La visite des sites de projets de la coopération japonaise organisée les 12 et 13 février 2014, à Ziniaré, dans le Plateau central et dans les périphéries de Ouagadougou dans la région du Centre a permis aux journalistes, d’échanger avec les volontaires japonais qui apportent leurs expertises sur le terrain.
Le programme du service de volontaire de la coopération japonaise, créé en 1965, est une action du gouvernement japonais qui vise à encourager les citoyens japonais à participer à l’émergence des pays en voie de développement. Et à la demande des pays d’accueil, un certain nombre de volontaires sont envoyés chaque année pour apporter leurs expertises dans les domaines définis comme prioritaires. Depuis 1998, date de la signature de la note d’échange entre les deux pays, ce sont plus de 354 volontaires japonais qui ont participé au développement du Burkina Faso.
La visite terrain initié par l’ambassade du Japon les 12 et 13 février 2014 vise, selon le conseiller à l’ambassade du Japon, Kenji Kuratomi, à faire connaître les projets financés par la coopération japonaise et la contribution des volontaires sur le terrain. Ainsi, le premier arrêt de cette tournée fut à l’école primaire annexe de l’Ecole nationale des enseignants du primaire (ENEP) de Loumbila où Mme Noriko Ukaji, affectée depuis juillet 2013, élabore des méthodes et des matériels pédagogiques qui concrétisent l’éducation centrée sur l’élève en matière de mathématiques et sciences dans le but de les introduire ensuite dans la formation à l’ENEP. Et selon la directrice de l’école, Kadiata Tamboura, cette méthode met l’élève au centre de l’activité. « Au lieu de leur dispenser des cours théoriques, nous avons mis en place un système qui nous permet de rallier cette théorie à la pratique. Toute chose qui permet à l’élève de comprendre plus rapidement ce qu’on lui enseigne », a-t-elle souligné. Avant d’ajouter que pour avoir de l’eau potable, ce sont les élèves eux-mêmes qui confectionnent les filtres à l’aide des agrégats. De son côté, Mme Noriko, dit s’être intégrée facilement car « les enfants sont les mêmes partout ». Après cet arrêt, cap a été mis sur Ziniaré, et c’est l’école des sourds et entendants ouvert en 2002, qui a accueilli la délégation. Là, c’est le projet d’extension du centre de rééducation et d’orientation professionnelle, financé par la coopération japonaise, qui a été visité. Grâce à ce geste, le centre s’est vu doté de deux dortoirs, d’un atelier de couture, d’un magasin, d’une cuisine, de latrines et de douches. Pour le président de l’Association pour réhabilitation des sourds (ARS), Aimé Sawadogo, cette aide est venue donner une bouffée d’oxygène à sa structure qui a vu ses capacités renforcées.
D’une capacité d’accueil de 120 jeunes, le centre héberge 93 pensionnaires contre 41 avant son extension en 2010. Malgré cet appui, des difficultés subsistent.
« Nos élèves viennent de toutes les régions et comme ils sont internés, nous avons souvent des difficultés pour les nourrir. Sur le plan de l’enseignement, nous dispensons l’enseignement général et technique et le manque de classe fait que la petite section accuse un retard. Il y a également le manque de matière première au niveau des ateliers qui est un problème, même si avec la vente des produits nous arrivons souvent à pallier la situation », a-t-il explique.
La santé, une priorité de la coopération japonaise
A Ouagdougou, c’est l’unité de production de fraises dans l’arrondissement n°8, Boulmiougou qui a été observé. D’une capacité de production de plus de 70 tonnes par an, ce produit qui souffrait d’un manque de débouché et de plants de qualités, s’est vu doté de 3000 pieds de fraisiers et des contrats ont été noués avec des opérateurs en Côte d’Ivoire et ce, grâce au Projet d’appui à l’élaboration d’un schéma directeur pour la promotion d’une agriculture orientée vers le marché au Burkina Faso (PAPAOM), appuyé par la coopération japonaise. Pour M. Ousmane Nikièma, producteur de fraises sur le site depuis 1978, cet appui est venu à point nommé car la production de fraises était confrontée à d’énormes difficultés. Il a par ailleurs sollicité l’accompagnement du gouvernement et des partenaires pour éviter l’assèchement du barrage de Boulmiougou, principale source de leur activité.
L’assainissement n’est pas en reste dans cette coopération. Le projet d’Amélioration du système durable d’approvisionnement en eau potable et de l’assainissement dans les régions sahéliennes en Afrique (AMELI-EAUR) mis en place par la coopération japonaise en collaboration avec le ministère de l’Eau, des aménagements hydrauliques et de l’assainissement vise à développer et à expérimenter des technologies d’assainissement et de traitement des eaux usées sur la base du concept « Ne pas mélanger » et « Ne pas collecter ». Et la coordonnatrice du projet, Dr Mariam Dakouré Sou, d’assurer : « Ce projet pourrait contribuer d’une part, à améliorer le taux d’accès à l’assainissement en mettant à la disposition des populations en milieu rural des ouvrages d’assainissement de qualité et à moindre coût et d’autre part, en développant un modèle de traitement des eaux usées adapté en milieu urbain ». Déjà en expérimentation dans la région du Plateau central et dans quelques villages périphériques de Ouagadougou, les latrines développées dans le cadre du projet vise à collecter les excrétas qui vont être servis comme compost à la fertilisation des champs afin d’améliorer la production agricole. Mme Dakouré a également souligné qu’une étude est menée parallèlement à cet effet avec des sociologues pour emmener les populations à adhérer au projet. Dans le domaine du sport, c’est l’Institut nationale de la jeunesse et des sports et le club de judo de l’AS-ONATEL qui ont reçu la visite des journalistes. Là, ce sont deux volontaires japonais qui apportent leurs expertises en baseball et en judo, deux sports d’origine japonaise.
A l’issue de cette tournée-marathon, les participants ont unanimement salué l’initiative, mais ont tout de même fait des suggestions allant dans le sens du renforcement de l’appui japonais dans des secteurs tels que l’élevage et le financement de microprojets.