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Dr Raymonde Agossou, responsable de la Division Jeunesse de l’UA : « Si on ne prépare pas la jeunesse, elle sera certainement une bombe »
Publié le vendredi 28 fevrier 2014   |  burkina24.com




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Lors du sommet de l’Union africaine (UA) tenue les 29 au 31 janvier dernier à Addis Abeba, Burkina 24 a rencontré Dr Raymonde Agossou, responsable de la division Jeunesse pour en savoir plus sur cette division et les programmes destinés aux jeunes africains. Ce qu’elle pense de la volonté politique affichée par les chefs d’Etat par rapport aux problèmes des jeunes, de l’avenir d’un continent à majorité jeune, elle nous l’a confié dans cet entretien.

Burkina 24 (B24) : Parlez-nous de cette division dont vous êtes responsable

Dr Raymonde Agossou (Dr Agossou) : Je suis responsable de la division en charge du développement des jeunes en Afrique. Cette division fait partie du département des ressources humaines sciences et technologies et je voudrais préciser qu’il ne faut pas prendre ressources humaines comme l’endroit où on fait les recrutements du personnel de l’Union Africaine.

C’est plutôt l’endroit où on travaille au renforcement des ressources humaines au niveau du continent. Il y a un autre département qui s’occupe des recrutements.

Mon département est essentiellement responsable du renforcement de capacité des ressources humaines en Afrique y compris les jeunes d’ailleurs, à travers l’éducation, les formations techniques et professionnelles, les sciences, la technologie, les innovations technologiques.

B24 : On retrouve les questions liées à la jeunesse dans un vaste ensemble d’autres questions. Considérez-vous que l’UA accorde une place importante à la jeunesse?

Dr Agossou : Je dirais d’abord que l’UA est composée de ses Etats membres. Et si nous parlons de l’UA se préoccupant de sa jeunesse, je peux dire que politiquement oui. L’UA se préoccupe de sa jeunesse pour la simple raison qu’il y a une division entièrement à la charge du développement des jeunes.

C’est déjà un premier pas pour montrer qu’il y a une volonté politique de s’en occuper. Maintenant il y a des programmes qui sont en place pour la jeunesse qui sont approuvés par les chefs d’Etat.

Il y a un certain nombre de décisions en faveur de la jeunesse, et là aussi je peux dire qu’il y a un engagement politique à s’occuper de la jeunesse.

Un autre engagement politique dont je peux parler c’est qu’en 2011, il a été organisé un sommet entièrement consacré à la jeunesse, à Malabo. Ce sommet s’est préoccupé des questions relatives à l’autonomisation de la jeunesse pour un développement durable de l’Afrique.

« La jeunesse africaine appartient à l’Afrique ; les questions liées à cette jeunesse devraient être une préoccupation africaine, au-delà de la volonté politique »

Tout cela mis en ensemble permet de dire qu’il y a une volonté politique de s’occuper de la jeunesse. J’insiste sur volonté politique. Je l’ai toujours dit, en Afrique nous avons cette facilité d’avoir la volonté politique. Les autorités n’ont pas de difficultés à afficher la volonté politique, qu’ils soient pris isolément ou qu’ils soient pris ensemble.

Par contre, là où je suis très déçue, c’est la durée de vie de cette volonté politique. Quand on a la volonté politique, il faut engager les actions, mettre les moyens nécessaires pour concrétiser cette volonté politique.

Nous n’avons pas souvent de ressources pour exécuter ce qui est décidé par les chefs d’Etats.

La plupart des programmes et décisions que nous avons réussi à mettre en œuvre l’ont été généralement grâce à des appuis de partenaires internationaux et c’est assez décevant parce que la jeunesse africaine appartient à l’Afrique ; les questions liées à cette jeunesse devraient être une préoccupation africaine au-delà de la volonté politique.

Quand on a pris des décisions, quand on a affiché la volonté politique, il faut aller un peu au-delà pour espérer que les choses changent effectivement sur le terrain.

B24 : Est-ce que vous pouvez nous parler dans leurs grandes lignes des programmes à l’endroit de la jeunesse africaine ?

Dr Agossou : Il faut avant tout rappeler que l’UA est un faiseur de politiques, un faiseur de cadres d’orientation pour les Etats, de cadres d’action pour les Etats. On ne va pas jusqu’à la mise en œuvre directement mais on veille à ce que les cadres d’actions, les politiques qui sont identifiées soient mis en œuvre par les Etats.

Pour ce que nous avons mis en place pour aider les Etats à se préoccuper effectivement des jeunes, je vais commencer par la charte africaine qui est un cadre juridique mis en place pour les Etats.

Et quelqu’un disait hier au forum sur l’emploi des jeunes [Ndlr : cette interview a eu lieu le lendemain d’une rencontre des jeunes avec les chefs d’Etats, en marge du sommet de l’UA], précisément le président du Kenya, qui vient de ratifier la charte africaine de la jeunesse ; il disait ceci : « si tous les Etats regardaient en profondeur dans les détails la charte africaine de la jeunesse, on n’a plus besoin de forum, on n’a plus besoin de dialogue, on a juste besoin d’aller mettre en œuvre et de satisfaire la jeunesse africaine ».

C’est pour dire que la charte africaine de la jeunesse donne une vue assez globale de ce qui devrait être fait comme action pour aller vers l’autonomisation des jeunes, vers le renforcement des capacités des jeunes et donc vers les changements positifs que l’on attend au niveau de la jeunesse.

Mais cette charte africaine de la jeunesse ne connait pas suffisamment de mise en œuvre encore. A ce jour, si j’ajoute le Kenya, je peux dire que 34 Etats ont ratifié la charte africaine de la jeunesse, ce qui est un très bon record quand on regarde toutes les conventions qui existent au bureau du conseil juridique et qui ne sont pas ratifiées, qui ne sont pas signées, qui sont simplement oubliées par les Etats.

Quand on regarde la charte africaine de la jeunesse, elle est ratifiée par beaucoup d’Etats membres, ce qui est une très bonne chose, et dans un délai très court parce que la charte a été mise « sur le marché » en 2006 et déjà en 2009 elle entrait en vigueur.

Pour entrer en vigueur, il lui fallait avoir 15 ratifications au moins et elle a atteint ce nombre en 2009 déjà. Nous continuons à sensibiliser les Etats à sa ratification.

Les efforts que nous faisons aujourd’hui pour sa mise en œuvre, c’est pour dire aux Etats que la ratification n’est qu’une première étape du processus. Maintenant que c’est ratifié, il faut la domestiquer et l’harmoniser avec les lois nationales.

Une fois que ce sera fait, il faut aller vers la mise en œuvre parce que c’est la seule condition pour aboutir au changement. Donc la charte est un élément essentiel dans cette division.

Un autre programme que nous mis en place, c’est le plan d’action de la décennie qui a été décidée par les chefs d’Etats africains en 2009, dans l’un de leurs sommets.
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