C’est en principe aujourd’hui vendredi 21 février 2014 que s’ouvre à Abidjan la 7e convention du Front populaire ivoirien (FPI). Un rassemblement auquel la famille politique du président ivoirien déchu, Laurent Gbagbo, se rend en rangs dispersés. A l’origine du clivage au sein du principal parti d’opposition ivoirien, la perspective de la présidentielle de 2015. Les uns, à l’instar du président de la formation, Pascal Affi N’Guessan, voulant d’une candidature, les autres, comme Justin Koné Katinan, porte-parole de l’ex-président, l’entendant de la même oreille mais à une seule condition : la libération de leur champion, Laurent Gbagbo, en détention à la prison de Scheveningen pour «crime contre l’humanité» durant les violences postélectorales en 2010. Autant dire que ces derniers brandissent l’étendard du boycott, sport favori du FPI depuis sa perte du pouvoir.
Certes les protagonistes se sont entendus pour laver le linge sale en famille, comme on dit chez nous. Mais qu’en restera-t-il au terme de ces 28 heures de lessive qui s’annoncent houleuses ? Partisans d’une candidature du FPI en 2015 et leurs contradicteurs parviendront-ils à régler leur différend sans mettre en péril l’unité du parti ?
On notera que l’attitude des partisans de la politique de la chaise vide est tout aussi compromettante pour l’avenir du phalanstère Gbagboïste. Caler son logiciel interne sur le boycott jusqu’à l’hypothétique libération du père-fondateur relève tout simplement du suicide politique.
Les élections sont aux partis ce que les réunions de famille sont à la fratrie : des moments de grandes communions et de raffermissement des liens.
Après l’absence aux élections locales d’avril 2013, le FPI survivra-t-il à d’autres rendez-vous manqués avec l’électorat ?
On comprend bien la fidélité à toute épreuve des adeptes du «rien sans Gbagbo». Mais le gage de fidélité consiste plutôt à travailler à pérenniser l’œuvre de celui dont ils sont de fervents thuriféraires. Par conséquent, ceux qui appellent à la reconquête du pouvoir en l’absence du chef ne sont nullement des traitres comme on pourrait le penser. Bien au contraire.
C’est vrai que ce refus de participer à la présidentielle de 2015 procède aussi d’une autre stratégie : mettre du sable dans l’attièkè du président Alassane Ouattara. C’est-à-dire faire en sorte qu’il soit mal réélu au terme d’un scrutin sans enjeu véritable, puisque tenu sans le principal parti de l’opposition. Un scénario que redoute, dans une certaine mesure, ADO qui multiplie les gestes d’apaisement politique tels la libération provisoire des détenus politiques FPI et les appels répétés au retour des exilés.
Mais si par extraordinaire les jusqu’-au-boutistes venaient à prendre le dessus sur les modérés, pour sûr, des candidats alibis ou accompagnateurs ne manqueraient pas pour donner un soupçon de saveur à la présidentielle. Même si le PDCI-RDA venait à renoncer à une candidature en échange du poste de vice-président que vise la création d’une réforme politique actuellement à l’étude.
Affi N’Guessan, déjà sans doute sur la ligne de départ du scrutin, gagnerait à œuvrer à obtenir la caution, sinon de l’ensemble du FPI, du moins de sa grande majorité, plutôt que de se l’aliéner en cherchant du soutien chez ses frères ennemis. Comme le laissent croire ses visites controversées à certains dirigeants du RDR, au président du PDCI/RDA, Henri Konan Bédié.