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Semaine nationale de la culture 2014 : « Nous avons un besoin de financement de 100 millions de F CFA », dixit Sidi Traoré
Publié le vendredi 21 fevrier 2014   |  AIB


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© Autre presse par DR
Le ministre de la Culture et du Tourisme, Baba Hama


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La 17e édition de la Semaine nationale de la culture (SNC) aura lieu du 22 au 29 mars 2014. A un mois de cette biennale de la culture burkinabè, son directeur général, Sidi Traoré, revient dans cette interview, réalisée le lundi 17 février dernier, sur l’état des préparatifs et la mobilisation des fonds. Il y évoque également les innovations, mais aussi les difficultés rencontrées dans l’organisation.

Sidwaya (S.) : La SNC se tient dans pratiquement un mois, du 22 au 29 mars 2014. Quel est l’état d’avancement des préparatifs de cette manifestation ?

S.T. : L’équipe de la direction générale s’attèle depuis maintenant trois mois, depuis décembre donc, à peaufiner les aspects pratiques de l’organisation de la SNC. Au jour d’aujourd’hui (NDLR : lundi 17 février 2014), nous avons abattu un important travail qui permettra aux différentes commissions qui vont bientôt être mises en place, de se frayer le chemin pour la réussite de leurs missions respectives, sans trop de difficultés. C’est vrai qu’il y a certaines activités qui demandent à être précisées parce que nous les organisons avec des partenaires dont nous comptons sur le financement. Sinon, nous avons déjà pratiquement élaboré tout le contenu de la 17e édition. Concernant la programmation des activités, nous avons une ébauche de programme général qui doit être validé par notre ministère de tutelle et par la direction générale du protocole d’Etat. Au niveau de la structuration du comité national d’organisation, ce travail est achevé.

Nous avons identifié 16 grandes commissions, les membres ont été proposés pour nomination et nous attendons l’adoption de cet arrêté par le ministère de la Culture et du Tourisme. Par rapport à l’élaboration du budget, dès que nous avons fini avec le contenu de la manifestation, nous sommes passés à l’étape de la budgétisation et nous avons obtenu un budget qui couvre nos ambitions pour cette 17e édition de la SNC.

Nous sommes beaucoup avancés également dans les activités du volet festival, parce que nous avons identifié tous les sites d’implantation des plateaux artistiques off. Nous comptons en installer sept au lieu de cinq pour les éditions antérieures. Nous avons, à cet effet, fait un appel à candidature aux artistes pour l’animation de ces plateaux.

Nous nous attelons aussi à achever les spécifications techniques pour tout ce qu’il faut comme matériel, notamment les podiums et régies, son et lumière pour leur animation.

Nous avons déjà conçu un plan d’aménagement de l’aire de la foire de la SNC qui sera mise en place incessamment. Pour les sites d’ébergement des artistes qui est notre grosse difficulté, nous n’aurons pas le choix encore pour cette édition.

Nous allons assurer l’hébergement dans les infrastructures scolaires et à ce niveau, le travail a été fait avec la remise à jour du répertoire des établissements scolaires qui vont abriter les artistes. Dans l’ensemble donc, nous sommes prêts pour le lancement des activités en attendant que le comité d’organisation vienne nous appuyer pour parfaire le travail déjà abattu.

S. : A combien se chiffre le budget de la SNC 2014 ?

S.T. : Il faut d’abord savoir que la SNC bénéficie d’une dotation de l’Etat burkinabè à hauteur de 450 millions de F CFA. Cette dotation est assez importante, mais elle est malheureusement insuffisante, compte tenu de l’envergure de la manifestation. Pour l’édition de 2012, c’était la même dotation de 450 millions mais elle n’a pas suffi pour l’ensemble des charges. En termes de budget prévisionnel, nous sommes à 550 millions de F CFA.

Nous avons donc un besoin de financement de 100 millions de F CFA pour couvrir l’ensemble des activités. Evidemment, on ne peut pas dépenser ce qu’on n’a pas, mais voyant venir ce déficit, nous avons entrepris depuis mai et juin 2013, une recherche de fonds auprès de partenaires techniques. Nous avons élaboré un dossier appelé « Dossier d’offre de partenariat » que nous avons ventilé auprès de 250 à 300 entreprises, institutions et organisations, pour leur proposer un partenariat pour l’organisation de la SNC 2014.

Nous envisageons aussi organiser une collecte de fonds mais c’est surtout pour nous, une activité de mobilisation sociale de la population de Bobo-Dioulasso autour de cette manifestation qui depuis 1990, est localisée à Bobo-Dioulasso. Nous avons bon espoir de pouvoir mobiliser les 100 millions de F CFA manquant, à travers les contributions des partenaires et également des souscriptions de la population de Bobo-Dioulasso, des citoyens burkinabè et des entreprises citoyennes qui œuvrent pour le développement socioéconomique du pays.

S. : Quelles sont les innovations apportées à l’organisation de cette édition ?
S.T. : Il ne s’agit pas d’innovations parce qu’une manifestation est appelée à se développer. Il s’agit de pouvoir l’adapter aux besoins du moment et de pouvoir recadrer les choses. En ces termes de dynamique interne à la manifestation qui évolue, cette édition enregistre des activités avec des formats qui puissent générer plus de retombées de la SNC.


Nous avons pensé par exemple à l’organisation d’un marché des arts. Il s’agit d’une occasion de rencontre des artistes évoluant dans les arts du spectacle et les arts plastiques avec des programmateurs, des directeurs de festivals nationaux et internationaux, des organisateurs d’événements en arts plastiques ou des directeurs de galeries. Pour nous, il ne s’agit plus de proclamer juste des lauréats ou que des artistes participent à la SNC et retournent dans l’anonymat, mais plutôt faire en sorte que la manifestation serve de tremplin pour la promotion des artistes.

Pour ce faire, nous avons déjà mis en place un nouveau site internet fonctionnel (www.snc.gov.bf) et qui va, en plus d’autres supports, participer à la promotion des artistes participant à la SNC. Au-delà de cela, nous avons un recadrage de certaines activités qui nous revenaient assez cher. Il s’agit notamment du carnaval que nous allons maintenir, mais qui sera un peu plus allégé tout en couvrant l’ensemble de la ville. Egalement pour les cérémonies d’ouverture et de clôture, nous avons pensé à nous stabiliser.

Pour cette édition, nous comptons les organiser au stade Sangoué Lamizana. Au titre des compétitions, nous envisageons celles des pools adultes à la Maison de la culture. Les compétitions des pools jeunes auront lieu dans les après-midis au Théâtre de l’amitié pour drainer les jeunes publics et susciter leur engouement envers la culture.

Nous avons également pensé à un nouvel aménagement de l’espace de la foire commerciale et artisanale en trois compartiments dans la cour de la SNC. Il y aura l’espace de la foire dédié aux produits commerciaux artisanaux et aux institutionnels. Nous aurons ensuite un espace dédié à la gastronomie nationale, notamment les mets et boissons locaux.

Le troisième espace sera réservé au maquis, buvette, bars et points de grillade. Tout cela sera accompagné d’une commodité à travers la construction de nouvelles toilettes et l’installation de toilettes mobiles avec l’apport de nos partenaires.

S. : Pour l’édition 2014, combien d’artistes sont-ils attendus ?
S.T. : En ce qui concerne les artistes, il n’y a vraiment pas de soucis, parce que nous avons organisé les semaines régionales de la culture du 11 octobre au 25 novembre 2013. Nous avons déjà constitué le plateau artistique. Au-delà des troupes en compétition, nous avons aussi retenu ceux du volet animation.

Nous sommes présentement à 1 345 artistes, étant entendu que les effectifs peuvent varier parce qu’en plus des musiciens, il y a les accompagnants intégrés dans chaque groupe. De plus, ce n’est pas les mêmes acteurs qui ont participé aux compétitions dans les régions qu’on retrouve à la phase finale.

En tous les cas, nous sommes prêts à ce niveau. Avec les artistes du volet animation, nous nous retrouvons avec 1 500 à la date du 17 février 2014. il reste entendu que pour l’animation des plateaux artistiques off, nous allons également procéder à la sélection des artistes après la clôture de l’appel à candidature qui interviendra le 21 février 2014. En fonction des ressources disponibles, c’est là aussi, un millier d’artistes individuels, en groupe ou en orchestre que nous allons retenir pour l’animation des plateaux artistiques off.

S. : Les artistes sont généralement confrontés aux problèmes de la commodité des logements. Avez-vous pris des dispositions pour remédier à ces disfonctionnements, surtout l’état des toilettes ?

S.T. : Le problème de logement des artistes et de la commodité des sites d’hébergement est la plaie de la SNC du fait que les principaux acteurs de la manifestation ne soient pas logés à la meilleure enseigne. C’est une difficulté importante qu’il faut reconnaître et travailler à solutionner et pour cela, on ne cesserait de nous excuser.

A défaut de pouvoir leur offrir autre chose, compte tenu de la capacité d’accueil de la ville et du budget de la manifestation, il y a des pistes de solutions en attendant, afin qu’il y ait le moins de désagréments lors de leur séjour. Nous avons recensé l’ensemble des infrastructures devant les héberger et avons fait passer des messages au niveau de la commission aménagement pour que justement elle puisse faire le point de l’ensemble des besoins en termes de rénovations et en toilettes mobiles.

Déjà, nous sommes en partenariat avec l’ONEA et ce partenariat prévoit la mise à notre disposition de toilettes mobiles qui seront déployées sur les sites d’hébergement. De plus, nous avons identifié de nouvelles infrastructures scolaires qui présentent beaucoup plus de commodités pour accueillir les artistes. Nous espérons et travaillons donc à minimiser les désagréments, afin que leur séjour se passe dans les meilleures conditions possibles.

S. : La SNC est passée de Secrétariat permanent à une Direction générale. Quel impact ce changement peut-il avoir sur l’organisation de la manifestation ?

S.T. : Sur le plan formel, il n’y a pas de différence fondamentale, parce qu’en tant que secrétariat permanent ou direction générale, la structure demeure une structure administrative qui ne jouit pas d’une autonomie de gestion.

Le changement renforce cependant les services internes qui deviennent désormais des directions. Pour moi, l’important dans ce changement c’est que la direction générale œuvre pour prendre en main l’organisation de la manifestation. Ce qui fait que de nombreuses activités préparatoires ont déjà été prises en charge.

C’est donc à la direction générale qui est le directeur artistique de la manifestation de donner du contenu à la SNC pour son bon déroulement. Mais avec seulement une quinzaine d’agents, nous avons besoin de l’apport extérieur avec le comité national d’organisation.

S. : Vous organisez la SNC pour la première fois comme responsable. Etes-vous confronté à des difficultés particulières ?

S.T. : Par pure coïncidence, c’est le 18 février 2013 que j’ai été porté à la tête de la SNC qui est devenu ainsi une direction générale. C’est une manifestation à laquelle je n’ai participé à l’organisation qu’en 2006. Les difficultés qu’on peut entrevoir donc sont liées à la méconnaissance des acteurs. Sinon, je connais assez bien le contenu de la manifestation parce que je suis au ministère de la Culture depuis une quinzaine d’années et j’ai participé à l’élaboration des documents de nombreuses activités culturelles.

Mais avec l’apport du personnel en place, très motivé, très dynamique et volontaire, on arrive à surmonter de façon sereine les difficultés qui se présentent à nous. J’ai échangé avec mon prédécesseur, Bitchibali Dansa, et c’est quasiment les mêmes difficultés qui se présentent à chaque édition. Elles sont liées à la faiblesse des financements et au retard des correspondances dans l’administration, quand on demande aux structures de désigner leurs représentants.

Dans l’ensemble, nous sommes optimistes pour servir à l’ensemble des Burkinabè, une très belle 17e édition de la SNC. Mais déjà, je lance un appel à tous les Burkinabè, afin qu’ils soient solidaires de la SNC et qu’ils s’approprient cette manifestation singulière en Afrique. Nous avons connu la période des biennales culturelles dans les Etats africains mais au jour d’aujourd’hui, la SNC reste quasiment la seule exception et c’est à l’honneur des Burkinabè et des autorités nationales.

Il faut donc que les populations s’approprient ce cadre d’expression extraordinaire du patrimoine culturel et de la création. Mon appel va surtout à l’endroit des Bobolais, afin qu’ils se mobilisent massivement pour participer et souscrire au gala de mobilisation sociale et de collecte de fonds, le samedi 22 février 2014 à la Maison de la culture.

C’est également remercier les partenaires qui se sont engagés à nous accompagner pour cette édition et nous en espérons davantage pour ce cadre de développement culturel et économique du Burkina Faso.

Interview réalisée par
Jean-Marie TOE

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