Du 19 au 28 octobre 2012, les grandes villes du Burkina ont vibré au rythme de la 26e édition du Tour cycliste international du Faso. L’édition de 2012 a vu la percée remarquable des étalons cyclistes avec en tête du peloton Rasmané Ouédraogo. Cette victoire éclatante a honoré l’ensemble des Burkinabè, notamment les géniteurs de l’intéressé. Nous les avons rencontrés le 2 décembre au secteur 2 de Ouahigouya. C’est une fierté légitime qui anime les parents de Rasmané Ouédraogo qui disent être surpris de la montée fulgurante de leur fils alors que son père avait refusé qu’il soit cycliste.
Maillot jaune, maillot vert, maillot du meilleur jeune, maillot de l’intégration et maillot du premier Burkinabè ont tous été raflés par Rasmané Ouédraogo. Comment Souleymane Zinkin Ouédraogo a-t-il apprécié la performance de son fils ? Nous lui avons posé la question et voici sa réponse. « Je voudrais d’abord remercier Dieu pour m’avoir permis de mettre au monde Rasmané. Je remercie Sa Majesté Naaba Kiiba, le chef de Bangrin et tous ceux qui ont contribué au succès de mon fils. C’est avec beaucoup de fierté que nous avons pris connaissance des prix remportés par Rasmané Ouédraogo. Mais j’avoue que lorsque Rasmané débutait sa carrière de cycliste, j’étais contre. Je me suis farouchement élevé contre cette carrière parce que je la trouvais périlleuse. Rasmané a quitté très tôt l’école, en classe de CM2, pas parce que je n’avais pas les moyens pour payer les frais de sa scolarité, mais parce qu’il voulait coûte que coûte être cycliste ».
« Il avait un grand penchant pour le cyclisme »
Et la mère de Rasmané, Azéta Ouédraogo, d’ajouter : « Dès son bas âge, Rasmané était timide en classe et à la maison. Je me rappelle qu’un jour, un de ses maîtres m’a fait venir à l’école pour me faire entendre qu’il n’arrivait pas à comprendre le comportement de mon enfant. C’est justement à cause de cette timidité qu’il a choisi de quitter les bancs pour, disait-il, aider son père au marché. Quand il a décidé d’abandonner les études, je lui ai dit d’aller garder le bétail et il m’a dit qu’il n’était pas destiné à être berger. Mais en réalité, il avait un grand penchant pour le cyclisme. Et quand il débutait, son père n’était pas d’accord, mais à chaque fois, je lui disais de laisser l’enfant choisir entre le cyclisme et le commerce. C’est ainsi que j’ai pu convaincre mon mari pour qu’il accepte finalement que l’enfant s’adonne au cyclisme. Il aimait tellement le vélo et le maniait avec une certaine dextérité. Il avait une vraie passion pour le vélo et nous ne savions pas qu’un jour cela allait lui porter bonheur. Je possède toujours un vélo que Rasmané a obtenu il y a quelques années ». Abdou Ouédraogo, grand frère de Rasmané est tout aussi content et se souvient des débuts de son frère cadet : « C’est en 2004 que Rasmané a véritablement commencé à pédaler le vélo lors de la Coupe de l’espoir initiée par Boureima Badini. Petit à petit, l’oiseau a fait son nid et voilà les résultats. Nous sommes fiers de notre frère parce qu’à chaque fois qu’il y a le championnat, on le voit à la télé et cela nous fait énormément plaisir. De notre côté, nous lui apportons toujours notre soutien moral pour qu’il puisse avancer. Il a beaucoup de supporters tant à Ouahigouya que dans le reste du Burkina », a-t-il confié. Mais ne demandez pas au vieux Ouédraogo, ce que son fils lui a donné depuis qu’il est devenu un cycliste de renommée : « Rasmané m’a tout donné et je me garde de citer. Je n’ose même pas lister. En plus, chaque jour que Dieu fait, il me demande des bénédictions. Ce fut le cas tout le temps qu’a duré le Tour du Faso. Il se soucie beaucoup de moi et je crois que c’est ça qui est la base de sa réussite. Son bienfaiteur à Ouaga s’appelle Mamoudou et je profite de l’occasion pour lui dire merci. Je remercie également Boubacar Diallo, c’est grâce à lui que mon fils est devenu ce qu’il est aujourd’hui », a-t-il révélé. La mère ne dira pas le contraire : « Tous les jours, il m’appelle et me dit : « Mère, fais-moi des bénédictions ». Ce qu’il a nous a donné est énorme : argent, habillement … », s’est-elle réjouie. Le jeune Rasmané Ouédraogo est issu d’une famille polygame domiciliée au secteur 1 de Ouahigouya. Il est âgé de 24 ans. Le chef de famille, El hadj Souleymane Zinkin Ouédraogo, traîne derrière lui 70 saisons. Comment voit-il l’avenir de son enfant ? Dans la bonne direction, dit-il, ce d’autant plus qu’il a le soutien des hautes autorités de ce pays, qu’il a longuement remerciées pour avoir permis à son enfant de hisser haut le drapeau du Burkina à travers le monde.