Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), a organisé un dialogue démocratique sur le thème : « Les politiques publiques de l’alternance démocratique au Burkina Faso : existe-t-il une alternative aux politiques néolibérales en cours dans notre pays ? », le mercredi 19 février 2014, à Ouagadougou.
Les politiques néolibérales conduites au Burkina Faso sont-elles responsables des déficits qui caractérisent la situation sociopolitique des Burkinabè ? Où faut-il rechercher d’autres facteurs explicatifs ? Y a-t-il une alternative aux politiques néolibérales conduites au Burkina Faso sous l’égide des institutions financières internationales ?
Si oui, laquelle ou lesquelles ? Les partis et leaders politiques qui pourfendent le néolibéralisme ont-ils les moyens de conduire des politiques alternatives ou leur discours antilibéral relève-t-il de la phraséologie ?
Ce sont autant de questions posées au cours du dialogue démocratique, initié par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) sous le thème : « Les politiques publiques de l’alternance démocratique au Burkina Faso : existe-t-il une alternative aux politiques néolibérales en cours dans notre pays ? ».
Les réponses à ces interrogations ont été laissées à l’appréciation de trois panélistes à savoir, les professeurs Fernand Sanou et Idrissa Ouédraogo respectivement, sociologue et économiste de formation, et le Docteur Rasablga-Saïdou Ouédraogo, économiste de son Etat.
Avant l’intervention des conférenciers, le directeur exécutif du CGD, Pr Augustin Loada, a laissé entendre que depuis le début des années 90, l’économie du Burkina Faso, à l’instar de celles des Etats subsahariens, est sous ajustement structurel. Il a ajouté qu’en principe, les grandes décisions prises par le pouvoir d’Etat sont censées avoir été discutées ou inspirées par les partis politiques.
« Aujourd’hui, sur le plan de la gouvernance politique, les aspirations au changement démocratique des Burkinabè n’ont jamais été aussi grandes avec les demandes de plus en plus manifestes, exprimées en faveur de l’alternance démocratique au niveau des couches urbaines de la population. Des voix se sont néanmoins exprimées en faveur d’une alternance démocratique qualitative, voire une rupture avec les politiques actuelles », a-t-il mentionné.
De l’alternance et de l’alternative
A la suite du Pr Loada, l’honneur est revenu au Pr Sanou d’entretenir le public sur la thématique à l’ordre du jour. Dans son exposé, celui-ci a défini les notions d’alternance et d’alternative. Selon lui, « l’alternance consiste à changer celui qui exerce le pouvoir » alors que l’alternative est le fait de « changer ce qui semble être l’ordre des choses, inventer un autre mode, une autre répartition des richesses, du pouvoir, une autre manière de gouverner un pays ».
A l’entendre, en Afrique de façon générale et au Burkina Faso en particulier, le foisonnement des partis rend souvent difficile la lecture de leurs lignes idéologique ou politique ou même problématique et ce, depuis le discours de la Baule en 1990 sur la démocratie multipartiste comme clé du développement. D’où, à son avis, la nécessité et la difficulté de l’alternance au « pays des hommes intègres ».
A cette confusion idéologico-politique, a-t-il estimé, s’ajoute une particularité françafricaine à savoir, le présidentialisme qui fait du président élu « un monarque absolu ». En outre, il a affirmé que l’économie doit être basée sur la politique, elle-même fondée sur la morale, laquelle doit reposée sur une transcendance ou principe unificateur fondamental des hommes.
Le second communicateur, Pr Idrissa Ouédraogo, a indiqué que le libéralisme est une doctrine qui tire son origine des contradictions nées entre les économistes en Europe, au 18e siècle. A l’époque, a-t-il dit, le mercantilisme avait pignon sur rue malgré le fait qu’il peinait à expliquer les changements (économique, social, politique) sur le vieux continent. « Le libéralisme part d’un postulat qui affirme que les actions individuelles, tout en œuvrant pour l’intérêt de l’individu, concourent aussi à l’intérêt général », a-t-il expliqué.
A en croire le Pr Ouédraogo, le néolibéralisme au sens d’un libéralisme primaire et débridé n’est pas un passage obligé pour le Burkina Faso. De l’analyse de Dr Rasablga-Saïdou Ouédraogo, il est ressorti que le thème est fondamental dans la mesure où c’est l’une des rares fois que l’on se pose la question du contenu des politiques économiques au « pays des hommes intègres ». Du reste, il a noté que le néolibéralisme pilote la politique publique au Burkina Faso malgré les réajustements et les changements de dénomination.