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Dialogues démocratiques du CGD : quelle alternative aux politiques néolibérales en cours au Burkina Faso ?
Publié le samedi 22 fevrier 2014   |  FasoZine




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Dans le cadre de son activité dénommée «dialogues démocratiques», le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a organisé, dans la soirée du 19 février 2014, un panel autour du thème suivant: «Les politiques publiques de l’alternance démocratique au Burkina Faso: existe-il une alternative aux politiques néolibérales en cours dans notre pays?». Pendant plus de trois heures, les Pr Fernand Sanou, Idrissa Ouédraogo et le Dr Saïdou Ouédraogo ont échangé avec un public composé entre autres d’acteurs politiques, économiques, de la société civile, d’étudiants, etc.

Tous les trois panélistes étaient unanimes: si le parti majoritaire au Burkina, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) se réclame de la social-démocratie, il n’en demeure pas moins que sur le terrain, c’est une politique néolibérale qui est appliquée. «J’en veux pour preuve les privatisations tout azimuts engagées dans notre pays et qui ont créé d’énormes problèmes sociaux» a expliqué le Dr Ouédraogo, ajoutant que chaque enfant qui nait au Burkina a une dette de près de 73 000 FCFA.

A l’en croire, en moins de deux décennies, plus de 50 sociétés burkinabè ont été privatisées. En plus, a-t-il souligné, «personne ne contrôle la qualité des produits que nous consommons, personne ne s’intéresse à la qualité des soins que nous recevons dans les établissements de soins privés, personne non plus ne cherche à savoir si les cours administrés aux élèves et étudiants dans les structures privées sont de qualités. Dans tous les cas, a souligné l’économiste, les politiques néolibérales sont sans fondement théorique solide».

A l’opposé du Dr Saïdou Ouédraogo, le Pr Idrissa Ouédraogo pense que le libéralisme en soi n’est pas une mauvaise chose. Mais que l’efficacité de toute politique tient à son application et dans le contexte dans lequel elle est appliquée. «Aujourd’hui, la corruption sévit à grande échelle dans notre pays, l’économie est contrôlée par un clan, par une famille, les marchés publics sont l’affaire de quelques individus... Est-ce ça le libéralisme? Non», a répondu le Pr Idrissa Ouédraogo. Du reste, il a indiqué que très souvent, ce ne sont pas les personnes indiquées qui partent négocier les contrats avec les institutions de Breton-Wood et que contrairement à ce que pensent bon nombre de personnes, ce ne sont pas ces institutions qui imposent à nos pays leurs politiques économiques. «Ce sont nos présidents et nos ministres en charge de l’Economie qui disent ce qu’ils attendent de ces institutions», a souligné le Pr Ouédraogo en mentionnant que le libéralisme n’est pas un passage obligé pour nos pays.

Quand au sociologue Fernand Sanou, il a dénoncé le vote communautariste, clanique qui a cours dans notre pays et a appelé à la moralisation de la vie politique, sinon a-t-il indiqué, «nous ne sommes pas à l’abri de ce que d’autres pays africains ont vécu». A l’en croire, «le pouvoir politique est devenu dans notre pays le marché le plus rentable», alors que l’objectif premier de l’engagement en politique n’est pas de se faire de l’argent. Le Pr Sanou a donc appelé à repenser la démocratie à travers l’ouverture d’un dialogue franc, empreint de tolérance. Pour lui, l’éducation politique des populations ainsi que l’engagement des intellectuels peut être d’un grand apport.

A ce propos, dira Valère Somé, l’un des acteurs majeurs de la révolution burkinabè, «nous sommes prêts à mener le débat politique, empreint de courtoisie et de respect». Il a invité ceux qui se réclament sociaux-démocrates, néolibéraux, écologistes, etc. à sortir de leur silence afin qu’ils puissent enfin mener dans ce pays un débat de fond sur les orientations de chacun au bonheur de nos populations, car d’après lui, «ce qui nous manque au Burkina, c’est vraiment le débat politique».

Pour sa part, le Pr Augustin Loada, Directeur exécutif du CGD, organisateur de ce panel, a indiqué que le débat doit se poursuivre et que la pluralité des idées doit être encouragée car place doit être laissée à toutes les pensées de s’exprimer librement. Dans tous les cas, a-t-il ajouté, «si on ne sait pas là où on veut aller, on ira nulle part». C’est pourquoi, tout en insistant sur la nécessité d’investir dans l’éducation, il a invité tous ceux qui ont la prétention de vouloir diriger ce pays à exposer clairement leur vision de l’avenir du Burkina Faso.

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