Les révélations de 6250 fonctionnaires fictifs à la Fonction Publique au Burkina Faso ont fait jaser plus d’un citoyen. Cela suscite des débats et des interprétations passionnés et passionnants. Pris dans le mouvement de l’évènement le ministère de la Fonction Publique a rencontré la presse le vendredi dernier dans la matinée. Tout ce qu’on sait, ce que l’affaire est sérieuse. On ne rigole plus.
Les éléments bruts du recensement biométrique. Du 28 mai au 5 août 2012, le ministère de la Fonction Publique a entrepris un recensement biométrique des fonctionnaires du Burkina Faso qui a permis d’enrôler 113 858 agents. C’est dire que 113 858 fonctionnaires se sont présentés devant les équipes d’enrôlement et ont été enrôlés. Il y a eu une opération de téléchargement qui a consisté à transférer les données des balises biométriques au serveur et qui a permis de générer et de récupérer 113 827 fichiers contenant chacun des empreintes digitales et des photos. L’équipe de recensement et de traitement des données a eu 31 fichiers qui n’ont pas pu être exploités.
Selon le ministère, le traitement des résultats a donné deux situations : les agents enrôlés et qui sont en situation régulière et les agents enrôlés en situation irrégulière, c’est-à-dire des agents non enrôlés en situation non irrégulière. Les agents enrôlés en situation régulière sont de 113 827 fichiers contenant les empreintes digitales et qui ont fait un traitement de dédoublage. 113 827 ont été traités pour vérifier l’existence probable de doublons à l’intérieur. Après analyse, le ministère a pu dégager un effectif réel de 113 819 fonctionnaires enrôlés en situation régulière à la date du 5 août 2012 sur les 120 420 agents présents dans la barre de production du SIGASPE au 31 juillet 2012. La base de données dans le système de gestion intégrée administrative et salariale des personnels de l’Etat (SIGASPE) totalise 120 420 fonctionnaires.
On se rappelle, l’objectif de l’opération biométrique était de savoir si réellement, les 120 420 agents sont des agents de la Fonction publique. L’analyse a indiqué qu’il y a 113 819 agents qui se sont enrôlés et qui ont une situation claire ; il n’y a eu pas de problèmes de doublons.
Au ministère, on estime que « la campagne de communication qui a été menée au double opération a dissuadé les agents détenteurs de plusieurs matricules de venir s’enrôler puisque on sait qu’il y’a un contrôle, personne ne viendra s’enrôler, parce qu’il sait que son identité va ressortir et qu’on pourra mettre la main la dessus ». Cependant des doublons ont été dégagés sur la base d’une identification faite par homonyme. Cette idée d’identification a tété faite à partir de la recherche d’homonyme dans la base même du SYGASPE. A ce niveau, le ministère a pu déceler 262 agents qui se sont enrôlés avec un numéro matricule ; ces gens avaient plusieurs numéros matricules mais étant conscients du risque qu’ils soient pris la main dans le sac, ils se sont enrôlés avec un seul numéro matricule et abandonner leurs autres numéros matricules qu’ils utilisaient pour avoir les salaires. Malheureusement pour eux, les techniciens du ministère ont réussi à remonter le fil. Concrètement donc, des agents se sont faits enrôler avec un seul des matricule ; or, ils pourraient détenir quatre ou cinq matricules. Ils ne se sont pas présentés à l’enrôlement car ils risquaient de se faire prendre. Des cas litigieux ont été rencontrés. Il s’agit d’agents qui se sont fait enrôler tout de même malgré qu’ils fussent en situation d’abandon de postes et dont la procédure de licenciement est en cours. Pour ces cas précis, le ministère de la Fonction publique compte poursuivre les agents ainsi que leur supérieur hiérarchique immédiat en justice.
Il y a les cas des agents qui ne sont même pas venus à l’enrôlement. Deux situations se présentent : les agents non enrôlés mais justifiés et les agents non enrôlés non justifiés. Pour les agents non enrôlés justifiés, cela s’expliquerait par les cas des agents en stage à l’extérieur du pays : les agents en stage à l’extérieur du pays, les agents en position de maintien de paix, les agents dans les ambassades et consulats du Burkina Faso. Les autres cas sont ceux qui étaient en mission ponctuelle pendant la période de recensement. Ces personnes ne sont pas comptabilisées parmi les agents qui s’absentent pour des raisons connues avant le déclenchement de l’opération ou avant que l’opération puisse être close.
A côté de cette première catégorie, il y a les agents non enrôlés et non justifiés. Le ministère révèle un effectif de 66250 fonctionnaires non enrôlés non justifiés. Ici également, deux cas de figure se présentent : des agents considérés comme des agents en activité et qui sont censés être à leur poste ; des agents en disponibilité ou en suspension de contrat. Ces derniers sont des agents qui ne sont plus dans les structures administratives, mais qui sont dans une position régulière. Ils ont été invités à se faire s’enrôler au même titre que les agents en activité puisqu’il ne s’agit pas d’une sortie définitive de la Fonction publique. Les agents en détachement devraient se faire enrôler mais ils ne l’ont fait. Le ministère a dénombré 4965 agents qui sont toujours en activité et qui ne se sont pas présentés. Il y a 334 agents qui sont en position de détachement et 951 agents en disponibilité ou en suspension de contrats. 40 agents sont en disponibilité mais ont toujours leur salaire ; 34 agents sont décédés mais continuent d’être payés ; 25 agents sont à la retraite mais perçoivent des salaires, 14 agents sont licenciés ou révoqués et qui continuent à avoir leur salaire.