« L’abus du pouvoir enfante tous les crimes », écrivait le critique français, Jean-François de La Harpe. Les Maliens sont en train de découvrir toute la laideur d’un abus de pouvoir. Sous le régime militaire dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo devenu général, des soldats dits "Bérets rouges" ont été arrêtés puis portés disparus. Et comme nul ne peut rester infiniment puissant, l’heure des comptes a sonné pour l’ex-junte au pouvoir. Depuis vendredi 14 février 2014, le général Sidy Touré, ancien patron de la sécurité d’Etat, le capitaine Amadou Konaré, et le capitaine Tahirou Mariko, ex-aide de camp du chef des putschistes, Amadou Haya Sanogo, sont écroués. Ils viennent d’être inculpés par la justice de « complicité d’assassinat » dans l’affaire dite des "Bérets rouges". Jeudi dernier, le général Yamoussa Camara, chef d’état-major de l’actuel président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, avait été inculpé et placé en détention pour son implication présumée dans la même affaire. Il lui est reproché de complicité d’assassinat. Chacun des quatre aura à s’expliquer par rapport aux 21 corps retrouvés dans une fosse commune, près de Bamako le 4 décembre 2013. Mon général, que sont devenus les « Bérets rouges » que vos hommes ont arrêtés après le prétendu putsch manqué d’avril 2012 ? Question à élucider.
Le général Sanogo et ses anciens proches collaborateurs sont aujourd’hui face à la justice de leur pays. C’est l’exigence de l’Etat de droit. L’Etat malien veut rendre justice aux nombreux soldats fidèles à l’ex-président, Amadou Toumani Touré, dont les familles sont sans nouvelle. La procédure judiciaire engagée est une étape importante pour les familles qui pourront faire le deuil de leurs proches envoyés ad patres sans le moindre procès.
Un pas important vient d’être fait à travers l’arrestation de ces hauts gradés de l’armée malienne. A la justice de faire toute la lumière sur ce qui ressemble à des exécutions extrajudiciaires. Le jour s’est levé pour que les responsabilités des commanditaires et exécutants dans l’affaire de la disparition des “Bérets rouges” soient clairement situées. Dans un Etat dit de droit, chacun doit assumer ses actes.
Maintenant que les gros bonnets sont en détention, il va falloir poursuivre l’investigation pour dénicher tous ceux qui ont participé à l’exécution de leurs frères d’armes, à leur transport et à leur enterrement dans une fosse commune.
Sans applaudir prématurément, on peut souligner que "des signaux positifs de justice pour disparus" sont visibles du côté de Bamako. Si la justice est censée punir quiconque ne respectant pas la loi au sein de la société, les familles meurtries pourront bientôt pousser un ouf de soulagement. Des sanctions pourraient être infligées aux puissants d’hier, afin de leur apprendre à respecter la loi et de contribuer à la réparation des torts faits aux familles.