La coordination nationale du Manifeste pour la liberté a organisé le 22 février 2014 au Centre de presse Norbert-Zongo un panel sur le "changement politique". A ceux qui craignent le chaos après Blaise Compaoré, le Pr Mahamadé Savadogo, un des orateurs du jour, a assuré qu'en "cas de chaos, il y aura du nouveau qui sortira du chaos".
Devant l'auditoire, trois universitaires : le Dr Luc Marius Ibriga du Forum citoyen pour l'alternance (FOCAL) ; le Dr Yarga Larba du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et le Pr Mahamadé Savadogo du Manifeste pour la liberté. A la modération, le Dr Alain Sanon, enseignant de lettres à l'université de Ouagadougou. Tous les trois panelistes ont communiqué sur le "changement politique" au Burkina.
Premier à commencer, le Dr Yarga Larba est parti des exemples suivants : les cas nigérian sous Obasandjo, sénégalais avec Abdoulaye Wade, nigérien sous Mamadou Tandja, et plus près de nous, le cas Blaise Compaoré pour ne pas le nommer. Tous ces présidents, à un moment donné de leur règne, ont refusé ou refusent d'opérer une alternance démocratique en essayant de s'arc-bouter au pouvoir.
Et le conférencier de se poser des questions, deuxième chose qu'il voit lorsqu'on parle de changement politique. Ces balbutiements démocratiques procèdent-ils d'un legs colonial ou sont-ils liés à des tares africaines qui empêchent l’alternance démocratique ?
S'agit-il de protéger les fortunes engrangées ? S’agit-il, par exemple pour le cas du Burkina, de la crainte d’être rattrapé par les dossiers ou d’une défiance radicale envers les civils ? Le deuxième intervenant, le Dr Luc Marius Ibriga, pour sa part, expliquera que l'alternance n'est ni une succession dynastique, ni une succession au sein d'un même parti, encore moins un coup d'Etat ou une chasse aux sorcières.
Elle est plutôt, dit-il, une rupture politique dans le cadre républicain, une rupture au plan social, le référent alternance visant le social, une meilleure répartition des richesses. Mais la rupture ne doit pas être seulement politique et sociale, elle doit être aussi économique. Et le Dr Ibriga de se poser cette question : au regard de ce qui se profile dans notre pays, ne risquons-nous pas un simple changement d'équipe en lieu et place d'une véritable alternance ?
En prenant la parole le dernier, le Pr Mahamadé Savadogo a fait ressortir les modalités du changement politique qu'il cite : l'arrangement institutionnel, le coup d'Etat, l'élection, la révolution populaire.
Il se félicite du fait qu'au Burkina il existe des acteurs affûtés pour la mise en œuvre de chaque modalité du changement politique. C'est pourquoi il ne craint pas le chaos que prédisent certains Burkinabè après Blaise Compaoré , car, dit-il, "en cas de chaos, il y aura du nouveau qui sortira du chaos".