L’Agence de financement et de promotion des Petites et moyennes entreprises (AFP/PME) propose, dans une étude ayant fait l’objet de débats, le 19 février 2014 à Ouagadougou, de mettre en place un fonds qui va subventionner à 2/3 les crédits des petites et moyennes entreprises. Mais, les modalités de son intervention suscitent des divergences.
Face aux problèmes de liquidité des petites et moyennes entreprises (PME), l’agence en charge de leur promotion suggère de créer un fonds. C’est la principale recommandation d’une étude commanditée par l’Agence de financement et de promotion des Petites et moyennes entreprises (AFP/PME). Ce fonds devrait en principe, être alimenté par des ressources provenant des partenariats et de fonds propres, pourvus par les pouvoirs publics. Ainsi, le fonds agira comme un régulateur qui permet aux entrepreneurs d’accéder à des crédits à taux réduits. Cela se fera par la mise en place d’un mécanisme de bonification de taux d’intérêt au profit des PME/PMI.
Selon la directrice de l’AFP/PME, Stéphanie Zida, cette bonification vise à alléger la charge financière de tout prêt en offrant les moyens au bénéficiaire d’en couvrir une partie. Si le fonds venait à voir le jour, il pourrait servir à subventionner les crédits des PME/PMI. Ainsi, l’agence prendra en charge les 2/3 du taux d’intérêt et le reste est à la charge de l’emprunteur, sur une durée maximale de 5 ans. Pour rendre le mécanisme opérationnel, l’AFP/PME doit alimenter le fonds à hauteur de 1, 459 milliard de FCFA par an, selon l’étude. Par ailleurs, pour qu’une entreprise bénéficie de la bonification du taux d’intérêt, sa demande de prêt devra être comprise entre 10 et 60 millions de FCFA.
Divergences de vue sur les modalités de bonification
Cette proposition a été aussitôt, récusée par des institutions de financement, arguant que des demandes de prêt excédent souvent 60 millions de FCFA. Par conséquent, ils suggèrent de revoir à la hausse ce plafond, dans le document final. L’étude n’a pas fait une allusion spéciale aux femmes entrepreneures. Les représentants du Ministère de la promotion de la femme ont attaqué cette situation, plaidant pour une prise en compte des femmes qui constituent près de 51% de la population. En outre, le manque d’analyse financière de l’impact du mécanisme sur l’économie burkinabè, l’absence de capitalisation de l’expérience des autres pays de l’UEMOA en matière de bonification de taux d’intérêts au profit des PME/PMI, ont été soulignés par les participants comme étant des lacunes de l’étude. Par conséquent, ils ont suggéré à l’AFP/PME de prendre en compte ces éléments dans le rapport final. Enfin, ils ont reconnu dans l’ensemble, que la mise en place effective d’un tel mécanisme au profit des petites et moyennes entreprises, va impulser une dynamique à l’économie.
Les Petites et moyennes entreprises (PME) constituent un des leviers de la lutte contre la précarité, le chômage et le sous-emploi. Elles contribuent à 30% à la création d’emplois et de richesses, selon le rapport 2006 de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso. Bien qu’elles soient importantes dans le secteur économique, les PME sont confrontées à d’énormes difficultés dont l’accès aux crédits. Selon les enquêtes menées par la Banque mondiale, 40% des petites et 30% des moyennes entreprises en Afrique, considèrent l’accès au financement comme un frein majeur à leur développement. De 2005 à 2012, malgré la révision du taux directeur de la BCEAO à la baisse de 2.5%, le taux d’intérêt débiteur pour les PME est passé de 7.5% à 8%. Toute chose qui ne favorise pas l’émergence de ces entreprises qui contribuent à 80% au développement du tissu économique au Burkina Faso.