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L`Observateur Paalga N° 8566 du 25/2/2014

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Arrondissement n°4 de Ouaga : Miroir de la situation nationale ?
Publié le mardi 25 fevrier 2014   |  L`Observateur Paalga




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«Cette élection va marquer la fin de la récréation, qui n’a que trop duré», proclamait le directeur de campagne du CDP, Zackaria Sawadogo, convaincu de la victoire de son parti. Quelques heures seulement plus tard, on a su quel sort la vérité des urnes a réservé à cet optimisme du baron local du parti au pouvoir.

Effectivement, la récréation est terminée, bel et bien terminée. Mais pour qui ?

Décidément, 2014 ne semble pas être l’année de l’année du CDP, pour parler comme l’artiste musicien ivoirien J.C. Pluriel.

La reprise des municipales partielles, que d’aucuns considéraient comme de simples formalités pour le parti au pouvoir, a finalement tourné au désastre pour ce dernier, qui en ressort complètement mis en miettes par le rouleau compresseur de l’Organisation pour la démocratie et le travail (ODT), pour ne pas dire d’Anatole Bonkoungou.

Exploit politique pour le Robinson des bois de l’arrondissement 4 qui n’avait avec lui que la force des faibles. Contrairement à son challenger, Zakaria Sawadogo, qui a bénéficié du soutien matériel et surtout financier des caciques de son camp, comme François Compaoré, le «petit président», et Arthur Kafando, ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat.

14 conseillers pour l’ODT contre 5 au CDP et 1 au parti «Le Faso Autrement», c’est simplement inédit. Pour une formation habituée au «tuk-guili», aujourd’hui à la ramasse, ce n’est pas une défaite mais plutôt une déculottée. «Un non-événement», pourraient dire pour se consoler certains. Si ça peut soulager, c’est tant mieux. Mais le moins qu’on puisse dire au regard de ces résultats, c’est qu’il n’y a pas eu match dans cette localité où l’issue du scrutin reflétera peu ou prou la réalité politique nationale.

Comme en France où les municipales des 23 et 30 mars prochain constitueront un véritable test pour l’ensemble de la classe politique. Particulièrement pour les socialistes au pouvoir. Pour deux raisons majeures :

- primo, elles constituent une évaluation à mi-mandat pour le PS et son chef, François Hollande, plombé depuis dans les étiages des sondages ;

- secundo, l’UMP de Nicolas Sarkozy va tenter, à défaut d'opérer une percée électorale, de préserver son terrain, menacé par le Front National de Marine Le Pen qui espère obtenir la gestion de plusieurs municipalités.

La situation en France est quelque peu similaire à celle du Burkina Faso même si le contexte n’est pas le même : d'une part, le parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), dont la cote de popularité a pris un coup, devait montrer qu’il garde intacte sa base malgré le départ d'anciens caciques, en l'occurrence Roch, Salif et Simon ;

d'autre part, l'opposition devait prouver que le régime est en perte de vitesse, comme elle ne cesse de le clamer dans ses discours, surtout après la création du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) et la crise dans l'arrondissement n°4 de Ouagadougou.

Intervenant donc dans la conjoncture politique que l’on sait, ce scrutin comportait un enjeu national pour certains partis en compétition.

Une occasion pour les uns de confirmer leur assise, pour les autres de monter leur repositionnement dans les six communes rurales (Bagré, Dandé, Guiaro, Pensa, Soubakaniédougou, Yamba) et l'arrondissement n°4 de la capitale burkinabè, dont les conseils municipaux avaient été dissouts.

Dès lors, la CENI était chargée d’organiser de nouvelles élections qui bien que locales ont pris l’allure d’un scrutin national.

Le 23 février 2014, les électeurs étaient aux urnes. Mais là où le vote était scruté de près, c'était sans doute dans l'arrondissement n°4, où l'ex-maire Anatole Bonkoungou avait fait fi des consignes de son parti de l’époque, le CDP, pour se faire élire. Cette "inconduite" lui avait valu une sanction pour indiscipline et la suspension des instances du parti au pouvoir jusqu'à nouvel ordre. Et comme si cela ne suffisait pas, le fonctionnement du Conseil municipal dudit arrondissement a été constamment entravé par un boycott systématique des conseillers CDP, chose qui a entraîné le blocage de la mairie. Et comme nous l'écrivions dans nos précédentes éditions, "meurtri dans sa chair, Anatole Bonkoungou a quitté le navire CDP pour se présenter sous la bannière de l'ODT comme candidat aux municipales du 23 février 2014 avec le secret espoir de triompher dans les urnes, montrant ainsi à ses ex-camarades qu'il n'avait pas usurpé son élection à la tête de l'arrondissement n°4. Ces municipales partielles sonnent donc comme un désir de revanche pour l'ex-édile et un défi pour le CDP, qui doit triompher pour laver l’affront. Au-delà du cas Bonkoungou, ce scrutin est un test pour le parti au pouvoir, qui cherchera à réévaluer ses forces après l’hémorragie dont il est victime".

Durant la campagne, le parti au pouvoir a donc déployé l’artillerie lourde en mobilisant d'énormes moyens financiers et matériels pour anéantir son principal adversaire, le "rénégat" Anatole, dans les urnes. Echec.

Malgré cette débauche ostentatoire de fric assortie de promesses mirobolantes, Assimi et ses troupes ont regagné, le soir du scrutin, l’avenue Kwame N’Krumah en traversant le barrage de Tanghin à la nage. On imagine que la nuit a été cauchemardesque et le réveil douloureux pour l'équipe de campagne du CDP et surtout pour l'ex-maire de Nongr-Massom et ses soutiens.

L’ODT, l’Organisation pour la Démocratie et le Travail : jusqu’à une date récente, ce parti figurait sur la liste des formations inconnues du landerneau politique même s’il dispose d'un député à l'Assemblée Nationale. C'est à la faveur de ces municipales partielles surtout qu'elle a été révélée au grand public, notamment dans la capitale burkinabè.

En réalité, c’est moins le parti politique que l’équation personnelle qui a triomphé dans l’arrondissement n°4 de Ouaga. Les populations avaient le sentiment d’une injustice faite à Anatole Bonkoungou. Les frustrations endurées sous l’ère Zacharia et l’attitude parfois arrogante de certains bonzes du CDP ont fini par agacer les électeurs, qui ont choisi le vote- sanction pour envoyer un signal fort à qui de droit. Sera-t-il reçu 5/5 ?

Maintenant que les jeux sont faits, on espère que le CDP ne cherchera pas de nouveau à refaire le match en boycottant, comme la précédente fois, les sessions du conseil municipal dans la vile espérance d’en bloquer le fonctionnement ; chose théoriquement impossible, puisqu’avec seulement 5 sièges, il ne dispose d’aucune force pour jouer sur le quorum.

"La récréation est terminée", on vous dit.



Adama Ouédraogo

Damiss

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