Pour mettre fin à un long conflit relatif aux divergences d’interprétation du tracé de la frontière entre le Niger et le Burkina Faso, une commission d’abornement a commencé son travail samedi.
Depuis des décennies, un conflit relatif au tracé de la frontière entre le Niger et Burkina Faso empoisonne les relations entre les deux Etats. Un conflit en passe d’être enfin réglé. Afin d’aboutir à un règlement pacifique, la Commission technique mixte d’abornement (CMAT), mandatée par la Cour Internationale de Justice, s’affaire depuis samedi entre les deux pays. Dirigée conjointement par les ministres nigérien et burkinabé en charge de l’Administration territoriale, la commission est en effet chargée de délimiter définitivement la frontière commune. Au terme de son travail, chaque Etat connaîtra donc les limites exactes de son territoire et, en conséquence, les limites de sa souveraineté.
A l’origine du conflit, les deux parties s’opposaient sur l’interprétation de plusieurs actes relatifs aux tracés des frontières postérieures aux indépendances de 1960. Le nœud du problème, la partie centrale, une zone d’environ 375 km, entre la borne de Tong-Tong et la boucle de Botou. Incapables de se mettre d’accord, les deux gouvernements, voulant régler définitivement ce différend, avaient décidé de s’en remettre à la Cour de la Haye qui avait rendu un arrêt le 16 avril 2013. En déterminant le tracé de la frontière, elle avait levé toute confusion sur l’appartenance des populations riveraines, et avait mandaté la CMAT pour mettre en œuvre sa décision.
Mais bien au-delà des considérations purement politiques et administratives, l’existence d’un nouveau tracé n’est pas sans provoquer certaines inquiétudes au niveau des populations locales. Le chef du groupement de Bankilaré au Niger, Elmoumine Boula, exprimait ainsi ses inquiétudes auprès de RFI : "Quand on a appris l’arrêt de la Cour, au-delà des populations, […] ce qui nous a inquiété le plus c’est l’appartenance des terres qui sont en train d’être cultivées de part et d’autre". Des craintes rabattues en brèche par les dirigeants des deux Etats. Ainsi, pour Jérôme Bougouma, ministre burkinabé en charge de l’Administration territoriale, "cette frontière ne doit pas être considérée comme une barrière mais plutôt comme une passerelle entre les deux peuples". Le ministre de l’Intérieur du Niger Hassoumi Massaoudou voit quant à lui avec ce nouveau tracé un "renforcement" des "liens multiséculaires qui unissent les deux peuples".