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Le Pays N° 5230 du 5/11/2012

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Le président de l’UPC au journal « LE PAYS » : « C’est à force de solliciter la Justice qu’elle devient indépendante »
Publié le lundi 5 novembre 2012   |  Le Pays


Zéphirin
© Autre presse par DR
Zéphirin Diabré, président de l’UPC


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En l’absence du DG en mission, le fondateur du journal « Le Pays », Boureima Jérémie Sigué, a reçu le président de l’Union pour le changement (UPC), Zéphirin Diabré, et le chargé des relations extérieures du parti, Julien Couldiati, le lundi 29 octobre 2012 au sein des locaux du journal. Après la visite des différents services et avant de s’entretenir avec le fondateur Boureima Jérémie Sigué et d’inscrire quelques mots dans le livre d’or du journal, le président de l’UPC s’est prêté aux questions des journalistes de la maison.

Le Pays : Quel est l’objectif principal de votre visite au journal « Le Pays » ce matin ?

Zéphirin Diabré : Comme vous le voyez, je suis en compagnie du Dr Couldiati qui est le chargé des relations extérieures du parti. Notre visite de ce matin s’inscrit dans le cadre d’une visite de courtoisie à l’endroit du journal « Le Pays ». Laquelle visite nous permet de garder le contact personnel avec cet organe qui joue un rôle déterminant dans la vie publique du pays. C’est toujours une occasion pour nous de féliciter et d’encourager « Le Pays » pour l’excellence dans le travail et souhaiter qu’il ait la force, la conviction et l’engagement à continuer à apporter l’information juste aux Burkinabè. C’est aussi l’occasion pour nous de nous enquérir des conditions de travail des hommes et femmes qui produisent les différents produits de la maison. Nous voulons aussi vous prodiguer nos encouragements parce que nous savons que les conditions ne sont jamais idoines dans l’exercice de la presse privée en Afrique.

Après cette visite, qu’est-ce que vous attendez du journal en tant que consommateur ?

Nous avons déjà ce que nous attendons du journal, c’est-à-dire une livraison ininterrompue. Parce ce que pouvoir sortir tous les jours, c’est une prouesse en soi, surtout en captant l’essentiel de l’information, c’est une très bonne chose. Aussi, la façon de traiter l’information de sorte à écarter toutes interprétations tendancieuses est-elle encore la meilleure des choses que nous retrouvons déjà dans la manière dont le quotidien sort régulièrement. Nous ne pouvons que souhaiter que cette manière de traiter l’information continue parce que c’est ça aussi qui grandit l’image du journal.

Le samedi dernier (Ndlr : le 27 octobre 2012), vous avez reçu les candidats des différentes localités de la région du Centre. Est-ce qu’au sortir de cette rencontre, vous êtes rassurés quant aux résultats des élections à venir ?

Il s’agissait d’une rencontre des candidats du Kadiogo qui a regroupé les candidats aux législatives et aux municipales de la commune de Ouagadougou et des six communes rurales qui l’entourent. C’est un exercice qui est tout à fait normal pour un parti politique et chacun a pu faire la connaissance de l’autre. Mais, le plus important était d’échanger des idées sur la manière de réussir la campagne. Moi-même je suis candidat, c’est déjà une chose, mais cette rencontre a permis de faire des suggestions et des propositions en vue de réussir notre premier test électoral que nous nous apprêtons à affronter. Nous abordons ces élections avec sérénité. Nous n’avons pas une ambition particulière parce que nous partons de zéro. Nous n’avons aucun député, ni maire, ni conseiller. Ce sera à vous de juger après les élections et de dire si ce qu’on a gagné peut être considéré comme un succès ou un échec.

Dans votre stratégie de campagne, est-ce qu’en termes de nombre de députés ou de conseillers municipaux, vous n’avez pas d’objectifs ?

Non ! On ne peut pas avoir d’objectif quand c’est comme ça. Parce qu’il y a des situations où vous savez si vous êtes en position de gagner ou pas. On s’est donné pour démarche de ne pas se fixer d’objectif. Car, si on se fixe un objectif et on n’y arrive pas, cela peut se voir comme un échec. On pouvait le faire dans d’autres cas mais là, on part de zéro.

Le début de la campagne, c’est pour le 17 novembre. Est-ce qu’à votre niveau vous êtes prêts ?

C’est bien vrai qu’on n’est jamais totalement prêt pour ces genres de compétitions, surtout si on est un parti d’opposition, mais nous sommes prêts à notre manière. Nous pensons que nos camarades militants des différentes localités, les candidats et leurs suppléants sont prêts pour la bataille.

L’actualité du parti, c’est l’introduction du dossier de recours au Conseil constitutionnel pour illégalité de candidature de certains candidats. Pourquoi avoir introduit ce recours, quelle philosophie a animé l’UPC ?

C’est une question de principe. Ce n’est pas une démarche érigée contre une personne ou un parti mais nous pensons que si nous voulons faire des progrès dans la construction de l’Etat de droit, il faut aussi que les questions de principe donnent lieu à des contestations et à des décisions concertées. Nous regrettons que sur beaucoup de ces questions on se retrouve dans cette situation. Comme on le dit dans certains pays, c’est à force de solliciter la Justice qu’elle devient indépendante. Parce que si l’on ne sollicite pas la Justice, il y a une mainmise du pouvoir en place. Nous avions un principe que l’on a observé qui a trait aux conditions dans lesquelles le magistrat peut postuler au suffrage universel, donc entrer en politique. Nous pensons que pour les cas que nous avons cités, il y a une atteinte à la loi. Le Conseil constitutionnel n’a pas tranché sur les deux cas, ce que nous regrettons.

Le fait majeur dans cette affaire est qu’il y a une suspicion de faux sur les décrets, est-ce que vous comptez vous arrêter là, vu que le Conseil constitutionnel vous renvoie à vous pourvoir autrement ?

C’est vrai que beaucoup de personnes qui ont pris connaissance des décrets, donc des documents juridiques sur lesquels s’appuyaient certains de nos adversaires politiques, ont remarqué des incohérences qui amènent tout naturellement et légitimement certaines personnes à se poser des questions sur les conditions dans lesquelles ces documents ont été produits. Ce document est supposé avoir été produit en 2007 et qui a le visa d’un contrôleur qui, à l’époque n’était pas en fonction et a pris immédiatement fonction et c’est ce qui amène les gens à se poser des questions. Ce sont en fait ces genres de points qui nous ont étonné tout comme certains de nos confrères sur le fait qu’il y a des suspicions sur la validité de ce document. Et comme toutes les fois, dès lors qu’il y a une suspicion, nous nous concertons avec nos avocats pour voir quelle suite légale donner à cette affaire. Comme le Conseil constitutionnel nous envoie nous pourvoir ailleurs, on va suivre cela de très près. Mais il est clair que pour nous, la décision qui a été prise concernant les deux autres (Ndlr : il s’agit de Boureima Badini et de Somkinda Traoré, tous candidats du Nord) n’est pas une décision de justice à laquelle on s’attendait. Nous ne l’approuvons pas et ça peut nous amener à réagir.

Au cas où vous êtes élu député à l’Assemblée nationale, comptez-vous y siéger ?

Oui, sauf indication contraire du parti.

En tant que jeune parti et pour une première fois aux élections et de surcroît couplées, comment comptez-vous vous en tirer financièrement au regard de la mentalité des électeurs dans nos pays et surtout que l’argent est le nerf de la guerre ?

Nous on n’a pas d’argent (rires…). On n’est soutenu ni par des puissances financières locales ou étrangères, ni par des financements occultes. Nous n’avons pas de cadres qui soient capable de dépenser au-delà pour le parti, nous sommes un parti qui vit de la sueur de ses premiers responsables. Mais dans toute chose, il faut faire avec ce que l’on a. Donc, nous faisons avec ce que nous avons. Aller au-delà pourrait nous amener dans une zone de turbulences avec ces conséquences multiples. Mais, dans tous les cas, la question des moyens n’est pas la plus essentielle. L’argent est très important mais on peut à un certain moment faire de beaux scores dans une localité sans d’énormes moyens.

Vous êtes un ami de la Chine populaire et de certains milieux français. Ce que la rumeur dit de vous est que vous recevez des financements occultes venant de ces pays pour vos activités politiques. Cela est-il avéré ? Etant entendu que 2015 n’est pas loin et que vous pouvez avoir la stature d’un chef d’Etat pour diriger ce pays ?

Les propos qui disent que nous sommes proches de la Chine ou de certains milieux français, il faut les laisser courir parce que nous n’avons pas à les confirmer où à les infirmer. Je n’ai aucun ennemi ici ou à l’extérieur. J’ai des amis partout et si un homme politique du Burkina Faso a des amis à l’extérieur, c’est un atout pour le pays. Je confirme par contre que l’UPC ne reçoit pas de financement de la part de qui que ce soit, c’est notre sacrifice à tous qui nous permet tant bien que mal de faire vivre le parti. C’est vrai que beaucoup se demandent comment on peut tenir le coup mais sachez qu’il s’agit d’efforts de tous les dirigeants ce qui fait que cela est possible aujourd’hui.

Quel rapport entretenez-vous avec les partis de l’opposition et le parti majoritaire, le CDP ?

Le parti au pouvoir est un adversaire que nous affrontons de manière républicaine. Que ce soit dans les secteurs ou dans les provinces, nous les voyons comme tels. Comme nous avons l’habitude de le dire, ce n’est pas une histoire d’individus. Eux, ils sont au pouvoir et ils veulent la continuité et nous sommes dans l’opposition et nous voulons le changement. Donc, vous comprenez que l’on ne peut pas s’entendre. Chacun va donc essayer de convaincre l’électorat sans animosité, sans agressivité mais avec fermeté et conviction. Nous avons un certain nombre de griefs contre le parti au pouvoir en ce sens qu’il est l’instrument de gestion du pouvoir actuel. Pour ce qui est de l’opposition, nous sommes déjà membres du groupe avec à sa tête le chef de file de l’opposition. A ce titre, on dispose d’une place pour discuter avec les autres collègues de l’opposition dans l’intérêt général. C’est que pour ces élections, on n’a pas d’alliance précise avec d’autres partis. Quand on sortira de ces élections, on sera dynamique pour signer un certain nombre d’alliances.

Est-ce que vous envisagez un jour être le chef de file de l’opposition burkinabè ?

Non ! Nous n’avons pas créé l’UPC pour être chef de file de l’opposition. Vous le savez, pour avoir peut-être lu dans une interview que j’ai des réserves vis-à-vis de la loi qui régit le chef de file de l’opposition. J’estime que cette loi ne cadre pas bien avec la réalité politique des pays comme le nôtre. C’est une loi qui a été calquée de manière mécanique sur ce qui se passe dans d’autres pays, notamment les pays anglo-saxons. Nos pays qui sont d’expression latine ont pris les péchés de ceux qui nous ont colonisés en ce sens que la majorité est plurielle et l’opposition est plurielle. Dans l’opposition, on a toutes les chapelles idéologiques, ce qui est respectable. Donc diviser le pays suivant ces chapelles idéologiques comme en Angleterre ou au Canada où on a un chef de file du parti au pouvoir et un chef de file du parti majoritaire ne cadre pas avec les réalités de notre pays. Il y a aussi les dispositions de la loi qui nous causent problème. Si un parti se réclame de l’opposition, au nom du droit de vivre de l’administration, il doit le dire à l’administration parce que là, s’il y a un courrier pour l’opposition, on doit savoir comment le parti va entrer en possession de ce courrier. Mais, il n’a pas à dire cela à un parti politique qui est en même temps son concurrent. Donc, cela crée des susceptibilités car ce n’est pas à un parti politique de remplir le rôle de l’administration. Quand on n’est pas d’accord avec une loi, on ne doit pas s’attendre à occuper les fonctions qu’elle érige.

Est-ce que vous avez tenu compte du quota genre dans le choix de vos candidats pour les élections à venir ?

Nous avons une difficulté objective que nous n’hésitons pas à dire. Pour trouver des candidates, ce n’est pas du tout facile pour un jeune parti d’opposition. Nous avons approché beaucoup de femmes qui avaient donné leur accord de principe. Mais à la dernière minute, beaucoup de candidatures feminines sur lesquelles on comptait ont récusé pour des problèmes sociaux. Il m’est même arrivé d’aller voir des conjoints sans succès. Nous comprenons aussi la réticence de certaines personnes parce que chaque mari se dit que si sa femme se trouve dans un parti de l’opposition, il risque de perdre son poste.

Quel est votre regard critique sur la gestion des mines au Burkina Faso et est-ce que vous pensez que nous profitons du boom minier, vous qui êtes expert en la matière ?

On observe effectivement qu’il y a un développement des activités minières ces dernières années. Beaucoup de sociétés minières se sont installées dans notre pays. Il y a cependant quelques paramètres qu’on souhaite voir mettre en œuvre dans le cadre du processus minier. La première des choses est que c’est quelque chose qui, par définition, va finir. A partir du premier coup de pioche, tous les produits d’exploitations minières, dès qu’on commence à creuser, vont finir. Vous devriez vous assurer que ce que vous gagnerez dans l’exploitation vous soit profitable et soit profitable aux générations futures parce que elles sont aussi propriétaires de ces richesses. Cela nécessite quelques démarches à faire dans le souci de sauvegarder l’intérêt national. Il faut ensuite que ces retombées soient bénéfiques au pays et il faut surtout qu’elles soient connues. Il faut dire aux citoyens à quoi sert cet argent des richesses naturelles. De mon point de vue, c’est ce déficit de communication qui cause problème maintenant et je pense qu’un effort doit être fait à ce niveau. Quant aux conflits autour des sites miniers qui se propagent un peu partout dans le monde, il faut dire que quand on commence à exploiter une mine dans une localité, les habitants de cette localité se veulent être rassurés quant à leur devenir pendant et après l’exploitation. Et c’est de ces genres de situation que partent les contestations pour d’abord interpeler les exploitants et la responsabilité sociale des populations. C’est donc à l’Etat de définir ces cas, de concert avec les sociétés minières, de sorte à les convaincre d’assurer un minimum d’investissement, de payer les taxes et les impôts. Par exemple, un pays comme l’Inde l’a même mis dans une loi pour être clair. Cela est également valable pour les populations car même s’il y a quelque chose, elles doivent laisser les miniers travailler pour respecter les principes du contrat.

Quel est votre regard sur la situation malienne ? Selon vous, comment peut-on régler le cas malien ?

Comme tous les acteurs de la vie publique, nous avons été troublés et choqués par la manière dont les choses sont en train de tourner au Mali. C’est un pays qui était considéré comme un modèle démocratique et du coup, voir une partie de ce pays dans les mains des islamistes, cela ne peut qu’être désolant. Ces islamistes n’ont qu’une vision unilatérale des choses qui est l’application de la charia, ce qui est inacceptable. Normalement, si vous avez votre vision des choses, il faudrait également que l’autre aussi ait une manière de faire différente de la tienne. Je ne suis pas un adepte de la charia, mais je peux tout de même comprendre quelqu’un qui apprécie la charia. Donc, chacun a son opinion mais quand il s’agit de l’appliquer dans la société dans laquelle on vit, il faut qu’on en discute. Il faut que chacun se demande ce que l’autre gagne en appliquant la charia et l’autre dans son non-charia. Ce sont donc ces aspects qui causent problème. Nous n’avons pas une vision autre que celle qu’ont laissé entendre les différentes institutions telles l’ONU, l’UA et la CEDEAO qui ont pensé à toutes les solutions, y compris l’intervention militaire. Si ceux qui ont occupé la partie nord du pays ne veulent pas changer d’avis, nous ne pouvons rien d’autre que suivre les événements.

Concernant l’actualité nationale ces derniers temps, il y a le cas les étudiants renvoyés de l’université de Koudougou. On n’a pas entendu le point de vue des partis de l’opposition, y compris celle de l’UPC. Quelle est votre position sur cette affaire ?

Julien Couldiati : Nous allons faire passer une note d’ici peu pour donner la version de l’UPC. Quand vous observez un peu partout, vous vous rendez compte que tous les syndicats sont en train de se préparer pour manifester contre cette décision et nous observons d’abord.

Est-ce à dire que vous attendez la fin des événements pour réagir ?

Non, pas du tout. D’ici quelques jours, nous allons analyser l’état actuel des événements, donner notre vision et éventuellement proposer des solutions sur ce qui est en train de se passer. Ce sera comme nous l’avons toujours fait quand il y a un fait majeur dans le pays.

Vous êtes ressortissant de la Tapoa (Ndlr : il s’agit du Dr Julien Couldiati, chargé des relations extérieures de l’UPC) une localité où il y a eu beaucoup de problèmes cette année autour de la chefferie traditionnelle. Beaucoup ont imputé ce climat à l’implantation de l’UPC dans la région. Quelle est votre lecture des événements ?

L’UPC n’a rien à voir avec cette histoire de chefferie. Des individus ont voulu confondre chefferie traditionnelle et dividendes politiques de sorte qu’ils ont, à un certain moment, mélangé ces deux aspects. Ils se sont dit que comme l’UPC est un nouveau parti qui est en train de prendre du terrain, ils ont eu peur si bien que lorsque la question de la chefferie s’est posée, nous avons entendu des autorités politiques de certains partis dire qu’ils ont leurs candidats. Alors que cela ne devrait pas être ainsi. Pourtant, il y a un corps électoral coutumier qui est chargé de recevoir les candidatures des différents protagonistes et de les valider ou non et de permettre d’aller aux élections. Cette procédure a été observée en dehors de la Tapoa. Après le décès d’un chef dans la Tapoa, on remet à la famille du patriarche le bonnet et le coussin du défunt chef. C’est après la remise de ces deux instruments que la famille autorise les funérailles. Après quoi, on recueille les candidatures. Ce qui a été fait. Et quand on a lancé les candidatures, le papa (Ndlr : il s’agit du sieur Alphonse Couldiati) qui était le doyen du village a postulé pour la chefferie. Les autres ont compris que c’était une candidature de l’UPC. Alors que jusqu’à l’heure où je vous parle, le papa n’a jamais dit qu’il a quitté le CDP. Il a toujours été du CDP. Du reste, il était militant de l’ADF/RDA. C’est nous qui l’avons amené à devenir militant du CDP quand Paramaga Ernest Yonli est venu sur la scène politique. On a donc voulu que la jeunesse au niveau de la région centralise les forces pour avancer vers le développement. Du fait que l’UPC est en train de prendre énormément du terrain dans la Tapoa, ils ont incité des candidats à s’auto-investir comme chef coutumier. Ce que nous n’avons jamais vu. Chez nous, au niveau des élections pour la chefferie, le candidat s’assoit et les électeurs s’alignent derrière lui. On a fait l’épreuve à plusieurs reprises et le chef actuel a toujours remporté. Les autres candidats associés ne pouvaient pas faire la moitié de ce que le chef actuel a fait. Du reste, quand le chef de Partiaga, le nommé Bantchandi, a été instrumentalisé par des politiciens comme Innocent Couldiati, Ernest Yonli, et l’ancien maire, ils ont demandé d’abord à l’autre de ne pas répondre à l’appel du chef du Gulmu. Or, depuis que nous sommes nés, nous avons obéi au roi du Gulmu et nous continuerons de le faire. Pourtant, le roi du Gulmu avait envoyé deux de ses ministres lors des deux tentatives de vote pour suivre les élections. Or, si le roi du Gulmu lui a donné le bonnet pour qu’il le remette à quelqu’un, c’est que cela a un sens. Ils ont voulu accaparer ce pouvoir sous justement l’instigation des politiciens. Le chef de Fada a appelé les différents candidats à deux reprises. Le Rebelle que, vous savez aujourd’hui décédé, a refusé de répondre. Mais, le roi actuel a toujours répondu avec Anicet Couldiati. A la dernière convocation, il leur a dit que cela fait deux ans que le village était sans chef et qu’il était impératif qu’ils mettent fin à cette situation. C’est donc après avoir écouté tous les protagonistes qu’il a désigné le chef actuel comme chef du village. Du reste, Innocent Couldiati a dit que si telle est la décision de Koupiendiéli, lui, il ne trouve pas d’inconvénients. Quand ils sont repartis au village, tous les autres candidats y compris le Rebelle ont acheté du dolo pour faire allégeance au chef. Innocent l’a appelé pour lui dire de ne pas aller à la cour royale parce que lui, il va le nommer chef. Voilà comment les choses se sont passées.

Zéphirin Diabré : On vous attendait dans une autre région ou bien sur la liste nationale, mais il se trouve que vous êtes sur la liste du Kadiogo ; est-ce que vous ne préparez pas la présidentielle 2015 étant donné que vous êtes sur le même terrain que François Compaoré ?

Contrairement à l’apparence, je suis plus un fils du Centre qu’un fils de ma région d’origine. Parce que je suis né à Ouagadougou. J’ai fréquenté l’école primaire de Zogona, puis le lycée Bambata après le collège de la Salle. Je suis allé continuer mes études à l’extérieur et je suis revenu travailler à Ouagadougou. Il y a une province dont mes parents sont originaires et dont je suis originaire. En 1992, quand il s’est agi des élections législatives, la tradition voulait que tu repartes dans ta région d’origine pour postuler. Maintenant, je me suis rendu compte que rien ne m’empêche de déposer ma candidature dans une autre région. Ce que je déplore dans l’ancienne pratique, c’est que cela va devenir une politique ethnique. Dans ce cas, on ne te vote pas pour ton programme mais parce que tu es le fils de la localité. Or, c’est très dangereux parce qu’on met dans la tête des populations que si on n’est pas de la région, on n’a pas l’esprit du développement. Le parti dans son organisation est tellement enraciné au Zoundwéogo que tout ira au mieux dans la localité même sans moi. Mais, on verra après les élections.

Propos recueillis par la Rédaction et retranscrits par Salifou OUEDRAOGO (Stagiaire)

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