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Le Quotidien N° 992 du 18/2/2014

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Partis politiques au Burkina: un pluralisme débridé
Publié le mardi 18 fevrier 2014   |  Le Quotidien


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© Présidence par DR
Semaine nationale de la citoyenneté : le chef de l`Etat lance la 10e édition
Vendredi 22 novembre 2013. Ouagadougou. Le chef de l`Etat, Blaise Compaoré, a lancé la 10e édition de la Semaine nationale de la citoyenneté (SENAC) placée sous le thème "Droits humains, citoyenneté et revendications sociales : quelle convergence pour une société de paix ?"


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La scène politique burkinabè connait un drôle d’animation ces derniers temps. Il y a une effervescence marquée par des flux et reflux au sein des partis politiques. Démissions, adhésions, créations de nouveaux partis, fusions, regroupements, bref, l’activité politique est à son comble. L’approche de la présidentielle de 2015 explique-t-elle à elle seule ce remue-ménage ? Assurément non. Les autres scrutins présidentiels qui ont eu lieu au Burkina n’ont pas toujours été précédés d’une recomposition aussi majeure du paysage politique. Ce qui agite tant la faune politique, c’est surtout la perspective d’une alternance en 2015.Depuis 27 ans, le pays n’a jamais été aussi proche d’une alternance à la tête de l’Etat. Le dernier mandat du président Compaoré suscite bien des espoirs chez tous ceux qui ne se voyaient pas en train de le concurrencer. Tant dans son bord politique qu’au sein de l’opposition, certains, par loyalisme, respect ou peur, ont toujours mis en berne leurs candidatures tant que Blaise Compaoré était en lice. Cette fois-ci, la donne pourrait changer. Si le président décide de respecter la Constitution, la voie est ouverte à toutes les ambitions de s’exprimer. On peut donc penser que secrètement, beaucoup, au sein même du régime, souhaitent que le « boss » passe enfin la main. En tout cas, ils affûtent secrètement leurs armes, au cas où. Ceux des proches du président qui sont à bout de nerfs ont carrément décidé d’aller voir ailleurs. Ils estiment avoir suffisamment vécu sous l’ombre tutélaire du président Compaoré. Les démissionnaires ayant créé le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) s’inscrivent dans cette dynamique de lutte de pouvoir. L’enjeu, pour un nouveau parti comme le MPP, c’est donc de placer son candidat pour la présidentiel 2015.

Mais dans ce printemps des démissions au Burkina, il y a surtout des frustrations liées au mode de gouvernance des partis politiques. Les dirigeants du MPP ont invoqué aussi cet enfermement despotique de leur ancien parti. Ces démissions doivent de ce fait interpeller les chefs de parti. Au lieu de railler les partants, ils doivent revoir leur copie en instaurant une véritable démocratie interne. Il y va d’ailleurs de la survie de leur formation politique. On peut donc concéder à certains démissionnaires le fait d’avoir été victimes d’ostracisme. Parce qu’ils peuvent faire de l’ombre au premier responsable du parti, une cabale a été mise œuvre pour les écarter des instances de décision. Toutefois, il y a parmi ces démissionnaires des has-been qui s’érigent en donneurs de leçons sur l’alternance alors qu’ils ne cultivent pas cette vertu.

Sans aller jusqu’à parler de démissions farfelues, il y a tout de même lieu de s’interroger sur la portée politique de certaines d’entre elles. Du reste, elles posent la question de l’approfondissement de la démocratie au Burkina. Plus de vingt ans après l’envol du processus, le temps semble toujours être aux balbutiements chez le personnel politique. Alors que l’on devrait être des regroupements et fusions, en vue d’une réduction du nombre déjà astronomique de partis, c’est le contraire qui se passe : on assiste plutôt à une nouvelle inflation de partis. Du coup, le paysage politique s’encombre davantage, avec plus d’une centaine de partis. La seule consolation, c’est l’émergence nette de quelques partis et personnalités, autour desquels se jouera véritablement le destin du pays. Les autres ne sont que des figurants, pour garnir, orner ou grossir des regroupements, dans la course actuelle aux ralliements. En effet, comme chaque fois que le pays est en crise, chacun se livre à un jeu consistant à montrer qu’il ratisse large au sein de la classe politique. C’est ainsi que le Front républicain se vante d’être composé d’une trentaine de partis. Mais dans ce lot, seuls quelques partis sont vraiment actifs et représentatifs. Il en est de même du CFOP (Chef de file de l’opposition) qui est lui aussi encombré de partis fantomatiques. Au Burkina, on observe, par rapport à l’image que nous renvoient les partis politiques, à une démocratie du nombre, au lieu de celle de la qualité. Après tant d’années d’expérience démocratique, il y a de quoi se demander si le pays a vraiment avancé.

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