A la faveur du centenaire du Nigeria, Abuja, la capitale de l’Etat fédéral, a abrité une conférence internationale sur la sécurité humaine, la paix et le développement en Afrique, le 27 février 2014. Au cours de cette rencontre qui a régroupé des chefs d’Etat africains dont le Président du Faso, Blaise Compaoré, des leaders africains et leurs partenaires de la France et de l’Union européenne, ils ont affiché leurs ambitions de travailler de concert à relever le défi de la sécurité pour un développement durable du continent.
La République fédérale du Nigeria a 100 ans. Mais à l’heure de fêter son centenaire, l’Etat fédéral est confronté à une lutte contre les terroristes incarnés par la secte islamiste Boko Haram. La thématique de la sécurité humaine, de la paix et du développement en Afrique abordée lors de la conférence internationale organisée en marge de la célébration du centenaire du Nigeria, à Abuja, n’est pas fortuite. Et l’on a encore fraîchement en mémoire l’attaque meutrière d’un lycée dans le Nord du pays, attribuée à la secte précitée, et ayant fait 43 morts. Le Président du Faso, Blaise Compaoré qui, à l’instar d’une vingtaine de ses pairs, a assisté à cette rencontre d’Abuja, a transmis à son frère et ami, le président nigerian Goodluck Jonathan et à son peuple, la compassion du Burkina. Malgré la menace terroriste, le Nigeria a su garder son unité que le président Compaoré a saluée. Il a formulé le vœu que le centenaire puisse renforcer davantage l’Etat fédéral, un centenaire que Blaise Compaoré voit chargé de symboles. Sur le thème de la conférence, le président du Faso a partagé l’expérience du Burkina. Son pays, a-t-il relevé, s’est engagé à construire un espace de paix et de liberté et a entrepris des réformes dans le domaine économique. De même, le Burkina s’est inscrit dans une politique volontariste dans les domaines de l’agriculture et des mines. Et cela a permis d’atteindre un taux de croissance de 7%.
Après avoir rendu un hommage à tous les dirigeants nigérians qui se sont succédé à la tête de l’Etat et qui ont préservé son unité 100 ans durant , le président du Bénin, Boni Yayi, a distillé ses «recettes» pour l’avènement d’une sécurité et d’ une paix durable en Afrique. Pour le Dr Yayi, il y a nécessité de renforcer le dialogue politique dans les pays africains. Le président béninois reste convaincu que la démocratie sous les tropiques a besoin d’être renforcée, à travers notamment une justice qui réponde aux aspirations des justiciables. «On ne peut pas avoir de sécurité humaine sans l’unité et la paix. Nous avons besoin de reconstruire notre vision pour atteindre une croissance forte dans nos pays», a aussi déclaré celui qui préside aux destinées du Bénin depuis 2006. Et d’indiquer qu’il faut donner de l’importance au secteur privé national et international, moderniser l’agriculture pour parvenir à la sécurité humaine. Boni Yayi n’a pas occulté le besoin d’améliorer les infrastructures sanitaires et sociales ainsi que la question de l’emploi des jeunes. Au regard de ces défis qui se présentent au continent, le chef de l’Etat béninois a milité pour une solidarité internationale et un partenariat entre l’Afrique et l’Europe.
La France et l’Europe, partenaires de l’Afrique
L’appel du président béninois semble être entendu. Le président de la Commission de l’Union européenne (UE), José Manuel Barosso a rassuré du soutien de son institution pour lutter contre le terrorisme au Nigeria. Le président français François Hollande, invité d’honneur du centenaire, est dans la même dynamique lorsqu’il s’adresse au président nigérian : «votre combat est le nôtre. Nous serons toujours prêts pour vous apporter notre soutien politique». Et de faire référence aux élèves assassinés dans une école dans la nuit du lundi à mardi derniers et aux otages français capturés puis libérés (la famille Moulin-Fournier et le Père Georges Vandenbeusch). Selon le président Hollande, le continent africain est confronté à plusieurs menaces : trafic de drogue, piraterie, terrorisme et l’Europe n’est pas épargnée. «Tout ce qui se passe ici peut avoir des répercussions en Europe», a indiqué M. Hollande, précisant que c’est justement pour cette éventualité que la France est intervenue au Mali. Le président français a aussi appelé les Africains à lutter en partenariat avec l’Hexagone contre les conflits interreligieux, une autre menace pour laquelle la France intervient en Centrafrique. «L’Afrique a un grand avenir. La France apporte son soutien au développement. Nous avons des responsabilités ensemble pour le développement. Rien ne nous séparera et nous serons unis pour relever les défis», a indiqué avec force, le président socialiste.
La conférence internationale sur la sécurité humaine, la paix et le développement en Afrique est l’une des activités-phares du centenaire du Nigeria, célébré du 25 au 27 février 2014. Le 1er janvier 1914, les protectorats du Nigeria du Nord et du Sud ont été formellement fusionnés en un seul pays par le Britannique Sir Lord Lugard, alors administrateur colonial. Depuis son indépendance en 1960, ce pays considéré comme un géant de l’Afrique a connu plusieurs années d’instabilité politique avant de renouer avec une «vie constitutionnelle normale» à partir de 1999. Pays le plus peuplé d’Afrique avec quelque 170 millions d’habitants, le Nigeria connaît un taux de croissance de 7% par an depuis 8 ans et son PIB est en passe d’être reévalué par le Fonds monétaire international (FMI) ; ce qui le propulserait devant l’Afrique du Sud, première économie du continent.