Les différentes délégations officielles du Burkina Faso ont commencé, depuis hier matin 20 février, à arriver dans la ville de Rome. Le constat que l’on puisse faire d’ores et déjà, est qu’il n’y a pas beaucoup de monde qui se déplace pour l’investiture du nouveau cardinal burkinabè, Philippe Ouédraogo, parce que le Pape François a demandé que la jubilation soit modeste.
Après le secrétaire général du Ministère des affaires étrangères et de la coopération régionale, c’est la délégation des évêques du Burkina Faso, qui est arrivée à Rome, en fin de matinée, composée des 2 archevêques de Bobo-Dioulasso et de Koupèla, Mgrs Paul Yemboado Ouédraogo et Séraphin Rouamba, ainsi que de Mgr Thomas Kaboré, évêque de Kaya. Rome, ville des César, Jules, Auguste, Tibère, Néron, Marc Aurel, Constantin et Romulus Augustule. Rome, ville des poètes et philosophes Pline, du jeune, Cicéron et Horace. Rome enfin, des martyres chrétiens et des papes Pierre, Sylvestre, Lin, Clément, Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI et aujourd’hui, François. La ville dite éternelle est un monument vivant de la plus grande et prospère civilisation de l’Antiquité, de celle moderne et contemporaine, de langues européennes et américaines dites latines , de lois et de bâtisses architecturales qui défient les âges et même les peuples. On dirait que chaque pierre qui élève ses murs, raconte l’histoire. C’est dans cette Rome que l’archevêque de Ouagadougou, Philippe Nakellentùba Ouédraogo, après son « papa » dans l’épiscopat Cardinal Paul Zoungrana, est allé recevoir le titre honorifique de « prince de l’Eglise », cardinal de la sainte Eglise romaine. Mais, que l’on ne s’y trompe pas, à lire la lettre du Pape François, adressée aux nouveaux cardinaux, on est tenté de dire que ces titres doivent se conjuguer avec modestie.
Le Pape François a invité les nouveaux cardinaux, dans une lettre à eux adressée, à fêter la joie de leur cardinalat, selon "l’esprit évangélique d’austérité, de sobriété et de pauvreté". Un message, lancé, ipso facto à leur entourage. Le Pape avait lui-même demandé, à l’occasion de son élection, en mars dernier, que les Argentins qui pensaient venir à Rome pour l’inauguration du pontificat, consacrent plutôt le prix du voyage au secours des pauvres. Il avait déjà tenu le même discours pour le consistoire de 2001, au cours duquel il a été créé cardinal par Jean-Paul II : il avait demandé d’offrir plutôt de l’aide aux malheureux. "Le cardinalat ne représente pas une promotion, ni un honneur, ni une décoration ; c’est simplement un service qui exige d’étendre son regard et d’élargir son cœur", a expliqué le Pape qui a demandé d’accueillir cette désignation "avec un cœur simple et humble".
Une déconcentration des charges cardinalices
L’autre message de la lettre du Pape est que l’Eglise est universelle, elle n’est pas une institution figée dans le passé. Elle est proche des pauvres, des derniers, de toutes les périphéries de la planète et le Pape a bien voulu le faire remarquer, de fort belle manière. L’annonce officielle des noms des premiers cardinaux créés par le Pape François, a suscité une grande attente.
La liste des 16 nouveaux écclésiastiques, de 12 pays différents, à recevoir la pourpre cardinalice, permet de comprendre les intentions de l’évêque de Rome.
Elle montre sa vision de l’Église, en particulier, en ces temps de réforme de la Curie romaine, ce gouvernement de l’Eglise que le Pape a entrepris de réaliser. Parmi les nouveaux cardinaux, ont remarqué les observateurs et fins connaisseurs de l’institution, on ne retrouve pas les pays qui, durant des siècles, ont monopolisé les charges cardinalices comme l’Espagne, la France, la Belgique ou encore les Etats-Unis. En revanche, on y trouve des évêques à la tête de diocèses assez modestes des Philippines, du Nicaragua, de Haïti et bien sûr, les archevêques du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire…au lieu d’archevêques de villes historiques européennes. Le message du Saint Père est clair et fort : l’Eglise ne se limite pas à la vieille Europe et il n’existe pas de diocèses de première division et de diocèses de deuxième division. Etre cardinal n’est pas synonyme de privilèges ou de carrière, a-t-il fait savoir aux nouveaux cardinaux, dans la lettre qu’il leur a adressée.
Dans la basilique Saint Paul hors les murs, toutes les délégations sont allées dire une messe, présidée par le Mgr Paul Yemboado Ouédraogo, aux intentions des nouveaux cardinaux qui entrent en consistoire aujourd’hui, vendredi 21 février 2014.
Thomas Dakin POUYA
(Envoyé spécial à Rome)
pouyemtiim@yahoo.fr