Ouagadougou – L’ouverture d’une clinique destinée à la reconstruction du clitoris des femmes excisées a été empêchée en raison « d’absence d’autorisation » du ministère de la Santé, a annoncée mercredi, une responsable du projet, lancé par le mouvement raélien.
"L’ouverture de la clinique Kamkaso, initialement prévue ce mercredi à Bobo Dioulasso (360, km ouest) a été empêchée pour absence d’autorisation (…) du ministère de la santé, donnant place à une simple inauguration du bâtiment devant abriter l’hôpital", a déclaré à l’AIB cette responsable, Abibata Sanon.
Cet hôpital, baptisé "La maison des femmes", ambitionne à travers une opération chirurgicale gratuite, de "réparer les séquelles encourus par les victimes de mutilations génitales féminines, leur permettre de retrouver leur dignité et d’éprouver le plaisir sexuel", a-t-elle expliqué.
"Hélas, des pressions de l’Église Catholique ont poussé le gouvernement à rétracter son assurance à accorder l’autorisation pour l’ouverture de la clinique", a regretté Mme Sanon.
Le dossier de demande d’autorisation, déposé en 2011, est resté "sans suite", a-t-elle observé, précisant qu’"une seconde demande a été introduite auprès des autorités compétentes".
"La demande d’ouverture déposée par Clitoraid -une ONG du Mouvement raélien qui finance le projet- suit son cours et sera traitée comme toute autre", a confié à l’AFP, une source proche du ministère de la Santé.
Selon Mme Abibata Sanon, 300 femmes, dont certaines venant du Sénégal, de la Serra Léone, du Kenya, du Mali, de la Côte d’Ivoire…, figurent sur les listes d’attente du centre.
Une première campagne d’opérations concernant 80 femmes était prévue jusqu’au 14 mars, mais “seulement 29“ ont pu bénéficier de cette opération, effectuée dans un autre centre hospitalier, a-t-elle indiqué.
"L’Ordre des médecins du Burkina vient également d’annuler l’autorisation d’opérer accordée quelques jours plus tôt à nos médecins", a justifié Mme Sanon, selon qui des actions de recours sont en train d’être menées.
Selon un rapport de l’Unicef, entre 100 et 140 millions de filles et de femmes ont subi des mutilations génitales féminines (MGF) dans le monde et trois millions d’entre elles sont exposées chaque année au risque d’en subir.
Les MGF sont surtout pratiquées en Afrique - dans 28 pays du continent -, généralement sous la forme de l’excision.
Le Burkina Faso, qui l’a interdite en 1996, connaît une chute de l’excision, même si 58% des filles âgées de 15 à 19 ans l’ont subie, d’après une étude publique datant de 2010.