’organisme et à long terme le cancer qui est l’une des maladies mortelles. Il est donc nécessaire pour le pays de mettre en place un dispositif efficace en matière de gestion des déchets nocifs pour préserver la santé des populations.
Kowoma Marc DOH
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Source : www.evenement-bf.net ;