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Les députés membres de la CODE s’imprègnent des problèmes sur les sites miniers du Bam
Publié le dimanche 23 fevrier 2014   |  Assemblée Nationale


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© Assemblée Nationale par DR
Les députés membres de la Commission du développement économique et de l’environnement (CODE) étaient du 13 au 15 février 2014, en mission d’information dans la province du Bam, région du Centre Nord


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Les députés membres de la Commission du développement économique et de l’environnement (CODE) étaient du 13 au 15 février 2014, en mission d’information dans la province du Bam, région du Centre Nord. L’objectif de ce séjour était de toucher du doit, les réalités que vivent les différents acteurs sur les sites miniers. Ainsi, tour à tour, les sites miniers d’Alga et de Sabcé, ont accueilli la délégation parlementaire.
Après une visite de courtoisie aux autorités provinciales le jeudi 13 février 2014, notamment au haut commissaire, la première étape de la délégation parlementaire, conduite par le député Hamadou Sanon, président de la Commission du développement économique et de l’environnement (CODE), a été le site d’Alga, village situé à une cinquantaine de km de Kongoussi, chef lieu de la province, dans la commune rurale de Bourzanga. Les acteurs attendaient, visiblement, les représentants du peuple au regard de leur mobilisation. Après avoir bu le zom koom de bienvenue (boisson préparée à base de la farine du petit mil), le chef de la délégation annonce à la population la raison de leur présence sur le site minier d’Alga. « Nous sommes venus vous écouter afin de connaître les difficultés que vous rencontrez dans le cadre de vos activités… », leur a-t-il dit d’emblée. Après cette annonce, les orpailleurs sont invités à prendre la parole. Ils ne se sont donc pas fait prier. Le bal est ouvert par le 1er adjoint au maire de Bourzanga qui a soutenu que c’est une chance pour sa commune d’accueillir les illustres hôtes venus de Ouagadougou. Il est suivi par le chef du village qui a souhaité la bienvenue à la délégation. Au nombre des préoccupations soulevées par le chef, figurent les retombées. Celui-ci estime que son village ne bénéficie pas des retombées de l’or récolté sur le site. Il a également souligné la dégradation de l’environnement causée par l’exploitation de l’or. Les autres préoccupations énumérées par les acteurs tournent autour du manque d’eau, de centre de santé et de promotion sociale (CSPS), d’écoles, de l’abandon des salles de classe pour l’orpaillage par les enfants en âge de scolarisation, du manque de transparence dans la gestion du site, du faible coût d’achat du gramme d’or… « L’eau surtout est notre priorité car nous buvons l’eau du barrage qui est à 7 km d’ici. Nous avons trois puits traditionnels qui se situent à 3 km de là et qui s’assèchent très rapidement. Le seul CSPS le plus proche d’ici est à Bourzanga distant de 7 km… », a laissé entendre Madi Konfé.
Les députés ont écouté religieusement ces préoccupations. Et c’est le député R asmané Ouédraogo, qui, au nom de la délégation, a donné les réponses aux acteurs. Pour lui, la délégation de la CODE n’est pas venue avec des solutions à leurs préoccupations mais il les a rassuré que leurs préoccupations seront transmises à qui de droit. Pour ce qui est des retombées de l’or, le député a relevé que c’est un problème qui aurait dû être réglé dès le début car tout dépend de ce qui a été décidé avec les acteurs. Les délégués ont ensuite visité les installations.
Deux types d’exploitation se côtoient sur le site minier. En effet, l’exploitation se fait de façon artisanale d’un côté et de l’autre elle est semi mécanisée. C’est par la première que la visite a commencé. Ici, le minerai extrait est broyé par des moulins et le lavage se fait sur des installations rustiques. Le visiteur est tout de suite frappé par la poussière. « Les maladies respiratoires sont légion par ici… », nous souffle un orpailleur.
L’exploitation semi mécanique présente un autre visage. Sur ce site géré par la Société de transport et d’exploitation minière (SOTEXMI), il y a moins de poussière, l’exploitation se faisant à l’aide des machines. Les responsables de l’exploitation se sont faits le plaisir d’expliquer à leurs hôtes, le fonctionnement de leur unité et ceux-ci n’ont pas manqué de poser des questions sur les différentes mesures prises pour protéger et les acteurs qui travaillent sur le site et l’environnement. Le cyanure est utilisé pour l’exploitation de l’or. Où est-ce que vous stockez les rejets qui contiennent des résidus de ce produit très toxique ? A voulu savoir un député. Pour Ali Pascal Ouédraogo, coordonnateur du site, les rejets subissent un traitement pour épurer le cyanure avant d’être stocké. Dans tous les cas, ces rejets sont, selon lui, souvent rachetés par des sociétés minières car leurs installations n’arrivent pas à récupérer tout l’or que contient le minerai.
La délégation a regagné ensuite Kongoussi où elle a rendu visite à un producteur modèle installé à quelques encablures de la capitale du Bam sur les berges du lac Bam. Instituteur de son état, Martin Bagnan se consacre depuis maintenant dix ans, à la culture maraîchère à ses heures perdues. Son site maraîcher s’étend sur plus de 15 ha aménagés pour 12 ha exploités. L’activité occupe une soixantaine de personnes et, à entendre Martin Bagnan, chacun y trouve son compte. « Je loue la terre avec les propriétaires terriens. Pour une superficie donnée, je paye en contrepartie un sac de récoltes. Je libère les terres pendant l’hivernage, ce qui leur permet de mener leurs activités agricoles… », a-t-il expliqué à ses visiteurs.
Le vendredi 14 février, le cap est mis sur Sabcé. C’est dans cette commune rurale situé sur l’axe Kongoussi-Ouagadougou à une trentaine de km du chef lieu qu’est installée la société minière Bissa Gold S.A, une filiale de la société russe Nordgold. Avant d’aller sur le site proprement dit, les députés ont visité des structures socioéconomiques réalisées par la société au profit des populations des villages affectés par l’installation de la mine. La première structure visitée a été un centre de formation féminine. Dans ce centre situé à Sabcé, 35 femmes sont en train d’être formées au métier de tisseuse. Dans le village de Bissa, la société a initié un projet dont l’objectif est de doter chaque famille, d’un poulailler. Ainsi, la délégation a pu visiter un des trois sites que compte le village. A Imiougou, la société a ouvert un centre de formation à différents métiers qui accueille de nombreux jeunes du village. Les députés ont découvert dans ce centre des apprenants en pleine activité dans des ateliers de construction métallique, de mécanique des motos, de plomberie, de menuiserie, d’électricité et de tisseuse.
Après la visite de ce centre, les représentants du peuple à l’Assemblée nationale ont été conduits à la base de la société minière, Bissa Gold S.A, pour un entretien avec les responsables. Le Directeur Général adjoint, Christian Ouédraogo, et ses collaborateurs mobilisés, attendaient les visiteurs. Le chef de la mission, le député Hamadou Sanon, a d’emblée décliné l’objectif de la mission. Et Christian Ouédraogo de dire que sa structure est honorée par cette visite des membres de la Représentation nationale. Il a ensuite fait une présentation de sa société qui, à l’entendre, a démarré l’exploitation en juin 2011. Mais avant d’en arriver à cette étape, la société a investi 9 milliards dans la recherche du métal jaune de 2004 à 2009. Bissa Gold S.A est située, selon lui, à cheval entre deux des trois provinces du Centre Nord, à savoir les communes rurales de Sabcé dans le Bam et de Mané dans le Sanmatenga. Outre Bissa Gold S.A, la société Nordgold est également présente à Taparko dans la Gnag. Bissa Gold S.A verse annuellement 133 millions de francs CFA à la commune de Sabcé et 134 millions de francs CFA à Mané. La mine a une durée de 7 ans mais des études effectuées montrent qu’elle peut aller au-delà de 20 ans, d’où une extension de la mine est envisagée. L’installation de la mine a affectée 60 % des terres de la zone, à en croire le Directeur Général adjoint. Aussi, pour permettre la réinsertion des populations qui ont perdu leurs terres, notamment sa frange jeune, Bissa Gold S.A a initié des projets à leur profit, en témoigne les différentes réalisations que les élus ont visité. Pour ce qui est de la dégradation de l’environnement, Christian Ouédraogo a indiqué qu’un plan gestion environnementale existe et a été mis en œuvre.
Pour le Directeur général adjoint, Bissa Gold essaie de jouer sa partition dans le développement des communautés riveraines. C’est ainsi que les réalisations au profit des populations se font de concert avec l’ensemble des riverains. « Nous avons dû réorienter certains projets qui ne cadraient pas avec les objectifs des bénéficiaires… », a souligné Christian Ouédraogo.
Le chef de la délégation s’est dit satisfait de la mission en ce sens qu’elle a permis aux députés membres de la CODE de toucher du doigt les réalités du terrain. « Nous avons pu observer en effet qu’au niveau de l’orpaillage par exemple, de nombreux problèmes existent. L’exploitation artisanale de l’or gagnerait à être bien organisée. A Bissa Gold nous avons remarqué que les réalisations socio-économiques ne l’ont pas souvent été en association avec les pouvoirs locaux. Mais il y a un point positif que nous retenons à l’actif de cette société. C’est la réalisation du centre de formation qui regroupe à la fois plusieurs ateliers comme la construction métallique, la plomberie, l’électricité, la mécanique des motos… Ce centre par exemple a été réalisé en association avec le plan de développement communal. Cela est une bonne chose… », a noté le président de la CODE.

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