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Au Burkina Faso, le théâtre de rue épingle la politique africaine
Publié le lundi 10 mars 2014   |  L’Express




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Au Burkina Faso, en collaboration avec la France, le festival des arts de la rue rendez-vous chez nous se fait l'écho des tensions politiques du pays. Avec des numéros qui n'hésitent pas à brocarder les élites.

Ils sont 300, entassés sous le baobab. Des enfants dépenaillés, des femmes enceintes, des vieillards élégants. Tout le village burkinabé de Kiefangué a déserté la place du marché pour se retrouver là. Et ils attendent.

A 16 heures, une moto pétaradante apparaît dans un nuage de poussière rouge. L'engin tire une remorque sur laquelle on peut lire "Démocratie I Love You, votez ici". Et pile devant le public. Trois clowns aux chaussettes bariolées sautent à terre sous les hurlements des gamins.

"Aujourd'hui, mesdames et messieurs, nous allons vous apprendre comment on fabrique nos présidents, ici, en Afrique", lance l'un des gugusses. Et c'est parti. Le trio enchaîne les sketchs sur la politique africaine : élections truquées, corruption des élites, délires d'un chef d'Etat impopulaire et paranoïaque. Certains adultes, gênés, quittent l'assemblée.

Tout le monde l'a compris : Blaise Compaoré, le président accroché aux rênes du Burkina Faso depuis vingt-sept ans, est dans le viseur. Et il prend cher. "La situation politique est devenue intolérable, explique l'un des comédiens, Vincent Bazié. Je sais que l'on risque gros, mais nous devons nous faire l'écho de la colère qui gronde dans le pays."

En choisissant comme thème de sa cinquième édition "la citoyenneté et la démocratie en Afrique", le festival des arts de la rue Rendez-vous chez nous s'est mis au diapason des tensions politiques qui agitent le pays. Et la manifestation commence à faire du bruit.

Une effervescence créatrice passionnante
"Neuf jours, 32 spectacles, 100 000 spectateurs." Les chiffres qu'égrène Boniface Kagambega, directeur artistique du festival, grossissent d'année en année. "Nous sommes en train de devenir la vitrine culturelle de l'Afrique de l'Ouest, continue-t-il. Mais rien ne pourrait exister sans l'engagement des bénévoles et des institutions françaises." Et c'est bien cette collaboration franco-africaine qui fait le sel de cette manifestation.

Il y a d'abord le volet financier : 80 000 euros rassemblés laborieusement par deux centres nationaux des arts de la rue, les Ateliers Frappaz (Rhône) et l'Atelier 231 (Seine-Maritime), le festival Parade(s) de Nanterre (Hauts-de-Seine), l'Institut français de Ouagadougou et un collectif de compagnies tricolores. Mais aussi les savoir-faire dispensés par des artistes, comme Evelyne Fagnen, qui met en scène cet explosif Démocratie I Love You.

"L'effervescence créatrice pour les arts de la rue qui règne ici est comparable à celle que nous avons connue chez nous à la fin des années 1970. C'est passionnant", pointe Patrice Papelard, directeur des Ateliers Frappaz.

"Nous avons ici une mission de service public, avance le comédien et créateur de la compagnie française Kumulus, Barthélemy Bompard. Voir ces acteurs burkinabés se battre pour monter leurs spectacles nous donne assez d'énergie pour tenir les cinq prochaines années." A la fin de la représentation, la moto est repartie sur les routes. Rejoindre le village d'à côté. La démocratie est un long chemin.

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