Samedi noir dans le village à majorité chrétienne d’Izghe dans le nord du Nigeria, précisément dans l’Etat de Borno : tout le week-end dernier, on y pleurait encore le carnage de plus de 100 personnes par des hommes armés.
Les agresseurs sont soupçonnés d’être les sinistres adeptes du groupe Boko Haram, de triste renommée, qui lutte pour l’instauration d’un Etat islamiste dans cette partie du pays. A Izghe, village placé sous état d’urgence, où les attaques de Boko Haram deviennent plus fréquentes et plus meurtrières jour après jour, la rébellion islamiste avait déjà fait plusieurs morts depuis 2009.
Pour les tueries du samedi 15 février courant, les combattants de la secte, à bord de camions et à motos pour certains, ont rassemblé leurs victimes avant de les taillader et les massacrer. Une atrocité inqualifiable qui vient ajouter aux meurtrissures des populations, qui ne savent plus à quelle autorité se vouer.
Les assaillants ne se sont pas contentés de tuer. Ils ont aussi pillé des commerces et des magasins de produits alimentaires, chargé leur butin dans des voitures appartenant aux habitants avant de s’évanouir dans la nature.
Même si les coupables ne sont pas tout à fait identifiés, il reste que pour certains la trace de Boko Haram n’y est pas étrangère. Si la suspicion qui pèse sur les fous de Dieu est vérifiée, on se demande jusqu’où vont aller ces illuminés, pour qui «l’éducation occidentale est un péché», sens d’ailleurs de Boko Haram. Ce groupe sans foi ni loi, activement combattu par les forces armées nigérianes, s’est à plusieurs reprises illustré par une série de violences à l’endroit des autorités, des chrétiens et de la population musulmane des régions où il est implanté.
Boko Haram, dont l’idéologie s’inspire de celle des Talibans d’Afghanistan, rejetant la modernité et visant à instaurer la charia dans les Etats au Nord du Nigeria, prône un islam radical, rigoriste. Coupable de nombreux attentats et accusé par la CPI de crimes contre l’humanité, du fait de massacres de 1200 civils entre 2009 et 2012, Boko Haram agit pratiquement en toute liberté de mouvement face à un gouvernement central impuissant à s’imposer. Situation regrettable, quand on sait que le Nigeria a tout pour être la locomotive de l’Afrique subsaharienne.
Il a tout sauf l’essentiel, c'est-à-dire la gouvernance et l’ordre. Autant dire que là, on a à faire à un éléphant aux pieds d’argile qui manque à chaque fois de s’écrouler. Mille fois hélas !