Les employés de l’industrie de ciment Diamond Cement observent une grève de 48 heures depuis la matinée du lundi 24 février 2014. Les causes de ce mouvement sont d’ordre salarial et les mauvaises conditions de travail. Ils ont cessé le travail et tiennent un sit-in devant la porte pour se faire entendre auprès de leur administration.
Ils étaient regroupés devant la porte de l’usine pour manifester leur ras-le-bol des conditions de travail et de leur traitement salarial. A notre arrivée, le pupitreur de l’opérateur de la salle de contrôle, Lassané Sam, nous donne en substance les raisons de la manifestation : «Depuis 2002 nous avons un président-directeur général que nous n’avons jamais rencontré, nos salaires n’ont jamais bougé, et le comble est que nous n’avons pas de délégué du personnel.» Si cela est bien noté, c’est le nerf de la guerre et des mauvaises conditions de travail qui sont au centre de la grogne qui fragilise les activités de l’usine. A titre d’exemple, un ouvrier qui travaille à Diamond Cement perçoit la somme de 1000/jour, soit un total de 30 000 F CFA par mois ; un cadre de l’usine a comme salaire de base tout au plus la somme de 100 000 F CFA. A tout cela s’ajoutent le manque de personnel et le fait que les syndiqués n’ont pas droit de cité dans l’usine du ciment sise à Zaktouli. Il arrive aussi que ces salaires dérisoires soient versés en retard.
Concernant les conditions de travail, les ouvriers de la société de production du ciment déplorent l’inaccessibilité aux matériels de protection de première nécessité tels que les chaussures de sécurité, le masque de protection et mêmes les médicaments. Le soudeur, Olivier Bamouni, rage à la gorge, avoue qu'avoir ne serait-ce qu’un cache-nez relève du parcours de combattants, et il faut faire des demandes à longueur de journée.
Sur la question relative au délégué du personnel, les ouvriers en veulent beaucoup à l’Inspection de travail, qui manifestement ne ferait rien en leur faveur. Malgré leurs nombreuses sollicitations et interpellations, elle n’aurait pas sommé l’usine de prendre les dispositions nécessaires pour permettre aux travailleurs de désigner leur représentant.
Avant que la situation ne dégénère, les travailleurs avaient auparavant adressé une lettre à leur administration avec les points de revendication dans le mois de décembre 2013 et il n'y a pas eu de suite favorable.
Afin d'obtenir la fin du sit-in, l’administration, par la voix du directeur commercial général, Hyppolite Dindjéré, entend recevoir les travailleurs pour leur assurer que l’augmentation des salaires sera effective d’ici là avec le versement des arriérés. La paralysie de l’usine serait due au fait que quelque part il y a quelqu’un qui n’a pas fait son travail : il s'agirait du nouveau financier venu depuis quelques mois et qui ne sait rien de la législation burkinabè en matière de travail et qui ne parle même la langue de Molière, c'est-à-dire le français.
Quant à la question du manque de délégué du personnel, tous les ouvriers interrogés disent que cela est surtout lié à la perception erronée qu’en a le directeur des Ressources humaines, qui voit en lui l’ennemi de l’administration.